1 - Réveil difficile

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J'inspirai d'un seul coup. L'impression que mes poumons n'avaient pas reçu d'oxygène depuis des lustres me tenaillait. Tout mon corps revivait. Non, plutôt, il semblait se réveiller d'un trop long sommeil. Ma tête me lançait, de même que mes membres. Qu'est ce qu'il se passait ? Quelque chose de glacial demeurait en contact avec mon visage. Est-ce que c'était... du carrelage ? J'étais allongé par terre ?
J'ouvris les yeux ; une lumière artificielle m'obligea à les refermer. Non sans un grognement, je me forçai à regarder de nouveau, et me relevai en position assise. Je frottai l'arrière de mon crâne, dans l'espoir naïf que la douleur disparaisse.

La pièce ressemblait à une salle de conférence. Une grande table ronde en métal était entourée de chaises du même acabit. Je devais être en train de rêver. Pas d'autre explication possible. Je me pinçai le poignet pour me réveiller, mais je ne fis qu'aggraver un peu plus l'état dans lequel je me trouvais.
C'est alors que mon regard se balada en direction du sol.

- Aaaah !

Un cri m'échappa. C'était bien du carrelage comme je l'avais imaginé. Ce que je n'avais pas en tête, par contre, c'était le fait qu'il soit jonché d'adolescents visiblement dans le même état que moi il y a quelques secondes. Tous allongés, ils semblaient dormir plus ou moins paisiblement. Leurs visages ne m'étaient pas familiers. Je ne comprenais rien. Mon estomac se noua. La situation me donnait la nausée.


Une porte s'ouvrit et se referma. Instinctivement, je reculai sans faire de bruit jusqu'à la table. Mon esprit était encore éthéré ; qui sait si un psychopathe n'allait pas apparaître pour me torturer. La peur s'installa vite. Qui venait d'entrer ? L'incompréhension et mon corps endolori n'arrangeaient rien.

- Ohé ? Quelqu'un ? dit alors une voix féminine.

Moi qui m'imaginais un serial killer à la Hannibal Lecter... il avait la voix plutôt douce. Mais comment être certain de l'absence de danger ? Une femme pouvait tout aussi bien avoir une arme, prête à me l'abattre sur le coin de la tête, et...

- Qu'est ce que tu fais sous la table ?

Avant même que ma pensée ne se termine, une jeune fille qui semblait avoir mon âge s'était accroupie, et me fixait. Je poussai un nouveau cri de surprise. Je ne l'avais même pas entendue s'approcher... à croire que mes réflexes subissaient le contrecoup de ce sommeil forcé.
La théorie du psychopathe semblait écartée, à présent. Mais cela n'expliquait en rien notre présence, l'état de léthargie générale, cet endroit, et...
Elle me regardait toujours de ses grands yeux noisette. A ce moment, je me rendis compte que j'étais toujours sous la table, sans lui avoir donné de réponse. Mes joues se mirent à chauffer.

- En fait, euh...

La jeune fille rit doucement. Elle ne se moquait même pas. La voir si polie me fit me sentir encore plus mal à l'aise. Ignorant mes jambes douloureuses, je me relevai... et me cognai à la table de plein fouet.


- Oh, non ! Tu vas bien ? fit l'adolescente avec un hoquet de surprise.

N'importe qui se serait amusé de la situation, d'autant que nous ne nous connaissions pas. Mais elle... elle semblait vraiment se préoccuper de mon état. J'avais encore plus mal à la tête qu'à mon réveil, mais j'ignorai la douleur, ne voulant pas faire encore plus mauvaise impression.

- Ne t'en fais pas, je n'ai juste... pas vu la table...

Difficile de faire moins crédible, comme excuse. J'avais juste paniqué. Trop de sentiments s'accumulaient en un court laps de temps : interrogations, peur, surprise, honte. Cela n'aidait pas à reprendre correctement ses esprits.
La fille me tendit la main pour m'aider à me redresser. Mes jambes tremblaient, mais hors de question de me plaindre ! Elle sourit ; elle semblait franchement soulagée.

MURDER PARTY (terminée)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant