7 - Tourner la page, définitivement

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Le lendemain après-midi de sa fiesta catastrophique, le portable collé contre la joue, la cigarette à la main, Philomène observait les gens qui entraient dans le cinéma dans lequel elle bossait.

Cela faisait deux minutes qu'elle était partie en pause. À peine avait-elle été libérée de son guichet qu'elle avait composé le numéro de Mia pour donner des nouvelles de sa soirée.

— J'ai cru que j'allais le tuer.

Tout en prenant une taffe, elle détailla un couple qui passait à côté d'elle. Souriants, main dans la main, ils puaient le romantisme à deux balles et donnaient la gerbe à la jeune femme, ainsi qu'une pointe de jalousie et d'envie. Mais ça, bien évidemment, jamais Philomène ne voudrait le reconnaître.

— T'es restée calme au moins ? Tu sais que t'énerver ne fait que ravir la personne qui est en face de toi quand c'est comme ça.

— Mouais, j'suis restée calme. Je n'ai attaqué que verbalement, t'inquiète.

La jeune femme ignora le soupir de son amie.

— Philo, je te connais et je sais que quand tu attaques verbalement, t'es tout sauf sympa.

Cette fois-ci, la concernée roula des yeux.

— Je l'ai pas envoyé à l'hôpital ni même chez le psy, ça va !

Le silence de son amie agaça Philomène. Cela lui donnait l'impression d'avoir chié son plan, mais c'était impossible. Car justement, elle n'en avait pas fait. Elle s'était dit qu'elle devait aller à cette soirée et que la suite, elle l'improviserait. Sauf que son improvisation n'avait pas été superbe...

— Enfin bref, j'ai décidé de passer à autre chose. Faut que je me trouve un autre mec.

— Oui mais peut-être que... Peut-être que tu devrais un peu... Je veux dire, peut-être que tu ne remarques que ceux qui ne te remarquent pas justement. Peut-être qu'il y a des mecs qui voudraient sortir avec toi mais que tu ne sais même pas qu'ils existent alors qu'ils sont là, tout près de toi.

Philomène fronça les sourcils car elle ne comprenait pas vraiment pourquoi Mia parlait de ça maintenant. En fait, si sa meilleure amie abordait ce sujet, c'était surtout parce qu'elle n'avait pas eu le courage de dire ce qu'elle avait prévu, soit un changement d'attitude.

Pour se relever d'un échec comme celui que Philomène avait vécu, chercher un autre mec dans l'immédiat n'était peut-être pas la meilleure des idées...

— Genre tu veux dire un voisin ? Berk franchement Mia, il n'y a que des vieux aux alentours ! Ce n'est pas mon trip les peaux fripées.

— Et un collègue de boulot ?

— Quoi ? Ah non pas Mathias ! Bon OK, je reconnais qu'il a l'air gentil mais ce n'est pas du tout mon genre.

— Philo, Mathias n'est pas ton seul collègue de boulot.

Peut-être, mais la plupart étaient des femmes ou des hommes de quarante ans. Et les seuls de son âge et surtout potables étaient en couple.

— Est-ce que tu as essayé de discuter avec lui avant de le juger sur son physique ? continua son amie.

— Est-ce que tu veux qu'on parle de ton Aaron Boudoir alors ?

— Bouldoire ! Son nom c'est Bouldoire et non pas boudoir comme les biscuits.

Philomène avait vexé Mia.

Pourtant, elle n'avait pas tort pour une fois. Son amie s'accrochait à ce Aaron alors qu'elle ne le connaissait pas réellement. Peut-être lui avait-il adressé une fois un « pardon » lorsqu'il avait voulu rentrer dans l'amphi et qu'elle était sur son passage. Mais cela n'allait pas au-delà.

Quel phénomène cette Philomène 1 (Terminée)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant