Chapitre 19

9 2 0
                                    

Il regardait les autres être ensevelis de terre, alors que c'était à lui de subir ce sort morbide.

Ce fut à ce moment-là qu'Axel réalisa à quel point la vie était injuste, cruelle et sans cœur. Voir toutes ces tombes le torturait à petit feu, et pourtant... mais quand cela se terminerait ? L'adolescent était fatigué de tous ces malheurs.

Christophe tassa la motte de terre avec sa pelle, scellant ainsi le tombeau de Mila. Elle reposait à côté de Quentin, leurs trois amis étaient à présent réunis pour l'éternité, dans la joie, les rires et la sérénité, dans un monde lointain, pur et éloigné de ces horreurs qu'ils vivaient quotidiennement. Gabriel, Adrien et Léa eurent droit au même sort, les cadavres déposés six pieds sous terre, avec l'espoir de rejoindre, eux aussi, ce qu'on pourrait appeler ''le Paradis''.

Combien étaient-ils, à présent ? Axel l'ignorait. La Ville voyait tous ses réfugiés la fuir comme si elle était la peste, entraînés par le charme de la Faucheuse. Qui devait être blâmé, à présent ? Le hasard ou la Mort ?

Ou bien...

Baptiste avait disparu aussi vite qu'il avait apparu. Après un discours bref mais émouvant, en laissant certains étranglés par leurs pleurs de désespoir, leur chef s'était retiré de nouveau, la tête baissée, le regard grave. Maintenant, tous les Destroyas étaient dans ce cimetière de fortune, les yeux rivés sur ces planches de bois gravées de lettres manuscrites et maladroites.

Un sinistre silence pesant les écrasa. Armande et Laureline fixaient la tombe de leur amie défunte, avec des yeux vides et écarquillés. À peine il eut à repenser à cette Mila sans tête qu'une envie amère de vomir naquit dans l'esprit et le corps d'Axel. Tout ce sang rependu sur le sol de la Zone Fantôme... tous ces cadavres d'hommes qui jonchaient le sol, à chaque bataille, au même endroit, de jour comme de nuit...

Dieu merci, leur chef avait pris la décision que les Destroyas devaient s'occuper d'enlever les corps inertes des soldats, devant l'entrée de la Ville. Tous étaient empilés à l'intérieur de la gare routière, à côté du tunnel, entre l'odeur pestilentielle, les bus inactifs et les excréments de souris. Le Destroya qui pouvait arrêter le temps y été allé seulement qu'une fois, et il priait pour ne plus jamais y retourner.

Puis, ils étaient là. À pleurer les morts, à se remémorer hier, à espérer un meilleur lendemain. Tout cela n'avait plus de sens. C'était une horreur. Vivre était devenu une horreur.

Axel lâcha un soupir, toujours aussi livide. Épuisé au point de ne plus parvenir à dormir, voilà où il en était. Que tout cela cesse, voilà ce qu'il désirait ! Mais entre vouloir et pouvoir... le gouffre de la réalité se creusait, où les pics de l'horreur, de la mort et de la souffrance s'érigeaient, prêts à emballer la moindre personne qui venait à chuter par mégarde.

Soudain, il sentit une main sur son épaule. Axel se retourna et affronta les yeux brillants de haine de Clara. La mâchoire serrée, elle parvint à dire :

- Espèce de connard.

L'adolescent n'eut pas le temps d'agir : la Destroya qui pouvait tout faire exploser l'attrapa par le col de sa veste, le forçant alors à se courber en avant, et hurla d'une voix débordante de fureur :

- Gabriel est mort devant toi, et t'as rien putain de fait pour le sauver ! Gros con !

- Félicitations, cracha Baraka d'un ton amer en applaudissant lentement, félicitations, Axel ! Tu es un génie ! Tu aurais pu sauver la vie de quelqu'un, mais toi t'as préféré le regarder se prendre un couteau dans la gorge !

Tout le monde se mit à s'approcher de lui, le regard étincelant de colère, des étoiles de rage et de rancœur emprisonnées dans leurs pupilles. Axel n'eut même pas la force de se défendre, il baissa la tête, déjà perdant d'un affrontement qui l'opposait à tous les Destroyas.

DESTROYAS III : War is the AnswerOù les histoires vivent. Découvrez maintenant