Chapitre 8

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Axel ignorait où les Destroyas décédés voyaient leur corps enseveli sous la terre sèche de la Zone Fantôme.

Et il aurait préféré ne jamais le savoir.

Des planches en bois plantées verticalement dans le sol s'érigeaient entre des jeux pour enfants. Ils enterraient les leurs dans un parc de jeu... comment rendre un lieu innocent et enfantin, au premier abord, en un endroit morbide et funèbre.

Des lettres étaient gravées, les unes en dessous des autres, sur les planches tordues présentes partout dans le parc. L'adolescent qui pouvait arrêter le temps comprit, qu'au pied de ses bouts de bois, était enterré un Destroya qui avait vécu ici, dans la Ville, loin d'Avignon. Son cœur, déjà cruellement déchiré, se brisa en voyant toutes ces tombes de fortune. Il n'eut pas la force de les compter.

Mais, qu'importe le nombre de victimes, le prix de ces personnes inhumaines aux yeux d'un monde monstrueux. Aujourd'hui, sous le ciel triste de la Zone Fantôme, Zakari disparaissait.

On avait déposé son corps dans un trou élargi, plus long que large. Christophe le recouvrait avec de la terre, lentement, à l'aide d'une pelle, devant les regards meurtris des autres Destroyas. Ses amis avaient pu le voir une toute dernière fois, avant de se retrouver six pieds sous terre pour toujours. Laureline avait explosé en larmes.

Baptiste observait cette scène, muet, le regard bas. Gabriel gravait les lettres du défunt sur une planche en bois similaire, le regard légèrement vitreux. Le jeune asiatique souffla quelques mots à l'oreille de Clara, l'adolescente lui tapa légèrement dans le dos avant de lui répondre, d'une voix douce :

- Je te comprends. C'est horrible.

Puis Christophe tassa la motte de terre avec le plat de sa pelle. Il regarda leur chef puis hocha la tête, l'adulte se retira et se fondit dans cette funèbre foule. Gabriel planta la planche en bois juste derrière le tas terreux avant de faire de même, il renifla bruyamment et baissa systématiquement le regard quand certains Destroyas posèrent leurs yeux sur lui.

Quand tout le monde se retrouva face à Baptiste, incapables de parler par le choc ou l'émotion, leur chef prit enfin la parole. Il s'éclaircit la voix avant de commencer, d'un ton posé et attristé :

- C'est aujourd'hui... que nous nous sommes vus perdre l'un des nôtres. Un jeune adolescent volontaire et prêt à nous aider, à faire avancer la Ville, à se lever contre l'État. C'est aujourd'hui que Zakari a perdu sa bataille contre l'ennemi.

Baptiste marqua une pause. Il leva les yeux au ciel avant de respirer à pleins poumons, en silence. Leur chef continua, de cette même voix :

- Mais la perte d'un des nôtres doit nous rendre plus forts. Sa mort ne doit pas être vaine, et je suis sûr qu'elle ne le sera pas. Je le sens... je le sais. Zakari sera toujours parmi nous, comme tous ceux qui nous ont quittés. Il est dans un meilleur monde, dans un monde où les Destroyas vivent en paix. Mais... nous devons continuer notre combat. Pour faire de la Terre un Paradis que nous n'accédons pas en mourant.

Axel tourna légèrement le regard vers ses amies. Armande pleurait, la tête appuyée contre l'épaule de Mila. Laureline avait les yeux baissés et le corps tremblant. Il lâcha un soupir mort avant de fermer les yeux, ses globes oculaires le brûlaient de larmes.

Dire que c'était Morgane qui avait tué Zakari.

Devant eux.

Devant leurs regards désemparés, perdus, désorientés.

Morgane l'avait tué ! C'était... c'était...

- Impensable, souffla l'adolescent qui pouvait arrêter le temps. C'est tout simplement impensable.

DESTROYAS III : War is the AnswerOù les histoires vivent. Découvrez maintenant