Chapitre 17

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Il se leva avec violence, ses poings s'écrasèrent contre son bureau. Ils reculèrent tous, de surprise comme d'effroi et de honte, mais Clément resta de marbre.

- Je vous demande de répéter ce que vous venez de dire, Nicolai.

000-N se racla la gorge avant de baisser les yeux, troublé. Il lâcha un rire nerveux, ne sachant pas quoi dire, alors que la réponse était sur le bout de sa langue. Andréa s'avança et prit la parole à sa place, d'une voix posée mais trahie par la peur :

- Mathieu a échoué dans sa mission. Il est mort.

Un silence suivit cette déclaration brutale. Leur supérieur leur jeta un regard noir, avant de frapper une seconde fois sa table, d'un coup de poing ravageur.

- VOUS N'ÊTES QU'UNE BANDE DE BONS À RIEN ! ET, BIEN SÛR, AUCUN DE VOUS QUATRE N'A EU LA BONNE IDÉE DE RAMENER SON CORPS À LA BASE !

Personne n'osa ouvrir la bouche pour dire quoi que ce soit. Ils avaient perdu 000-M... et maintenant ? Étrangement, Clément ne ressentait aucune colère, aucune tristesse. Enfin, si, une fureur incontrôlable l'animait depuis bien trop longtemps, mais la disparition de Mathieu eut le même effet que de renverser un ridicule verre d'eau dans l'immensité d'un océan.

- Nous sommes désolés, osa articuler 000-D en se penchant en avant. Nous vous décevrons pas, la prochaine fois.

Aucune réponse de la part de leur supérieur. Nicolai rajouta, pour briser ce calme trop pesant :

- Une nouvelle attaque est en cours de préparation ?

- Oui, cracha l'homme d'un ton sec. Vous serez tenus au courant dans peu de temps.

- Parfait.

- Je vous préviens : si vous revenez en ayant tué ces hommes, mais sans Lui entre vos mains, vous passerez un mauvais quart d'heure.

- Mais on ne va pas laisser Mathieu mourir pour rien ! s'offusqua 000-A. Il est mort et nous...

- Silence, Andréa ! ordonna l'homme en hurlant. Vous en avez déjà suffisamment tué, ça suffit ! Je veux seulement de Lui, pas d'un Avignon entouré de cadavres en décomposition !

Il se rassit d'un geste brusque. Un autre silence s'écrasa dans ce bureau obscur. Puis leur supérieur lança, d'une voix rauque :

- Hors de ma vue.

Ils obéirent sans contester, tournant les talons en même temps et marchant à un rythme similaire, robots bien plus intelligents qu'ils en avaient l'air, de simples adolescents au cerveau lobotomisé par un monde dévasté. Alors qu'ils allaient passer la porte de fer, simultanément, leur supérieur déclara :

- Clément, j'ai à te parler.

000-C s'arrêta brusquement. Les trois autres lui lancèrent un regard intrigué, en haussant les sourcils, avant de s'engouffrer dans ce corridor aussi blanc que le Purgatoire qui menait à cet Enfer qu'était le bureau de leur supérieur. L'adolescent fut obligé de faire demi-tour, il s'avança, la porte se ferma derrière lui.

Ils se regardèrent dans les yeux pendant de très longues secondes. En temps ''normal'', quelqu'un de ''normal'' aurait ressenti des sentiments ''normaux'', comme le stress, l'angoisse, l'inquiétude. Mais Clément, lui, était aussi vide d'émotions qu'une statue de pierre. Il inspira lentement, son supérieur s'éclaircit la voix avant de grogner :

- Dois-je te rappeler que la moindre mort, du côté ennemi, Le renforce considérablement ?

Il ne lui répondit pas. Ce qui l'énerva encore plus.

DESTROYAS III : War is the AnswerOù les histoires vivent. Découvrez maintenant