Jack sortit du réfectoire dans un éclat de rire. Capucine, poings serrés, prenait visiblement sur elle pour ne pas le gifler. Excédée, elle saisit un verre dans l'intention de le briser, mais sous les regards pesants de nos camarades, elle le reposa dans un grognement. Avec la règle de l'innocent tué au bout de deux jours, il fallait surveiller son comportement. Quiconque faisait peur, quiconque apparaissait comme un potentiel assassin était sur la sellette.
Les onze personnes restantes semblaient, comme moi, totalement perdues. Jean, sa moitié de bouteille et ses yeux exorbités quittèrent la salle en premier. Le jeune homme rasa les murs, nous menaçant toujours du verre tranchant, puis piqua un sprint jusqu'à être hors de vue. Un à un, mes camarades s'éloignèrent sans un mot, jusqu'à ce qu'il ne reste plus que Ben, Capucine, Mary et Yukie. Nous nous assîmes à une table. Ben et Mary se proposèrent pour préparer quelque chose à manger. Le métisse aurait sûrement préféré discuter plutôt que cuisiner, mais depuis la découverte des poisons et encore plus avec le jeu des cibles, nous restions très prudents.
- Il faut surveiller Jean, déclara Yukie de but en blanc.
L'asiatique, assise en bout de table, regardait d'un œil distrait vers le couloir. Mais je remarquai sa mâchoire crispée et son teint livide. Elle avait peur ; peur d'être la cible du jeune homme. Si Jack disait vrai, alors j'étais sa propre cible et je n'avais qu'à m'inquiéter du blondinet. Mais mes camarades n'avaient pas la chance de posséder une telle information. Il était légitime pour elle de stresser en conséquence.
- Je suis sûre que c'est lui qui a pris le cinquième couteau, dit la brune. Il en manque un depuis l'exécution de Flora.
Je l'avais aussi remarqué quelques jours auparavant, mais il ne m'était pas venu à l'esprit que Jean était armé. Actuellement, il représentait la plus grande menace parmi nous ; pour sa cible, surtout. Nous soupirâmes à l'unisson, dépassés par les événements. Les deux prochains jours allaient être extrêmement tendus. D'autant que si personne n'était tué, nous devrions voter pour exécuter un innocent. Je réprimai un frisson en repensant aux paroles de Jack, et à la réaction de mes camarades. Voteraient-ils vraiment pour Atlan ? Il faisait peur, certes, mais qu'en était-il de Jack ? De Jean ? Mais leurs regards... Cette lueur coupable dans les yeux de la majorité lorsque Jack avait émit l'hypothèse qu'Atlan serai exécuté.
Une douce odeur s'éleva de la cuisine, et bientôt Ben et Mary revinrent avec des toasts et du café. Le reste du petit déjeuner se déroula dans le silence. Chacun cogitait, qui à sa cible, qui au meilleur moyen d'éviter les meurtres. Après quelques minutes, je pris la parole :
- Pourquoi ne pas révéler à tout le monde qui est la cible de qui ? Rien n'empêche de révéler une telle information, et, dans ce cas, nous serons fixés. Il y aura peut-être de la méfiance dans le groupe, mais les gens sauront qui est susceptible de les tuer.
- Et si quelqu'un ment ? dit Yukie.
- Nous avons une cible chacun, je suppose que tout le monde est la cible de quelqu'un. Nous verrons vite qui ne dit pas la vérité.
Capucine, qui était restée interdite posa sa tasse assez fort pour que le bruit coupe notre conversation. Mary sursauta. La brune me toisa, son visage n'exprimant plus qu'un profond mépris.
- Quelle réflexion d'abruti, lâcha-t-elle d'un ton froid. Vous êtes assez naïfs pour penser qu'Hologramme nous laissera sortir ? C'est simplement un prétexte pour nous forcer à tuer. Quelqu'un tombera dans le panneau et un procès aura quand même lieu. Ou alors, une personne mal intentionnée se servira de ces informations pour commettre un meurtre en toute discrétion. Remarque, c'est pas plus mal.
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MURDER PARTY (terminée)
Misterio / Suspenso« Si vous voulez sortir d'ici, il vous suffit simplement de commettre un meurtre. » Telles furent les paroles d'Hologramme, le terrifiant maître du jeu. Caleb ne se souvient de rien. Lorsqu'il se réveille dans un endroit inconnu, il met un moment à...