8 - Philomène, la harceleuse

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Trois jours, cela faisait plus de trois jours que Philomène faisait chier le malheureux Mathias. Les pauses de ce dernier étaient devenues ses plus grands cauchemars, surtout lorsqu'il apercevait la jeune femme au loin.

Proposition d'aide, de café, de petit encas, énonciations de blagues de mauvais goût, elle avait tout essayé. Sans succès, son collègue ne semblait pas avoir envie de sympathiser avec elle. Du moins pas sur le plan anatomique...

— As-tu besoin d'aide Matou ? demanda-t-elle, le sourire jusqu'aux oreilles.

Le concerné, plus que légèrement déconcerté désormais, que ce soit par le comportement de Philomène ou bien le surnom pourri qu'elle lui avait attribué, mit quelques secondes avant de répondre par la négative. Mais ce ne fut pas pour autant que la jeune femme se démoralisa, bien au contraire.

— Soif ? fit-elle en tendant une bouteille d'eau.

Réponse négative.

— Alors un petit creux ? Non, pas de petit creux ?

Réponse négative, une fois de plus. Bon, complimenter l'apparence n'avait pas fonctionné... Pourtant Philomène pensait que son ego de mâle tout le temps à la recherche d'attention aurait été ravi.

— Tu sais, ça ne paraît pas ainsi, mais je suis une véritable humaniste dans l'âme hein. Je fais partie de plusieurs associations pour défendre les petits africains et puis, quand ma sœur, qui est mère célibataire, a besoin d'aide avec Gaspard, je suis toujours là. Ce petit m'adore. En fait, je ne voulais pas le dire, mais entre nous, il ne peut plus se passer de moi. Il faut dire que je fais super bien l'avion. C'est toujours comme ça quand on apprend à me connaître, on tombe sous mon charme et on n'est vraiment plus rien sans moi. Que veux-tu, c'est mon charme indéniable qui veut ça...

Les mains sur les hanches, pas le moins du monde gênée d'avoir raconté d'une panoplie de bobards, Philomène regarda Mathias.

— J'me disais, as-tu déjà pensé à changer de coupe ? Je veux dire, abandonner les côtés rasés pour quelque chose de plus... de plus normal quoi.

Philomène essaya de l'imaginer autrement qu'avec sa drôle de coupe. Cheveux un peu plus longs ou au moins de longueur identique partout, il porterait un petit blouson en cuir ainsi qu'un jean noir et lui lancerait un petit sourire en coin. Oh oh, cette vision-là lui plaisait bien plus. Mathias pourrait être mignon s'il s'arrangeait autrement et qu'il gagnait quelques kilos car il fallait bien reconnaître qu'il peinait à remplir son pantalon ou tout simplement à le garder en place, même avec une ceinture.

Il y eut soudainement un froncement de sourcils charnus et bruns. La question de la jeune femme ne paraissait pas enchanter Mathias, une fois de plus. En même temps, qui aurait apprécié d'entendre que notre coiffure n'était pas normale ?

— Non mais parce que tu serais grave canon en bad boy à la place de l'emmerdeur de ruelle. Enfin je sais pas, peut-être, se corrigea-t-elle aussitôt eut-elle réalisé ce qu'elle venait de dire.

Un malaise s'installa. Pour Philomène car elle se demanda si elle pensait véritablement ce qu'elle venait de dire, canon ou pas ? Pour Mathias car il se dit que sa collègue était définitivement cinglée et avait du mal à digérer l'insulte qu'elle venait de prononcer à son égard.

Tandis que les deux jeunes gens restaient silencieux, les paroles de Damian revinrent en mémoire de la jeune femme : « Tu sais pourquoi aucun mec ne veut de toi ? Parce que tu es lourde, tu parles tout le temps, tu fous la honte à tout le monde et tu ne sais pas accepter un « NON » ! Sans oublier que tu n'as aucune manière et que tu rotes à la figure des gens. » Soudainement, le regard de Philomène perdit définitivement de son éclat. Cette fois-ci, pas à cause du malaise précédent ni même du discours de son ami, quoique légèrement.

Quel phénomène cette Philomène 1 (Terminée)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant