7 - Harmonie illusoire

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Il ne devait pas être loin de huit heures et demie lorsque quelqu'un frappa à ma porte. Ma tête accusait le manque de sommeil. Mais la veille, trop préoccupé par les paroles d'Atlan, j'avais eu encore plus de mal à m'endormir qu'avant ma promenade nocturne.
Enfin, frapper était un euphémisme. La personne tambourina durant de longues secondes avant que je ne me lève. Je bâillai et enfilai à la hâte le premier jean me tombant sous la main. Les coups reprirent. Je soupirai avant de déverrouiller la porte.

- ...Ben ?

- T'es en retard pour le p'tit déjeuner, dit le métisse tout sourire. Et t'as une sale gueule. On croirait que t'as pas dormi.

J'haussai un sourcil, trop ensommeillé pour répliquer. Je brûlais d'envie de retourner me blottir sous ma couette.

- Ne m'attendez pas pour manger, je n'ai pas très faim...

Je tournai les talons et me dirigeai vers mon lit. Il m'appelait presque. Mes paupières se fermèrent d'elles mêmes ; j'étais à la limite du somnambulisme, le cerveau encore embrumé et les gestes rendus gauches par ce réveil forcé.
Mais Ben ne se découragea pas pour autant. Je me sentis soudain décoller du sol. Mettant cela sur le compte de mon imagination, je continuai à marcher tranquillement... jusqu'à ce que mon corps soit jeté sur une épaule, en l'occurrence celle de Ben, comme un vulgaire sac. Un cri de surprise m'échappa lorsque j'ouvris les yeux : le sol était plus éloigné que prévu.

- Ben, qu'est ce que tu fais ?

- Là, j'vais manger. Et tu viens avec moi, Kitty a été formelle. ( il commença tranquillement à avancer ) Tu pèses vraiment rien, Caleb. T'as intérêt à bien manger ce matin !

Je ne trouvai rien à lui répondre ; il avait raison quant à mon poids. Et n'ayant pas la force de résister, je me contentai de regarder la porte de ma chambre s'éloigner au rythme des enjambées de mon camarade. Au final, c'était plutôt reposant.


Nous marchâmes ainsi jusqu'au réfectoire. Ben ne semblait pas le moins du monde fatigué, au contraire, il débordait d'énergie. J'avais abandonné tout espoir de me dispenser du petit déjeuner ; le basketteur ne me laissait pas argumenter. Je le priai cependant de me déposer devant la porte ; j'avais un honneur à préserver, surtout devant les autres et Kitty. Cette dernière accourut lorsque nous entrâmes.

- Enfin ! s'exclama-t-elle. Je suis contente que tu sois finalement venu, Caleb.

Je remarquai qu'elle s'était changée depuis la veille. Là où je n'avais trouvé ni la force ni la motivation de prendre une nouvelle chemise, la blonde portait une petite robe bleue, très simple mais qui lui allait à la perfection. Et le grand sourire qui habillait ses traits...
Je me sentis brûler jusqu'à ce que Ben me décoche un coup de coude dans les côtes.

- Bon, on mange ou pas ?

Je le remerciai intérieurement de m'avoir tiré de cette future situation honteuse.

- Oui, allons-y, répondit la blonde. Les seuls qui manquent sont Atlan, et Jack. Mais il m'a dit ce matin qu'il arriverait en retard.

- Ah bon ? Qu'est ce qui le retient ?

Kitty nous offrit un de ses sempiternels airs doux.

- Il a trouvé un bon livre dans la bibliothèque au deuxième, et voulait absolument le terminer ce matin.

Je ne me préoccupai pas plus que cela de son absence, et rejoignis tout le monde pour déjeuner. Chacun demeurait fidèle à lui-même : Yukie finissait de dormir à même la table, Bianca avait de nouveau revêtit un décolleté vertigineux, Rufus engloutissait les plats de Thomas a une vitesse vertigineuse.
Jack arriva à neuf heures. Nous avions presque fini de manger, mais il ne passa qu'en coup de vent, juste histoire de prendre une pomme. Il avait apparemment trouvé un nouveau livre passionnant et était trop impatient de l'entamer. Après déjeuner, nous prîmes la décision, à l'unanimité, de nous réunir ici chaque matin à huit heures. Kitty semblait aux anges, et je ne pus m'empêcher de sourire. Instaurer ce genre de routine était très bon pour l'unité du groupe.

MURDER PARTY (terminée)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant