12 - Un rendez-vous sans accident

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Si Philomène avait déjà eu des rendez-vous, des tonnes de rendez-vous, jamais encore elle n'avait été aussi tendue. Il fallait reconnaître qu'elle faisait son intéressante en temps ordinaire et que les conditions de rencontre de ses prétendants n'avaient pas du tout été les mêmes...

Désormais, elle était stressée. Les mains moites, la gorge nouée, le cœur palpitant plus fort qu'à la normale, elle froissa le tissu de sa robe jaune paille. Elle avait sa veste en jean sur le dos, pourtant, elle avait froid. Malgré ses petites bottes plates, ses pieds lui faisaient un mal de chien. Elle avait piétiné longtemps durant sa pause. Même ses cigarettes, qu'elle avait descendues en moins de deux, ne l'avaient pas apaisée. De toute façon, ce n'était pas nouveau puisqu'elles ne l'avaient jamais fait.

Pour résumer... La jeune femme était en panique.

Elle était sortie du cinéma cinq minutes en avance et Lloyd n'était pas là. Quinze minutes étaient passées depuis, et toujours pas d'anglais en vue. Le blond n'aurait pas été le premier à lui poser un lapin. Mais cette fois-ci, Philomène n'avait pas protégé son cœur alors le danger était plus grand. Cette fois-ci, il ne s'agissait pas d'un homme quelconque, c'était celui avec qui elle avait communiqué durant des heures par SMS. Celui qui n'avait pas fui, même après avoir lu son message étrange d'introduction.

De plus en plus mal à l'aise, la guichetière laissa sa main partir en exploration sur le super chignon que Mia lui avait fait avant de quitter l'appartement le matin. Jamais elle ne s'était trouvée aussi jolie qu'aujourd'hui. En même temps, jamais elle n'avait fait autant d'efforts. Même son allure pour la fête de retrouvailles entre lycéens avait été banale à côté. La Philomène fleur bleue avait voulu sortir le grand jeu et elle avait plutôt réussi son coup.

Les yeux rivés sur le trottoir, elle replaça une mèche rebelle derrière son oreille. Celle-ci n'avait pas voulu rester accrochée avec les barrettes.

Un groupe d'adolescents sortit du cinéma. Ils étaient au nombre de cinq, deux filles et trois garçons. Ils semblaient avoir apprécié leur séance puisqu'ils rigolaient et discutaient de leurs scènes favorites. Philomène se souvint que lorsqu'elle était lycéenne, elle aussi faisait des sorties avec ses amis. Elle était insouciante. Elle se marrait et disait tout ce qui lui passait par la tête, même lorsque ce n'était pas quelque chose à dire.

Puis en classe de terminale, la jeune fille rigolote mais réservée avec les personnes qui n'étaient que des connaissances, avait osé adresser la parole au garçon qui retenait son attention depuis plus d'un an : Camille, évidemment. Camille qui n'avait cessé de revenir dans l'esprit de Philomène ces derniers temps, pour son plus grand malheur.

Le bad boy, le good boy, le sportif, le gentil, le canon, l'intelligent, le mec caméléon du lycée. Celui qu'elle aurait voulu oublier, surtout dans un moment pareil. Parce que comme beaucoup d'autres jeunes filles, était tombée dans le piège du dragueur. Et son cœur également.

À la longue, il avait réussi à ressortir de la fosse aux lions, mais il avait été sacrément amoché. Avec le temps, ses blessures avaient été camouflées. Seulement elles perduraient toujours au fond. Et elles ressortaient actuellement. Elles étaient là, elles atteignaient le cerveau paniqué de la jeune femme, elles réprimandaient cette dernière d'avoir osé se mettre en danger. Elles lui faisaient comprendre qu'elle était une véritable éponge, incapable de se débarrasser du passé. Et surtout, elles lui faisaient comprendre qu'elle prenait autant de risque avec l'anglais...

Heureusement pour Philomène, la tête blonde de Lloyd vint mettre fin au calvaire que lui imposaient ses blessures profondes. Le pas pressé, un agréable sourire illuminant son visage chaleureux, il avança vers la jeune femme puis s'arrêta à un mètre d'elle. Hésitant, il sourit une seconde fois puis se mordit les lèvres. Son geste, probablement inconscient pour lui, retint l'attention de Philomène. Son petit tic le rendait vulnérable et affreusement mignon. Philo avait subitement envie de passer la main dans ses cheveux longs et blonds. Contrairement aux siens, ils retournaient légèrement sur les pointes.

Quel phénomène cette Philomène 1 (Terminée)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant