20 - La famille, l'essence et l'indispensable

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Jeudi à midi, Philomène se trouva bien embêtée lorsque sa mère la contacta. Ses parents voulaient qu'elle vienne dîner chez eux pour le soir. Apparemment, ils avaient quelque chose d'important à annoncer à leur fille.

La jeune femme avait eu envie de refuser, pourtant elle savait que cela n'aurait pas été juste et respectueux de sa part de ne pas se rendre à la maison de ses paternels. Après tout, ils s'étaient occupés d'elle durant des années. Elle leur devait bien cela, non ?

Alors bien qu'appréhendant une nouvelle dispute, elle avait fini par accepter l'invitation.

— Est-ce qu'elle paraissait calme ? demande Mia, que Philomène s'était empressée d'appeler pour lui faire part de sa situation.

— Oui, et justement, c'est suspect. Ma mère n'est jamais calme à 100% quand il s'agit de parler de mon père.

Mia, qui après avoir traîné sur le mur d'Aaron, était allée sur celui de Kenny et avait peiné à ne pas pleurer en regardant des clichés de son ancien camarade de classe et petit ami par la même occasion, quitta définitivement son écran d'ordinateur pour marcher dans son appartement.

— Arrête ou tu n'auras plus d'ongle, souffla-t-elle en devinant que son amie devait se les ronger.

— Et s'ils m'annoncent qu'ils vont divorcer ?

— Ce n'est pas ce qui est préférable lorsqu'un couple ne s'entend plus ?

La châtaine savait que Philomène tenait à sa famille et ce, même si ces derniers temps, elle avait tout fait pour s'éloigner de cette dernière.

Seulement parce que ses parents s'étaient séparés lorsqu'elle était petite fille, Mia ne voyait pas le divorce comme une étape spécialement monstrueuse. Contrairement aux autres enfants, elle n'avait pas mal vécu la situation. Même si alterner entre deux maisons avait été parfois un peu compliqué, elle avait toujours apprécié de voir ses paternels heureux.

Et elle savait pertinemment qu'ils ne l'auraient pas été, s'ils étaient restés ensemble.

— Je ne veux pas qu'ils divorcent. Je ne supporterai pas d'en voir un malheureux. Je veux qu'ils restent le couple amoureux qui m'a élevée.

Philomène était en mode égoïste. Elle n'arrivait pas à penser aux autres tellement sa douleur était grande. En ce moment, seule l'image parfaite de ses parents qu'elle s'était construite accaparait ses pensées.

— Tu ne crois pas que c'est à eux avant tout de prendre la décision ?

Au fond d'elle, la jeune femme savait que Mia avait raison. Seulement entre en prendre conscience et l'accepter, quelque fois la route était longue.

— Puis ce n'est peut-être pas ce qu'ils veulent te dire, ajouta son amie en entendant le soupir de Philo.

Entendre que Philomène était mal rendait son cœur fragile. Mais la savoir dans cet état la faisait également réfléchir. Elle aussi n'avait-elle pas été égoïste ? Et si Simon aurait souhaité discuter de la fête étudiante ? Et s'il n'avait pas dit n'importe quoi ? Et s'il était vraiment amoureux d'elle ? N'aurait-elle pas dû ne serait-ce que le laisser s'expliquer ?

— Philo ?

— Ils ont toujours été mon modèle. Je ne veux pas qu'ils...

Peu désireuse de finir sa phrase, la jeune femme souffla et resserra sa pression sur la brique de jus de pomme qu'elle avait piqué à un collègue du boulot tandis qu'il avait le dos tourné.

— Ça ne sert strictement à rien de se faire du mal ainsi. On ne sait pas du tout ce qu'ils ont l'intention de t'annoncer. Si ça se trouve, nous sommes à des lieux de la réalité.

Quel phénomène cette Philomène 1 (Terminée)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant