Les coups réguliers du ballon sur le sol représentaient autant de secondes passées sans parler. Et, chaque fois, mes doigts se crispaient sur le banc où j'étais assis. J'allais souvent dans la salle de basket. Pour discuter avec Ben, ou simplement lire un livre pendant qu'il s'entraînait. Nous ne parlions pas forcément mais l'ambiance restait détendue ; être en présence de quelqu'un me rassurait, et j'imaginais qu'il en était de même pour lui. Je pouvais ainsi rester une après-midi entière dans cette salle, sans pour autant parler ; chacun d'entre nous y trouvait sa place. Mais cette fois-ci, la pièce me paraissait exiguë. Une atmosphère étouffante et inhabituelle y régnait.
En face, Ben parcourait le terrain à une vitesse folle, les pas rythmés par ses respirations rauques. Nous n'avions pas échangé un mot depuis mon arrivée, mais cette fois, c'était un silence que j'aurais bien évité. Lorsque j'étais entré, il s'était stoppé net dans sa course et m'avait fixé ; trop longtemps pour que ce soit positif. Puis le métis avait détourné le regard et était reparti dans ses dribbles.
Je soupirai. Je ne pouvais pas lui en vouloir. Le seul fautif dans l'histoire, c'était moi. J'aurais dû venir le rassurer au sujet du coup qu'il m'avait envoyé par inadvertance, malgré les recommandations de Capucine. Le connaissant, il s'en voulait toujours de m'avoir frappé. Mais il devait aussi m'en vouloir de lui avoir caché ma relation avec Atlan. Au final, tout le monde avait été mis au courant en l'espace de quelques minuties. Cela avait été le mensonge de trop ; celui qui avait poussé la brune à perdre les pédales la veille. Je me souvenais encore de son visage marqué par la colère, que ce soit lorsqu'elle avait agrippé le t-shirt d'Atlan que quand elle avait cassé un verre. Bianca devait se moquer d'elle à chaque fois qu'elles se croisaient dans les couloirs. Après la réaction qu'avait eu Ben face à l'attitude du blond, je craignais que Bianca ne subisse le même traitement de la part de Capucine.
Ben lança le ballon à distance raisonnable du panier. Le tir était parfait. La courbe que décrivit le ballon criait à l'habitude. Des lancers parfaits, il ne faisait que ça. On aurait pu penser que cela l'aurait lassé, au bout d'un moment, mais cela semblait le détendre.
Mais quand le ballon arriva sur le panneau, je notai qu'il allait trop vite. Je plissai les yeux à l'impact ; il rebondit dessus, et tomba au sol, à quelques mètres du filet. Le métis observa l'objet rouler à ses pieds, le visage crispé. Il semblait retenir sa frustration. Ses yeux suivirent le mouvement de la sphère qui continua son chemin avec une lenteur presque moqueuse. A la seconde où le ballon toucha sa chaussure, le métis explosa et donna un grand coup de pied dedans. Il fusa en direction du mur où il rebondit, pour finalement être renvoyé à l'autre bout de la salle.- Putain !
Il passa la main dans ses cheveux crépus et, les joues rougies par la colère, s'apprêtant à proférer d'autres insultes. Ben sembla soudain réaliser ma présence. Il se figea et blêmit. Sa bouche s'ouvrit pour parler mais le métis se ravisa et lâcha un soupire. Il passa ses mains sur son visage. Ses pas hésitants le poussèrent à s'asseoir à mes côtés. Un silence des plus gênants nous entoura.
Le métis fixait un point invisible en triturant sa barbe ; il réfléchissait à ses paroles, mais je le devançai. J'avais préparé mon discours en amont, pendant qu'il passait ses nerfs sur le panneau de basket. Je ne pouvais décemment pas débarquer dans la pièce et me remettre à bégayer. Alors je pris une grande inspiration.
- Ecoute, je sais qu'on a eu des... euh... différents ces jours-ci, et je m'en excuse. Il ne faut pas que tu t'en veuilles pour m'avoir frappé. C'était un accident ; et je savais parfaitement ce que je risquais en intervenant. Et puis... Ta réaction était légitime face à l'attitude de Jack. (je soufflai) Jack... Il gardera des séquelles physiques. Mais sa vie n'est pas en danger.
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MURDER PARTY (terminée)
Mystère / Thriller« Si vous voulez sortir d'ici, il vous suffit simplement de commettre un meurtre. » Telles furent les paroles d'Hologramme, le terrifiant maître du jeu. Caleb ne se souvient de rien. Lorsqu'il se réveille dans un endroit inconnu, il met un moment à...