MURDER PARTY (terminée)

Bonus 1 - Dilemme

Le monde qui l'entourait se désagrégeait sous ses yeux. Lesdits yeux qui valdinguaient dans tous les recoins de la pièce, en quête d'une quelconque échappatoire. Ses mains moites s'agrippaient au tissu dans un geste nerveux. Les claquements répétés de son talon contre le sol prenaient le pas sur ses respirations sifflantes. Elle stressait. Même si elle ne parvenait qu'à se souvenir de son prénom, elle était persuadée qu'une montée d'angoisse comme celle-ci lui aurait été familière, si elle en avait déjà fait l'expérience. 

Son souffle se bloqua un court instant tandis que ses entrailles se tordaient. Une violente douleur lui irradia dans le ventre, puis remonta vers son abdomen. A nouveau, elle tourna la tête vers l'unique porte de la salle. Son salut. Elle aurait déjà pu s'enfuir mille fois, remonter les escaliers et s'enfermer dans sa chambre, mais son inconscient lui hurlait de rester. Oh, elle le détestait, cet idiot d'inconscient. Sa vie était peut-être en danger, et lui, il n'en faisait qu'à sa tête.

Elle tenta de se calmer, en vain. Sa respiration refusait de se stabiliser, et les effets sonores de sa propre peur n'arrangeaient rien. Depuis maintenant quelques minutes, une seule question tournait en boucle dans son esprit : pourquoi ? Pourquoi elle se trouvait là, pourquoi elle n'était pas déjà partie, pourquoi, pourquoi, pourquoi.

La personne à côté d'elle eut un léger mouvement de tête, ce qui la fit sursauter. Elle mit plusieurs secondes à maîtriser l'angoisse qui lui nouait le ventre. Ses mains tremblaient, elle ne le sentait que trop bien. Elle déglutit. La jeune fille tenta un regard dans sa direction. Il semblait si naïf, si... innocent. Alors pourquoi fallait-il que les preuves l'accablent ?

Kitty se haïssait d'être aussi curieuse, parfois. Lorsqu'elle avait décacheté l'enveloppe remise par Hologramme, elle n'aurait jamais imaginé y trouver de telles accusations. Son cœur avait raté un battement lorsqu'elle avait reconnu le visage de Caleb. Pourquoi fallait-il que ce soit lui ? Pourquoi la motivation, ou peu importe le nom qu'ils lui donnaient, devait-elle porter sur la seule personne en qui elle avait un tant soi peu confiance ? 

Elle avait tout essayé, ces derniers jours. Tout fait pour que le groupe s'entende bien, et ne tente rien de stupide. Kitty s'était efforcée de préparer de bons repas, de parler calmement à chacun de ses camarades, même à ceux qui ne lui inspiraient rien de bon. Atlan, Capucine, Jean... La jeune fille prenait sur elle à chaque mot prononcé. 

Les heures s'effilaient et Kitty se sentait épuisée. Elle avait jusque là clamé vouloir l'unité du groupe, mais, tout bien réfléchi, elle avait peur de ne pas avoir les épaules nécessaires pour fédérer la paix. Même si ces histoires de meurtres étaient idiotes, elle savait que tôt ou tard, des tensions se formeraient. Kitty n'était pas dupe ; aucun des seize prisonniers n'était fait pour s'entendre. Leurs caractères opposés finiraient bien par éclater, un jour ou l'autre.

Elle se rassurait comme elle pouvait, en se disant qu'elle avait trouvé en Caleb un allié précieux. Bien qu'il manquait visiblement de confiance en soi, Kitty se sentait bien à ses côtés. Il était simple, et ne se donnait pas de grands airs comme certains. Il était poli, calme bien que maladroit, et même si son évidente naïveté pourrait être un défaut... La jeune fille pensait qu'un peu d'humanité dans ce groupe de caractériels ne serait pas de refus.

Mais il avait fallu que tout s'écroule. Que ses espoirs d'un groupe soudé soient réduits à néants. Evidemment, elle ne doutait pas une seule seconde que si les autres ouvraient cette maudite enveloppe, ils prendraient Caleb pour cible. Ils voudraient le mettre à l'écart ; ils auraient peur de lui. Elle ne voulait pas le croire, évidemment. Il semblait à mille lieues de tout ce de quoi l'article l'accusait. Mais ses mains refusaient d'arrêter de trembler. Son cerveau se nourrissait continuellement de scénarios tous plus sanglants les uns que les autres. Kitty se sentait ignoble d'avoir si peur de son ami ; c'était comme si son corps voulait convaincre son cœur de s'en méfier.