Chapitre 24

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La Zone Fantôme était un lieu dangereux. Axel quittait rarement la Ville, seulement dans le but de se dresser face aux soldats de l'État, à ces inconnus au masque à gaz, à Clément et à sa bien-aimée, hache à la main, sang ennemi sur l'intégralité de son corps.

Mais, ce n'était pas le cas, aujourd'hui.

Il leva les yeux vers les immeubles affligeants qui les entouraient. C'était la banlieue d'Avignon, peuplée à l'époque où le monde allait ''assez bien''. Monclar. Maintenant, elle était désertée, abandonnée, livrée à elle-même. Le Destroya lâcha un soupir avant de suivre les autres, en silence.

Mathys avait insisté pour qu'il participe à l'excursion qu'il avait lui-même préparée, dans le but de chercher des provisions pour la Ville et ses habitants. Le Destroya qui pouvait arrêter le temps avait alors accepté, à contrecœur, sachant très bien qu'il n'allait qu'être un fardeau. Le groupe était alors composé d'Armande, d'Inès, de Clara, de Guilhem, d'Axel et du bras droit du chef. Ces deux derniers restaient souvent ensemble, de toute façon, personne ne voulait du Destroya qui pouvait arrêter le temps à côté de lui.

Quand ils l'avaient vu débarquer, en traînant des pieds derrière Mathys, ils lui avaient lancé ce regard qui lui fit comprendre qu'il n'était pas la bienvenue.

Qu'il n'était plus la bienvenue.

À vrai dire, si l'adolescent à la chevelure brune n'était pas dans les alentours, Axel était complètement seul et perdu dans ses pensées. Plus personne ne voulait l'approcher, ils le fuyaient comme la peste. Il avançait sans savoir où il allait, le regard vide. Le Destroya jeta un regard à sa main, elle était encore rouge et douloureuse.

Puis il repensa à Baptiste. À ce qu'il était réellement. Axel frissonna. Tout semblait logique et illogique en même temps. C'était paradoxal, tout simplement paradoxal. Cela n'avait aucun sens.

Absolument plus aucun sens...

- Hey.

L'adolescent sursauta. Il réalisa alors que cela faisait au moins deux minutes qu'il était penché vers une poubelle qui ne présentait que des sacs noirs nauséabonds et rongés, certainement par des rats. Mathys lui fit un léger sourire avant de l'informer :

- Clara et Guilhem ont trouvé de l'eau potable. Inès et Armande sont tombées sur des boîtes de conserve. T'as trouvé des trucs, toi ?

- Ah... non.

Il s'empressa de baisser la tête et d'articuler, d'une voix sans vie :

- Je suis désolé.

- T'inquiète pas, le rassura l'adolescent en lui donnant une légère tape sur l'épaule. C'est pas grave.

Son regard dérapa sur la main rougie de son ami. Mathys soupira avant de cracher, entre ses dents :

- Putain. Je sais pas comment ils font pour lui faire confiance.

- Ils lui font pas confiance, raconta Axel d'une voix calme. Enfin, Armande et Laureline lui font pas confiance.

- Sérieux ?

- Oui. Quand elles me parlaient encore, elles me le faisaient comprendre. À peine débarqués ici, nous étions méfiants au sujet de Baptiste... sauf Morgane. Enfin, elle l'était moins que nous, pour tout te dire.

- Je veux pas te vexer, déclara l'adolescent aux cheveux bruns, mais ta copine est vraiment une cruche.

Le Destroya qui pouvait arrêter le temps n'eut même pas la force de prendre sa défense, comme il aurait pu le faire en temps normal. En soit, il s'étonnait lui-même d'arriver à se lever, tous les matins, lorsque la Ville se réveillait. La seule chose qu'Axel voulait plus que tout, c'était de fermer les yeux puis de les rouvrir, avant de réaliser qu'il était dans un meilleur monde.

DESTROYAS III : War is the AnswerOù les histoires vivent. Découvrez maintenant