Chapitre 22

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Le cœur d'Axel s'arrêta brutalement. Il en eut le souffle coupé, Baptiste ne put empêcher un rire de naître.

- Je n'ai ni père, ni mère, continua le jeune homme d'un air étrangement triste. J'ai été conçu dans un grand tube en verre, flottant dans un liquide visqueux jusqu'à mes neuf mois. Pourquoi je porte ce nom ? Pour rendre hommage à l'homme qui est parvenu à créer le premier Destroya dit ''artificiel''. Enfin, pour tout avouer, je préfère de loin Baptiste que ''Zéro'' ou ''Test Zéro''.

Leur chef se leva de sa chaise et commença à faire les cent pas, d'une démarche lente et le nez levé. L'adolescent ne pouvait rien articuler, assommé par la violence du passé.

- Mais Baptiste était faible, sorti de son tube de verre où rien ne pouvait le menacer. Jusqu'à mes quatre ans, environ, seules quelques personnes avaient la chance de m'approcher. La moindre bactérie pouvait me tuer... quelle déception, de voir le premier Destroya artificiel mourir à cause d'un mauvais rhume, franchement !

- Comment...

- Tais-toi et laisse-moi finir, je déteste lorsqu'on me coupe la parole. Enfin... les scientifiques ont vite conclu que mon temps était compté. Il savait que j'étais un Destroya... mais quel était mon pouvoir ? Ils l'ignoraient. Peut-être que, en réalité, je n'en avais tout simplement pas. Mais, un jour... l'un d'entre eux a eu une bonne idée. Il s'est dit : ''eh, mais nous avons d'autres Destroyas en stock, qui ont atteint leur maturité ! Si on les sacrifiait pour les donner à Zéro ? Peut-être que ça pourrait l'éviter de mourir ! Surtout que, bon... son ADN est vachement utile pour créer une petite armée de mioches monstrueux, le perdre serait vraiment, mais alors, vraiment con.''

- Vous voulez dire qu'il savait que vous étiez un Destroya... sans savoir votre pouvoir ? questionna Axel.

- Exactement.

- Mais comment ils ont su que vous étiez...

- Repense à ce que j'ai mangé, hier soir. Cet organe. Sans ça, un Destroya ne peut pas vivre, c'est à l'intérieur que réside tout son pouvoir. Voilà comment ils ont vu que j'étais une expérience concluante.

Baptiste marqua une pause, afin de profiter de cette expression traumatisée qui animait le visage de son élève. Il inspira à pleins poumons avant de poursuivre cette horrible histoire, sa propre histoire :

- Je me rappellerai toute ma vie, de cette journée. C'était le jour de mes cinq ans. Cinq ans entre quatre murs blancs, avec un bip incessant qui me fracassait les tympans, jour et nuit, avec toutes ces machines qui me maintenaient en vie. Cinq ans où je souffrais en permanence. Ce jour-là, un scientifique est venu dans ma chambre, avec cette éternelle combinaison blanche pour empêcher la moindre infection possible. Il avait, dans ses mains, un plateau en plastique. Dessus, dans une assiette, il y avait ce qui ressemblait fortement... à un bout de viande, assez arrondi. Vois-tu où je veux en venir, Axel ?

Il comprit directement ce que voulait dire leur chef. Répugné, le Destroya approcha sa main de sa bouche, prêt à vomir à tout moment. Réaction qui amusa, malgré tout, le jeune homme.

- Je l'ai mangé. Même cuit, le goût de cet organe est ignoble. Je ne pourrais même pas te le décrire, si tu me le demandais. Et... sais-tu le pouvoir qu'il m'a attribué, Axel ?

- L'espace-temps ? proposa l'adolescent, d'une voix tremblante. Le contrôle de la glace ?

- Aucun des deux.

- Hein ?!

- L'immortalité, déclara Baptiste. Condamné à voir le monde périr sans ne trouver le repos éternel. Enfin... après cela, les scientifiques m'ont laissé tranquille un petit moment. À leur plus grand bonheur, j'ai pu... ''vivre comme un petit garçon normal''. J'ai pu marcher, courir, réfléchir, apprendre, bref, vivre normalement. Mais le petit Baptiste était à peine au début de son calvaire. Les scientifiques ont compris alors que je suis né avec un pouvoir bien distinct : je peux voler celui des autres. La preuve, ils ont fait manger ce même organe d'un Destroya lambda à un autre Destroya. Sais-tu ce qui s'est passé ?

DESTROYAS III : War is the AnswerOù les histoires vivent. Découvrez maintenant