42 - Pleurer, ça fait du bien parfois

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Le vendredi arriva avec une lenteur phénoménale, pour à peu près tout le quatuor ou du moins le trio. Et une fois le jour J, tout le monde décréta qu'il fallait se détendre.

Après avoir failli renverser la bouteille d'alcool sur le comptoir de la petite cuisine, l'étudiante en Histoire se retourna vers ses amis et afficha un grand sourire.

— Vive les études ! lâcha-t-elle aussitôt sur un ton qui trahissait son ironie.

Ce soir, elle avait prévu de fêter sa première semaine de master 1. Simon et Philomène étaient présents. Le rouquin avait été invité à passer la nuit à la coloc. Madame Boudron, était bien évidemment au courant et en parfaite propriétaire, avait même concocté des jus d'orange pour les jeunes. Elle les leur avait amenés en début de soirée, avec un adorable sourire.

— Doucement avec l'alcool Mimi, souffla le jeune homme en voyant sa petite amie porter à nouveau son verre aux lèvres.

Mia avait préféré la bouteille que son copain avait amenée au jus de Françoise.

Philomène qui était, elle, assise sur le canapé, soupira. Voir Ron aux petits soins de sa meilleure amie l'énervait. Parce que cela lui faisait, encore et toujours, penser à Lloyd et son départ plutôt froid. Après cette scène, qui hantait désormais ses pensées, elle s'était creusé les méninges pour comprendre ce qui avait pu se passer. Et ses questions étaient revenues. Toujours les mêmes. Si bien qu'elle avait l'impression de radoter :

Avait-il pris la mouche parce qu'elle lui avait offert un polar alors qu'il n'aimait pas ce genre de livre ? Pourtant le musicien avait dit que ce n'était pas grave. En plus, il n'était pas du genre à bouder.

Était-ce le fait de devoir la quitter durant cette semaine qui l'avait rendu distant ? Cela n'aurait-il pas été bizarre qu'il décide de faire foirer ces quelques minutes en sa présence alors ?

Avait-il reçu un appel ? Sa mère qui était vraiment malade, son frère qui lui disait qu'il ne souhaitait plus se marier ? Ne lui aurait-il pas fait part du problème, si cela avait été le cas ?

Et puisque Philomène avait pensé à tout et que celle-ci avait laissé ses affaires à côté du british, elle avait songé à la possibilité que Damian ait envoyé un SMS à Lloyd l'accusant de faire du mal à son amie, puisqu'il avait répété cette phrase à plusieurs reprises, la fois où elle avait dormi chez lui. Mais ce n'était pas le genre de Bichon de s'impliquer à ce point dans l'histoire de sa pote. Non, ça, c'était plus le genre de Philo.

— Il reste encore des crêpes. Qui en veut ?

La question de Mia ramena Philomène à l'instant présent.

Quelque chose n'allait pas avec son amie. Lorsqu'elle se mettait à cuisiner sans faim (et le soir en plus), généralement, c'était car elle était tracassée. Cette réflexion rappela à la jeune femme qu'elle n'avait toujours pas découvert son secret. Avec toutes les histoires qui lui étaient arrivées, elle avait mis de côtés certaines choses.

Sa famille.

Mia.

Lloyd, jusqu'à ce que Mathias lui fasse comprendre qu'elle faisait une bêtise à refuser d'aller le voir à l'aéroport.

Au fond d'elle, Philomène savait qu'elle avait laissé couler les choses dans l'espoir que ses soucis s'envolent. Malheureusement, comme pour tout le monde, ces derniers étaient encore là.

— C'est con que Damian ne soit pas venu, souffla soudainement Mia en roulant une crêpe, remplie de nutella.

— Bah ouais, mais il a dit qu'il avait plein de boulot.

Quel phénomène cette Philomène 1 (Terminée)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant