Ma respiration se bloqua. Il n'y avait que deux personnes hors de la bibliothèque, qui pouvaient être à l'origine d'un tel bruit. Jean, et... Atlan. Je posai ma main sur mon torse pour empêcher l'hyperventilation. Mais je sentis mon cœur s'accélérer un peu plus. Je me sentais tomber de très, très haut. Il ne pouvait pas. Il ne pouvait pas être mort. C'était impossible. Un frisson glacé qui devint brûlant me traversa de part en part.
Capucine, livide, passa la tête par la fenêtre ouverte. Elle ne put réprimer un hoquet de surprise.- Merde, merde ! Il y a un corps !
Un... corps ? Je voulais parler, mais les mots restaient bloqués. Mes membres étaient paralysés, dans l'attente de le voir en vie. Je ne pouvais pas me résoudre à imaginer une telle situation. La mort de Leeloo ne suffisait donc pas... ?
Une poigne de fer m'agrippa le bras, et, en quelques secondes, Capucine me traîna hors de la bibliothèque sous les regards médusés de mes camarades. Seule la brune avait assez de sang froid pour affronter la réalité, et elle m'amenait avec elle. Mais les autres demeuraient tout aussi choqués que moi. Dans un état second, je la suivis jusqu'au rez-de-chaussée. La jeune fille ne disait rien et se contenter d'avancer ; le visage fermé.
J'avais peur ; tellement peur. Je voulais qu'il soit à mes côtés pour les investigations, qu'il me parle de confiance ou de toute autre chose. Je m'en fichais, tant qu'il était en vie. Sans m'en rendre compte, mes joues s'étaient déjà trempées de larmes. En temps normal j'aurais eu honte de me montrer comme ça devant Capucine, mais elles ne voulaient simplement pas s'arrêter. Elles coulaient sans discontinuer. L'angoisse avait définitivement eu raison de moi.
Nous sortîmes du manoir, et, depuis le jardin, nous le vîmes.
Il se balançait, à peine plus bas que le premier étage, au bout d'une corde de bouées multicolores. Une seconde corde, également attachée à son cou, pendait piteusement, l'extrémité rattachée à rien. Le bout de cette seconde corde formait une petite boucle. Il avait les jambes raides, rigides. Les bras attachés dans le dos. Sa tête formait un angle inédit avec le reste du corps, le cou brisé net par la corde. Sa bouche était recouverte de ruban adhésif, taisant le moindre hurlement. Et ses yeux... On eut cru ceux d'Hologramme. Ils demeuraient crevés, tout du moins lacérés par une lame. Le sang coulait en deux fins filets sur ses joues, comme des larmes mortuaires. C'était atroce. Voir ainsi un visage si mutilé me donna la nausée, mais...
- Qu'est ce qu'il se passe ? fit Atlan.
Il apparut dans l'embrasure de la porte. Ses yeux bleus se posèrent sur le cadavre de Jean, toujours suspendu, et il réprima une grimace de dégout. Puis son regard se tourna dans ma direction. Je pleurais toujours, mais un grand sourire fendait mon visage. Alors c'était ça, la folie ? L'impression de mourir puis de revivre en l'espace d'une poignée de secondes ? L'impression que mon cœur allait traverser ma poitrine à tout instant ? Je plaquai ma main sur ma bouche pour ne pas éclater d'un rire nerveux, mais mes épaules se soulevèrent d'elles-mêmes. Le brun s'approcha, puis s'adressa à Capucine.
- Les autres te demandent, en haut. Tu n'as qu'à aller les prévenir pour Jean.
La jeune fille lui darda un regard glacial, mais s'exécuta.
Dès qu'elle eut disparu, je me jetai dans les bras d'Atlan. Le dégoût, la peur, la joie, tout se mélangeait. Mais il était en vie. En vie. Je voulais lui hurler que le voir devant moi était la plus belle chose au monde. Il se crispa au contact mais ne me repoussa pas.
- Caleb, contrôle-toi, m'ordonna le brun.
Je reculai, les joues toujours trempées de larmes. Il poussa un soupir en passant la main dans ses cheveux. Atlan était intelligent ; il devait avoir compris la raison de mon état pitoyable. Il était toujours cerné, mais semblait de meilleure forme comparé à notre dernière entrevue. Cependant, après avoir avisé une seconde fois le cadavre, il se mit à parler en se tordant machinalement les mains.
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MURDER PARTY (terminée)
Misterio / Suspenso« Si vous voulez sortir d'ici, il vous suffit simplement de commettre un meurtre. » Telles furent les paroles d'Hologramme, le terrifiant maître du jeu. Caleb ne se souvient de rien. Lorsqu'il se réveille dans un endroit inconnu, il met un moment à...