Chapitre 18

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Le chaos de la guerre, Axel y était à présent habitué. La vision de tous ces cadavres ne le terrifiait plus. Décapiter un inconnu armé n'était plus quelque chose d'impensable, maintenant.

Ses yeux fatigués et cernés fixaient l'horreur de ce nouveau massacre. Des soldats gisaient au sol, vaincus et ensanglantés. Les Destroyas se défendaient toujours, pour leur vie et leur liberté, repoussant leurs ennemis à l'aide ce qui les rendait si ''monstrueux''.

C'était un véritable cauchemar. Un cauchemar qui se jouait même lorsqu'ils étaient éveillés. Le sang dansait autour de lui, sa hache se retrouva tâchée de ce rouge si vif et si répugnant, à la fois. Le Destroya qui pouvait arrêter le temps en avait envie de vomir.

Il utilisait son pouvoir seulement pour éliminer quelques soldats, sur son passage. À chaque fois qu'Axel faisait cela, Baptiste le fixait d'un air impassible, indifférent, froid. Leur chef le jugeait, analysait chacun de ses mouvements, l'adolescent le savait très bien.

Les cris, les coups de feu, le fracas des luttes, perçaient ses tympans. Comme toujours. Son arme dans les mains, le Destroya qui arrêtait le temps regarda tout autour de lui : dans tout ce brouhaha, cette horreur, elle était là. La raison de son acharnement, de sa présence, de vivre. Axel savait qu'elle était là. En levant les yeux, il avait aperçu tous ces oiseaux tourner au-dessus du champ de bataille, à la recherche d'une proie qui rassasierait peut-être leur pervers appétit de charognard.

Certains volatiles fonçaient directement sur les Destroyas, les blessant en enfonçant leur bec et leurs serres dans la peau de ces humains ''inhumains''. Des bêtes baignaient dans leur propre sang, les ailes brisés, condamnées à mourir sur le sol de la Zone Fantôme.

La fatigue lui brûlait la rétine, l'épuisement lui calcinait l'esprit. L'adolescent avait envie d'arrêter le temps pour toujours, d'arrêter cette guerre vaine, de tout arrêter. C'était grotesque... et pourtant ! Le voilà trancher les membres d'un soldat quelconque, qu'Axel ne connaissait ni d'Adam ni d'Ève. Une vie de moins sur Terre, un mort de plus sur le champ de bataille. L'adolescent essuya du sang qui souillait son visage.

Puis, il la vit, dans cet Enfer d'armes et de cadavres. Entourée de deux inconnus au masque à gaz, Morgane se tenait droite, le regard vide et perdu dans la bataille qui s'animait devant elle. Voir sa bien-aimée lui procurait le même effet qu'une vague d'eau fraîche s'abattant sur son corps ardent de désespoir, mais ses yeux sans émotion le fusillaient en plein cœur, de détresse et de profonde tristesse.

Un cauchemar. C'était tout simplement un cauchemar interminable.

La voie vers Morgane était dégagée, il courut entre les soldats qui le visaient avec leurs fusils. Les balles lui frôlèrent la peau, Axel arrêta de nouveau le temps pour s'éviter de voir son liquide vital nourrir la terre infertile de leur prison. Il ne remarqua pas alors le corps inerte d'Adrien, le crâne transpercé d'un maigre trou sombre et sanglant, pile entre les deux yeux, avec Léa agenouillée à ses côtés, une main plaquée contre sa bouche, les yeux écartés et vitreux, ni même Clara qui les protégeait, avec une expression de fureur tirant les traits de son visage, figée dans les airs entre deux explosions incandescentes...

Le temps reprit sa course, l'adolescent était face à sa bien-aimée transformée en monstre insensible. Les deux inconnus au masque à gaz foncèrent sur lui, Axel brandit sa hache et se rua vers eux, en criant. L'un de ses ennemis firent jaillir des griffes de ses doigts, mais l'autre ne fit absolument rien.

- RESTE PAS TOUT SEUL, CRÉTIN !

Mila. Elle le rejoignit, avec Laureline et Gabriel, les mains parcourues d'éclairs blancs. La Destroya envoya de la foudre vers les deux ennemis, ils reculèrent par réflexe, celui qui pouvait devenir invisible disparut comme un mélancolique souvenir d'été. Les deux inconnus au masque à gaz, ainsi que Morgane, se retrouvèrent alors face à ces quatre Destroyas, dont un qui trompait leur vision comme si tout cela n'était qu'un mauvais jeu.

DESTROYAS III : War is the AnswerOù les histoires vivent. Découvrez maintenant