41 - Comme dans les comédies romantiques à deux balles

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Durant tout le début de la semaine, Philomène resta plus que silencieuse.

Le lundi soir, lorsque Mia lui raconta sa journée, elle hocha juste la tête. Puis quand son amie lui demanda des nouvelles de Lloyd, elle se contenta de dire qu'il partait mercredi pour le mariage de son frère. Elle éluda ensuite ses questions en disant que le boulot l'avait fatiguée.

Le mardi ne fut pas différent. Ses pauvres clients ne furent pas spécialement ravis de ses prestations. Quand Philomène le voulait, elle pouvait se montrer très antipathique. Et toutes personnes la connaissant, pouvaient confirmer qu'il valait mieux rencontrer la Philo chiante à l'humour étrange que celle qui donnait envie de se foutre une balle dans la tête.

Comme une routine incassable, le mercredi arriva assez rapidement, bien que les jours semblaient avoir rallongé dans l'esprit de la jeune femme.

Dans un soupir, le menton posé sur la paume de la main, Philomène fixait devant elle. Alors que certains trouvaient la mise en place de machines automatiques pour vendre les tickets avantageuse, car ça leur permettait d'avoir moins de boulot, la blonde elle, se demandait ce que deviendraient les humains, le jour où la technologie aurait réussi à trouver des remplaçants parfaits.

Cela faisait désormais un peu qu'elle se tenait derrière le guichet, souriait aux gens et tendait des morceaux de papier en souhaitant un bon visionnage. Certes, même si ça lui permettait de gagner un peu d'argent, plus le temps passait et plus elle se demandait ce qu'elle foutait de sa vie. Alors que certains partaient en étranger, faisaient le tour du monde, accomplissaient des choses incroyables, elle, elle restait enfermée dans ce cinéma ?

À la base, la jeune femme n'avait pas prévu de travailler là-dedans. C'était d'ailleurs pour cette raison qu'elle avait pris une année sabbatique, dans sa chambre, à surfer sur le net... Bon, OK, Philomène avait bien eu un rêve. Un plus grand ! En effet, ce dernier s'était trouvé lui aussi dans le domaine cinématographique, seulement à la place d'être derrière un comptoir et de jongler entre caisse et sourires, elle avait fantasmé de passer sa vie derrière une caméra.

Parce qu'enfant, elle ne voulait pas devenir danseuse, chanteuse, maîtresse ou vétérinaire, et encore moins actrice, mais elle souhaitait s'occuper de la réalisation de films.

Durant le primaire et le collège, elle n'avait pas arrêté de visualiser des films, de tout genre afin d'être polyvalente. Elle avait fait des petites fiches récapitulatives concernant le synopsis, le jeu des acteurs, et surtout les qualités visuelles et auditives qui rendaient telle ou telle réalisation différente des autres. Philomène avait gardé ses cartes dans des classeurs. Elle en avait trois, remplis à ras bord, et ces derniers étaient toujours dans sa chambre, dans le dernier tiroir de son bureau en bois sur lequel elle avait tenté durant son année de 5ème de faire des tags, entraînée par le générique de Prison Break signé Faf Larage.

Le bon vieux temps...

Puis il y avait eu l'entrée au lycée, les sorties entre amis qui commençaient véritablement, les notes qui chutaient suite à un profond désintérêt pour les cours, sauf ceux d'audiovisuel dans lesquels elle avait toujours déchiré et Philomène avait dit qu'elle ne souhaitait pas poursuivre à la fac mais préférait faire une formation professionnelle. Seulement aucune formation ne l'intéressait, ce qui expliquait le fait qu'elle était restée chez ses parents. La jeune femme n'avait pas eu envie de travailler. Durant des mois et des mois, monsieur et madame Archambaut s'étaient demandé si leur fille allait bien. Était-ce normal que cette dernière jette son linge sale par terre et qu'Ingrid fasse encore le lit de la blonde ?

C'était après une longue année, que la jeune femme s'était vue obligée de se bouger. Un soir, son père, en rentrant du boulot, lui avait dit qu'il ne voulait plus élever une faignante comme elle. Ce jour-là, Philomène avait voulu partir de la maison. Seulement elle n'avait nulle part où aller et surtout pas un rond. Cette conclusion lui avait fait l'effet d'un électrochoc...

Quel phénomène cette Philomène 1 (Terminée)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant