Fanfiction Gardiens des Cités Perdues 7 - Réminiscences

Chapitre 35

Sophie entrouvrit lentement les yeux sur une pièce vide et noire comme son esprit. Un horrible mal de tête se déclara, et elle mit quelques instants à se souvenir de ce qu'il s'était passé, l'esprit encore embrumé par les sédatifs.

Ravagog.

Les Invisibles.

Biana.

« Biana ! » parvint-elle à articuler.

Seul le silence lui répondit. Le cri de la jeune fille résonna quelques instants, avant de s'évanouir dans la pénombre de sa cellule sans plus d'effets.

Ce silence commençait réellement à l'inquiéter. Elle attendit plusieurs minutes, mais, à sa grande surprise, personne ne vint la rendormir, comme lors de son précédent enlèvement.

C'était toujours elle qui se faisait kidnapper, toujours Sophie Foster. Lors de son premier enlèvement, avec Dex, elle ne pouvait pas s'y attendre, mais là... Comment avait-elle pu être assez stupide pour foncer dans les rues de Ravagog en suivant aveuglément les pensées d'un inconnu ? Si elle et Biana se retrouvaient là, c'était entièrement de sa faute à elle, Sophie.

Elle tenta de bouger, mais ses muscles étaient tout ankylosés. Ses sens commençaient peu à peu à lui revenir. Elle sentit le contact irritant de la corde au niveau de ses articulations : elle avait les pieds et les mains liés. Elle commença à percevoir une faible odeur de brûlé qui, mêlée au parfum doucereux des sédatifs, lui procurait une sensation des plus désagréable.

Sophie essaya de rassembler sa concentration, ce qui lui prit plusieurs minutes. En effet, cet horrible mal de tête ne la quittait pas, et elle avait l'impression que son cerveau fonctionnait au ralenti – sans doute l'effet des sédatifs.

Dans un sursaut d'énergie, elle projeta sa conscience le plus loin possible, dans l'espoir de rencontrer des pensées amies. Elle transmit nombre d'appels à l'aide dans le vide, et, malgré le mal de tête qui lui hachait le cerveau, elle essaya de transmettre plus loin, toujours plus loin. Elle se heurta alors à une sorte de barrière incandescente, qu'elle aurait sans doute eu la force de briser si elle était dans son état normal. Sentant son cerveau sur le point d'imploser, elle préféra renoncer, en espérant qu'un de ses appels ait été entendu – même si l'espoir était bien mince.

La jeune fille eut soudain une autre idée : sa bague d'alarme ! Elle parvint à entremêler ses doigts de façon à activer le signal. Le bijou émit une lueur rougeâtre, puis un sifflement suraigu qui acheva de réduire en miettes le cerveau de Sophie, avant de s'éteindre brusquement. Quelque chose interférait clairement avec le signal dans le lieu où elle se trouvait.

Le jeune Télépathe, les larmes aux yeux, se résigna et se plongea dans une douce somnolence, qui la transporta dans son petit coin de paradis – le ciel, sur le dos de Silveny. Son mal de tête disparut presque totalement.

Elle revint pourtant subitement à la réalité lorsqu'elle entendit une porte s'ouvrir. Ses yeux s'ouvrirent, mais elle les plissa violemment, aveuglée par le flot de lumière qui venait de pénétrer dans la pièce. Une forme drapée de blanc s'avança vers elle, menaçante.

« Vespéra ? » souffla Sophie d'une voix rauque.

La mystérieuse visiteuse s'avança vers la jeune fille et esquissa un rictus à glacer le sang.

« C'est moi-même. »

Le mal de tête de Sophie se fit soudain plus intense – s'il était encore possible d'appeler intense cette sensation de déchiquetage cérébral.

« Que faites-vous ici ?

- Mais je suis venue te rendre une petite visite, pour discuter gentiment. Je m'ennuyais sans Fintan, alors je cherchais de la compagnie ! »