Quel phénomène cette Philomène 1 (Terminée)

31 ter - À trop penser aux autres, on finit par s'oublier soi-même

Des pas raisonnaient sur le trottoir quand soudainement, un souffle, coupé et sonore, se fit entendre.

Sous la lumière des lampadaires, la chevelure châtaine de la jeune femme avait des reflets dorés. Ses ondulations, qui n'apparaissaient toujours qu'après un bon footing, tressautaient. Ses yeux, qui n'étaient plus cachés comme d'habitude par sa longue frange, brillaient dans la nuit. Son teint encore bronzé de sa semaine de vacances avait viré au rosé.

Mia s'activait depuis deux bonnes minutes. L'arrêt de métro se trouvant plutôt loin du bâtiment où résidait Simon, elle avait préféré rejeter l'idée d'une marche calme. Désormais, l'étudiante courait, et son cerveau lui, continuait de chauffer et de s'emballer.

Après la dispute entre Philomène et Damian, elle avait rejoint son amie. Elle avait abandonné avec plaisir Nicolas et Maëlys. Puis elle avait confié la blonde à Lloyd.

Parce que la résidence de Simon n'était pas spécialement la plus hautement sécurisée dans Toulouse, la jeune femme n'eut pas besoin de passer par la case « portail » et s'infiltra sans plus attendre dans l'immeuble.

C'est quelque chose qu'il a toujours détesté, ces escaliers à ne plus en finir ! se rappela-t-elle en gravissant les marches. Car oui, même s'il ne l'avait dit qu'une seule fois, son cerveau lui, l'avait retenu. En fait, Mia réalisait qu'il avait toujours enregistré les moindres mots qu'avait pu prononcer Simon.

Philomène et elle n'étaient venues chez lui qu'une seule et unique fois. Pourtant la jeune femme avait l'impression qu'elle pourrait rejoindre sa porte les yeux fermés. Enfin, sauf dans les escaliers, car elle ne voulait pas finir par terre, la bouche en sang avec trois dents qui auraient sauté...

Tout en soufflant comme un buffle, elle atteignit le sixième étage. Ses jambes étaient sur le point de l'abandonner. Alors que Philo lui avait proposé, en début de semaine, de l'accompagner pour la motiver dans son hiit dans le but de perdre ses trois kilos qu'elle jugeait superflus et qu'elle avait refusé en disant qu'elle ne voulait pas souffrir de la sorte, voilà qu'elle venait de le faire son cardio en haute intensité.

Mia traversait désormais le couloir, à la recherche de la porte de son ami. Elle n'entendait même plus le boucan que faisaient ses semelles sur le sol, elle crachait trop ses poumons.

Son doigt s'écrasa avec empressement et insistance sur la petite sonnette à côté de l'écriteau 78. Plus d'une minute plus tard, alors qu'elle songeait enfin à son allure, elle qui avait les cheveux en pétard et tout huileux, le rectangle qui séparait le paillasson de l'appartement de Simon, s'ouvrit.

— Mia ? s'étonna-t-il.

À première vue, elle l'avait sorti de son sommeil. Ses yeux tirés en donnaient l'impression en tout cas. Mais peut-être était-ce une mauvaise interprétation de la part de la jeune femme.

— Qu'est-ce que tu fais ici ? continua-t-il en réalisant que la concernée n'avait pas répondu. Est-ce que ça va ? Tu parais...

Cette fois-ci, même si la jeune femme ne parla pas, elle lui donna sa réponse, à sa façon, en plaquant ses lèvres sur celles du rouquin, qui recula de deux pas sous la surprise. Il fallait dire qu'elle le prenait un peu au dépourvu. Et alors que Mia songeait subitement au fait qu'elle ne soit pas certaine que Simon ressente la même chose pour elle qu'elle éprouvait pour lui, les doigts de ce dernier se posèrent sur sa nuque pour la ramener vers lui, elle qui avait commencé à reculer de quelques centimètres.

D'un coup de bras puissant, il l'entraîna dans son couloir. La porte fut refermée, sans que la châtaine ne puisse voir et comprendre comment. Après avoir été pirate le temps d'un soir, il semblait s'essayer à la magie. Et cela ne paraissait pas déplaire à la jeune femme. Au contraire.