Quel phénomène cette Philomène 1 (Terminée)

39 - Besoin imminent d'éclaircir les choses

→ Ne pas s'emporter.

→ Ne surtout pas pleurer, quoi qu'il arrive.

Voilà une partie de la liste des « not to do » qu'avait écrit Philomène la veille afin de préparer sa rencontre avec Lloyd, ce soir, dimanche, au bar... Oh catastrophe, la jeune femme venait de se rendre compte qu'elle donnait même désormais des titres anglais à ses notes !

Crotte crotte et re-crotte !

— Arrête de tourner en rond, tu me donnes mal à la tête, rouspéta Mia. Et laisse-le parler. Ne te braque pas dès la première seconde !

Facile à dire mais moins facile à faire.

— Il m'a dit « rendez-vous », rappela Philomène comme si cela excusait tout ce qu'elle s'apprêtait à faire. Je vais lui faire regretter de m'avoir prise pour une conne !

Mia leva la main et roula des yeux en signe de capitulation. Quoi qu'elle dise désormais, la blonde n'écouterait pas un seul mot. Heureusement que Simon avait dit qu'il passerait dans l'après-midi, ça lui changerait les idées. Sans oublier que Philo serait au boulot, ce qui voulait dire qu'ils auraient toute la colocation rien que pour tous les deux...

🌼

Quelques heures plus tard, la jeune femme était encore en train de penser à cette affaire et surtout d'en parler :

— Et voilà, donc j'en suis au stade un de la rupture, termina la guichetière en soupirant, le menton posé sur la paume de sa main.

Mathias, à ses côtés, resta silencieux. Les deux collègues avaient profité de leur pause en commun pour discuter de tout et de rien et bien évidemment, la jeune femme avait amené le sujet Lloyd sur le tapis.

— J'te jure, si j'avais envie de taper Damian, j'ai désormais envie d'exploser Lloyd.

Vu le regard de Philomène et ses poings serrés, il n'y avait aucun doute.

— Tu ne crois pas que tu tires un peu trop vite les conclusions ? demanda Mati en grimaçant, stressé par ce que la jeune femme pouvait bien répondre.

— Mais enfin ! Un rendez-vous ! Il y avait une femme ! Vous êtes tous cons ou quoi ? C'est d'une évidence !

L'homme soupira puis tira sur sa cigarette. Philomène, à ses côtés, ruminait encore.

— Camille, Damian, Lloyd. Décidément, je n'attire que les mauvaises personnes !

Mati songea à demander pourquoi elle comptait encore Damian dans la liste puisqu'elle lui avait dit qu'ils avaient discuté et qu'elle avait décidé de passer l'éponge. Seulement comme il n'avait pas envie de se faire disputer, il préféra ne rien dire.

— Au fait, tant que j'y pense. Je veux rencontrer ta femme.

— Pourquoi ?

— Parce que t'es mon pote, alors j'ai envie de rencontrer la femme de mon pote ! Je pensais que c'était évidemment, râla-t-elle en piquant la clope à son collègue de boulot.

Un soupir plus tard, la blonde enchaîna :

— Depuis un certain temps, j'ai l'impression que le monde est vraiment moche. Je n'avais pas spécialement d'œillères auparavant, mais je préférais voir le bon côté des choses. Puis j'ai compris récemment qu'à faire ainsi et qu'en pensant qu'à ma petite personne, je blessais les gens. Alors j'ai décidé de voir le monde tel qu'il est et en fait, ce n'est qu'un ensemble de merdes. Ma mère est en rémission. Enfin... elle fait de la chimio pour que le médecin ait moins à creuser dans son sein lorsqu'il lui enlèvera cette saloperie qui s'est développée dans son sein. Et puis, il y a de la souffrance à chaque coins de rue. Des personnes meurent tandis que je parle, d'autres ont des vies affreuses. Je regrette l'époque où je ne pensais qu'à moi. Même si c'était superficiel, c'était tellement plus tranquille. Pourtant, quand j'y réfléchis, je me rends compte que même là, j'étais seule. Je me foutais de ma famille, je n'accordais pas d'importance à mes supposés amis et aucun homme ne voulait de moi. Pourquoi faut-il toujours qu'une tuile nous tombe sur la tête dès l'instant que tout semble aller pour le mieux ?