La simple vision de la brune, ses yeux écarquillés comme des soucoupes, me paralysa. Un frisson glacé me parcourut la colonne vertébrale tandis que je me sentis blêmir. Je retirai ma main de sous celle d'Atlan aussi vivement que si je m'étais brûlé. Capucine semblait prête à déverser sur nous toute la haine accumulée depuis le début. A ma connaissance, je ne l'avais jamais vue si énervée.
Je me rassérénai, du moins assez pour avoir les idées claires. Je devais tenter d'arranger les choses avant que le ton ne monte. Atlan, lui, demeurait silencieux, observant d'un œil blasé la brune et le métis. Mais à peine avais-je esquissé un mouvement pour m'expliquer que Capucine me foudroya du regard. Ses yeux n'étaient plus qu'animés par une colère noire. Je crus mourir sur place rien qu'en croisant ses iris assassins. Elle avança d'une démarche furieuse jusqu'à la table et y abattit sa paume. La violence du mouvement s'accompagna d'un ballet de mèches sauvages. Le bruit du coup résonna dans toute la pièce ; aidé du silence ambiant. Je sursautai. Le brun conservait une expression neutre, toujours enfermé dans un mutisme persistant. J'aurais bien aimé qu'il me vienne en aide, qu'il essaie d'apaiser la colère de la brune, mais c'était peine perdue. Atlan ne se souciait pas du ressenti d'autrui. Du moins, il semblait indifférent aux états d'âmes de Capucine.
Ben demeurait figé. Son regard jonglait entre Capucine et moi. Il semblait à mi-chemin entre l'incompréhension et le déni. Je me tassai. J'avais honte ; nous aurions dû faire plus attention. Même à une heure tardive, le réfectoire restait un des lieux des plus fréquentés du manoir. Je n'avais pas réfléchi, j'étais juste heureux de retrouver le Atlan passé. Mais au-delà de ça, je ressentais une grande crainte envers la réaction que pourrait avoir la brune. Violente, sans doute, surtout verbalement. Et elle ne tarda pas à arriver, semblable à un ouragan dévastateur.
- Dites-moi que ce n'est pas ce à quoi je suis en train de penser, déclara-t-elle d'une voix blanche.
La colère semblait avoir pris le pas sur les autres émotions de Capucine. La jeune fille froide et cassante était à présent à la merci d'un ressenti vif et incontrôlable. Bien loin les piques et les réflexions réfléchies ; je redoutais qu'elle ne me frappe au moindre mot de travers. Alors je jetai un regard interrogateur à Atlan. Ce dernier se leva dans un calme olympien, et, comme si de rien n'était, tira une cigarette du paquet.
Il porta la clope à ses lèvres et l'alluma. La brune lui lança un regard électrique.
- Je te jure que si tu souffles ta putain de fumée, je te casse la gueule.
Atlan eut un petit rictus sardonique. Il fit tourner le rouleau embrasé entre ses doigts, et planta son œil gelé dans ceux, ardents, de son interlocutrice. Puis il aspira, et souffla un nuage immaculé sans ciller. Capucine se jeta sur lui, furieuse. Elle agrippa son t-shirt à pleines mains et le secoua. Je ne voyais plus la brune comme je la connaissais ; elle avait laissé place à une bête fauve. Atlan lui lança un simple regard inquisiteur. Si Capucine l'avait voulu, elle aurait pu sans mal le frapper. Mais elle ne le fit pas.
- Réponds, bordel ! Dis-le, que pendant qu'on cherche à arranger la situation, tu te tapes Caleb !
Mes joues brûlèrent. Je me sentais indirectement au centre d'une immense dispute. Je me sentais responsable de la position d'Atlan, de la haine que ressentais la brune. Elle semblait furibonde, mais surtout, anéantie. Mes doigts se crispèrent. J'aurais bien voulu intervenir, mais que pouvais-je y faire ? La brune m'enverrait son poing dans la gueule aussitôt que je me serais interposé. Et Capucine n'était pas Ben. J'avais déjà expérimenté la situation avec le métis, quelques heures auparavant, mais la brune constituait un tout autre adversaire. De face, elle me viserait personnellement et ne me louperait pas. C'était du suicide. Et mon corps s'entêtait à rester immobile. Celui de Ben paraissait dans le même état ; le métis n'avait toujours pas bougé, et semblait encore digérer la nouvelle.
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MURDER PARTY (terminée)
Mistério / Suspense« Si vous voulez sortir d'ici, il vous suffit simplement de commettre un meurtre. » Telles furent les paroles d'Hologramme, le terrifiant maître du jeu. Caleb ne se souvient de rien. Lorsqu'il se réveille dans un endroit inconnu, il met un moment à...