Je rentre enfin chez moi. À la première heure, j'avais déjà fermé tous mes sacs, j'étais lavée, habillée, coiffée, maquillée, prête à rentrer chez moi. Enfin. J'ai cru que j'allais dépérir avec la bouffe infâme et les heures à me tourner les pouces en attendant le prochain examen ou la prochaine séance de torture pour mes jambes.
Mais on peut dire que la méthode de Grégory est efficace. Je ne peux peut-être pas tenir sur mes jambes, mais au moins je peux enfin les bouger à peu près comme je veux, sans avoir trop mal. Et puis la vision d'Ethan en train de s'entrainer dans son coin pour retrouver toute la mobilité et la force de son épaule, me distrait un peu.
Je n'ai pas revu Lucas, alors qu'il m'avait promis de revenir me rendre visite, alors que ma mère est venu tous les jours me faire un petit coucou. Nous n'avions pas grand-chose à nous dire, mais ça me faisait plaisir de revoir une tête qui ne m'était pas totalement inconnu.
J'ai l'impression d'avoir fait un saut dans le temps et que le monde n'a plus rien à voir avec celui que j'ai quitté. Pourtant ça ne fait que huit mois et en même temps il s'est écoulé huit mois depuis mon accident, il peut se passer beaucoup de chose pendant ce temps-là.
Quand ma mère arrive, je me précipite dans ce couloir lugubre est silencieux, dans lequel tout parait au ralenti. A chaque porte, une énorme vitre nous laisse paraitre des gens allongés dans des lits, pour la plupart branchés à un tas de machine, des tubes sortant de leurs gorges, immobiles, presque sans vie. Comme moi, il y a peu de temps.
Nous prenons l'ascenseur et une fois au rez-de-chaussée, je me précipite à l'extérieur sous le rire de ma mère. Elle ne le montre pas, mais elle non plus, elle n'est pas à l'aise dans cet endroit. La dernière fois que je me suis rendu dans cet établissement, c'est à la dernière rechute de mon père, celle qui l'a achevé. Ça nous a bouleversées, toutes les deux, et quand elle, elle a repris petit à petit sa vie comme avant, je me suis acharnée sur la glace.
Je m'assois à l'avant de la voiture pendant que ma mère range mon fauteuil roulant dans le coffre, avant de me rejoindre.
- Tu iras tous les jours au CHU pour tes séances de kiné. Et il serait préférable de tu investisse la chambre d'ami au rez-de-chaussée à la maison, le temps que tu te rétablisses.
J'acquiesce. La tête dans les nuages, je regarde les immeubles et les avenues de ma ville natale défilée devant mes yeux pendant que la voiture me ramène jusqu'à une petite maison perdue dans la banlieue, au milieu de plein d'autres de la même taille et du même style, baignée sous le soleil froid du mois de novembre. Une fois garée, ma mère sort et me donne de nouveau mon deuxième moyen de transport au quotidien.
- Où est Lucas ?
- Je n'en sais rien ma chérie. Je n'ai pas eu de nouvelles.
J'hoche la tête, mon sourire ne s'étant pas fait prier pour disparaitre depuis mon réveille, ne risque pas de revenir sans une seule bonne nouvelle dans ma vie. Si en plus Lucas m'évite, je suis mal barrée.
- Qu'est-ce qu'il faut que je te descende de ta chambre ?
- Rien de spécial. Un pyjama et mon ordinateur portable si possible. Je voudrais voir ce que j'ai loupé pendant mon absence.
Elle me fait un sourire timide puis m'abandonne pour monter à l'étage. Je prends une grande inspiration avant de déplacer mon fauteuil vers le couloir, à peine assez large pour que je passe et entre dans la chambre d'ami, impersonnelle, aux murs blancs immaculés. Je n'ai pas l'impression d'avoir quittée l'hôpital.
Je m'assoie sur le lit et replie mes jambes mécaniquement avec mes mains en attendant que ma mère revienne avec ce que je lui ai demandé. Elle les dépose devant moi et j'allume aussitôt l'ordinateur et mon portable, dont l'écran est fêlé en deux, restés dans le noir depuis huit mois.
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Flocon D'Espoir (En Réécriture)
RomanceAnastasia Carter, jeune patineuse de dix-sept ans, qui a réussi le rêve fou d'intégrer l'équipe de France, voit ses espoirs s'envoler après un événement dramatique. Sa vie vient à basculer à un point qu'elle n'aurait jamais imaginé. Encore moins qu...