Chapitre 11

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Avec amertume, et surtout avec une ombre de honte, Axel avait cette horrible sensation de frapper dans le vide. Chaque coup qu'il préparait, Baptiste l'évitait avec une hallucinante facilité, tout aussi inhumaine.

L'adolescent s'arrêta en plein combat pour reprendre sa respiration... grossière erreur. Leur chef lui fit un croche-patte et il tomba lourdement au sol, sur le dos. Baptiste lui écrasa la cage thoracique avec son pied, son regard de tempête rivé sur son élève, un léger sourire en coin peint sur son visage. Axel avait toujours l'impression que son chef allait le tuer d'une seconde à l'autre, quand il prenait cette pose.

Comme si l'adolescent n'était qu'un vulgaire animal qu'un chasseur victorieux aurait abattu.

- Un peu mieux, commença Baptiste. Mais bon... je m'attends à quelque chose de vraiment, mais vraiment, plus impressionnant. C'est bien, de se battre tout en arrêtant le temps... mais tâche de savoir où vont tes coups, ou de tenir plus longtemps.

Il retira son pied, Axel put enfin respirer. Il haleta bruyamment, incapable de se redresser puis d'attaquer de nouveau son maître. Le Destroya qui pouvait arrêter le temps regarda ses mains : elles étaient écorchées, une douleur vive se rependit dans ses phalanges. Des égratignures meurtrissaient son visage et ses jambes, ses habits s'abîmaient et se trouaient progressivement à chaque nouveau combat. Leur chef à tous lui tourna le dos et leva le regard vers le ciel si pessimiste de la Zone Fantôme.

Même le Soleil les avait abandonnés.

Mais où était-il passé ?

Il avait disparu, conclut l'adolescent en se relevant. Et son retour était devenu un espoir lointain. Comme le retour de son ami défunt, Zakari, cette pensée brisa son cœur déjà bien trop malade. Axel baissa le regard et lâcha un soupir las... le Soleil était parti, Zakari aussi... qui serait le prochain ?

- Morgane...

- ... reviendra-t-elle ? termina leur chef, en se tournant lentement vers Axel.

Baptiste rigola en voyant la confusion qui tirait les traits de son élève. C'était comme s'il avait...

- Cela te surprends-tu, de me voir finir ta phrase, comme si j'avais lu dans tes pensées ? demanda le jeune homme d'un ton calme. En voyant qu'Axel ne répondait pas, il rajouta : Oh... tant que ça ? Désolé, je suis si... imprévisible. Après tout, c'est ça, être un Destroya : ce que les humains pensent être un monstre, alors que nous sommes juste imprévisibles, puissants et... et...

Baptiste termina sa phrase en lâchant un petit rire. Son élève ne sut pas quoi rétorquer, les yeux posés sur le chef de la Ville. Axel ravala sa salive, le jeune homme haussa les épaules avant de dire :

- Enfin. Te sens-tu prêt à reprendre l'entraînement ?

- Oui... mais, avant...

- Hm ?

- Répondez à ma question, ordonna l'adolescent.

Un silence s'installa entre l'élève et son maître. Le Destroya qui pouvait arrêter le temps entendait le calme de la Ville, où les Destroyas se muraient dans le silence de la guerre. Car oui, personne ne pouvait fermer les yeux : tout cela n'était qu'une guerre. Une guerre qui pouvait seulement prendre fin quand tous les Destroyas se battant pour leur liberté se verraient délivrés des chaînes de la vie.

Ou si l'État les laissait enfin tranquille... ou s'il acceptait ces personnes inhumaines dans sa société, au choix. Axel n'était pas pessimiste, mais il n'était pas fou non plus : il savait très bien que cette situation infernale allait se terminer dans le sang des soldats et de tous ces Destroyas.

DESTROYAS III : War is the AnswerOù les histoires vivent. Découvrez maintenant