38 - Ça passe ou ça casse

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Samedi après-midi, ce fut sur le point de passer l'arme à gauche que Damian se retrouva devant l'enseigne du cinéma où travaillait Philomène. Il ne lui restait que très peu de temps avant de débuter son année de master 1, aussi, il s'était dit que s'il devait tenter de rabibocher les choses avec son amie, c'était maintenant ou jamais.

Puis il y avait eu les arguments d'une certaine Stéphanie aussi qui avaient fait pencher la balance.

Allez, tu peux le faire ! se motiva Damian en soufflant un bon coup.

C'était comme si on venait de lui annoncer que le plus gros partiel de sa vie avait lieu dans une heure et qu'il n'avait pas pu s'y préparer. Le jeune homme avait l'impression de suer à grosse goutte malgré le vent plutôt frais pour cette fin de septembre.

Trois mots, tu as juste à dire trois petits mots. Ça passe ou ça casse. En cas de carnage, tu fous le camp et c'est tout.

Trois mots, ce n'était probablement rien pour certains, mais c'était beaucoup pour Damian, du moins en ce moment. Pourtant, parce qu'il avait promis à Stéphanie de faire quelque chose (ou plutôt d'y réfléchir) et qu'il savait au fond de lui, qu'il devait des excuses et surtout des explications à Philomène, l'étudiant gravit les marches menant au cinéma. Angoissé comme pas possible, il poussa une des portes d'entrées.

Il ne lui fallut pas longtemps pour repérer la guichetière. Coiffée bizarrement, elle était celle qui bougeait le plus malgré sa place derrière le comptoir et surtout celle qui parlait le plus fort.

L'ancienne Philomène semblait être de retour. Du moins à 75%. Est-ce que cela voulait dire que Lloyd avait mis les voiles ? Si Philomène avait été à nouveau célibataire, Simon le lui aurait dit, non ?

Durant deux bonnes minutes, Damian resta immobile, à regarder la blonde. Elle avait toujours été vive et brute dans ses mouvements, c'était d'ailleurs une chose qui l'avait déstabilisé au départ. Les filles qu'il avait pu rencontrer avaient toujours été délicates. Philomène était tout l'inverse. Un homme ou presque, coincé dans le corps d'une femme, mais avec les attentes justement d'une femme. Même à présent, avec cette explication, le futur mathématicien réalisa qu'il décrivait mal son amie.

Le sourire, bien que faux, de Philomène se stoppa soudainement. Ses yeux clairs venaient de se poser sur Damian. Son visage, jusque-là un peu contrarié, devint carrément livide. Bien, désormais qu'elle l'avait aperçu, il était temps d'avancer. Jamais le jeune homme n'avait trouvé quelques pas si difficiles à faire. Mais à force de coup de pied au derrière et de courage, il finit par arriver devant le comptoir de la guichetière.

— Bonjour, que désirez-vous ? demanda froidement Philomène en fixant l'écran de sa machine, pas décidée à échanger un regard avec l'hypocrite.

Durant une fraction de seconde, le jeune homme se surprit à planter. « Quel film désirez-vous voir ? » aurait probablement évité à l'étudiant de penser à une réponse déplacée vu les circonstances. Parce que oui, répondre un simple « nous », ça ne passerait sûrement pas avec Philomène.

— Euh, salut. C'est moi, Damian.

Que tu es idiot, bien sûr qu'elle sait que c'est toi, soupira-t-il pour lui-même.

— Bon monsieur, souhaitez-vous voir un film, oui ou non ?

Que répondre à une telle question ?

— Écoute Philo, je voulais m'excuser pour l'autre fois.

— Je ne vous permets pas de familiarité avec moi. Soit vous venez pour acheter un ticket, soit vous repartez. Parce qu'aux dernières nouvelles, comme vous pouvez le voir, je suis sur mon poste de travail, monsieur l'hypocrite de mes deux ! souffla-t-elle cette fois-ci entre ses dents.

Quel phénomène cette Philomène 1 (Terminée)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant