Monsieur Dramé entra dans la salle de rédaction. Il était 8h15 minutes, l'heure de début de la conférence de rédactiaon.
-Bonjour! Est ce que nous avons des événements à couvrir aujourd'hui? Demanda t'il.
-Oui nous avons une conférence de presse organisée par le ministère de l'intérieur et une visite au niveau du port autonome de Dakar pour présenter de nouvelles installations. Répondit un monsieur un peu dodu avec un accent ivoirien ou togolais. En tout cas il n'était pas un Sénégalais.
D'ailleurs est ce qu'il y avait un seul Sénégalais ici ... C'est la question que je me posais.
-D'accord Raphaël. Autre chose ? Dit Monsieur Dramé
Silence totale dans la salle.
-Les gars, les gars je ne vous sens pas! Proposez des sujets ne vous limitez pas seulement aux demandes de couverture. Il n'y a aucun événement sur l'Agence de Presse Sénégalaise?
-Non.
Une réponse en choeur... donnée par la majorité des personnes qui étaient présentes.
-D'accord actualité internationale ? Quelque chose de nouveau sur l'Agence France Presse ?
-Oui il y a un sujet sur la Palestine. 5 morts dans un attentat. Nigeria, Boko Haram revendique une attaque à la voiture piégée dans l'Etat d'Adamawa.
Informations données par une femme de teint clair, un peu grosse, chignon bas, lunettes calées sur le haut du nez, veste de couleur grise sur un chemisier noir avec des rayures blanches, pantalon noir.
Je ne l'aime pas. Pourquoi? Rien. Nous les femmes sommes capables de voir une personne et de ne pas l'aimer. Ceci sans raisons. Cette femme qui venait de parler ne me plaisait pas.
-Merci Sokhna. Autre chose?
-Il y a aussi le Président de la France qui fait une tournée en Afrique. Les étapes sont une visite au Tchad, au Nigeria et enfin en Côte-d'Ivoire.
-D'accord Natacha. C'est bon. Fin de la reunion. Tâchez de trouver des sujets de reportage à faire pour la prochaine réunion de rédaction c'est à dire demain. Nous sommes une chaine de télévision bon sang! Bon, nous avons une nouvelle stagiaire. Neyla Ndiaye travaillera desormais avec nous. Neyla soyez la bienvenue.
-Merci. Ai-je à peine murmuré.
Monsieur Dramé se leva et me présenta à mes futurs collègues.
-Voici Raoul Seri, il est le plus ancien parmi les journalistes de la rédaction et il est Ivoirien. Lui c'est Mansour Badji, Journaliste également. Les autres membres de l'équipe sont Natacha Sene, Nafi Biagui et Fatou Dem. Comme vous le voyez les femmes sont bien représentées.Je saluais chacun avec le sourire. Natacha et Nafi me toisèrent. Fatou semblait indifférente. Les hommes, je les ai à peine regardés car en général ils n'ont pas de problème contrairement aux femmes.
Je retournais à ma place après avoir fait le tour des bureaux: rédaction, salle de montage, secrétariat... Il y avait beaucoup de monteurs et cameramen! Super j'adore travailler avec les hommes ...
Pourquoi? Comme je l'ai dit plutôt ils ne sont pas dans le détail... Du moins c'est ce que je croyais.
Ma première journée de travail n'était pas compliqué, j'ai juste eu à réécrire quelques dépêches prises sur l'Agence France Presse. Bon pas si facile que cela car Fatou qui avait corrigé mes papiers m'avaient souligné quelques erreurs commises en écrivant. J'aime que l'on me corrige car j'adore être parfaite et pour être parfaite il faut accepter les corrections.
Bien sûr, corriger ne veut pas dire critiquer ou juger, ce que beaucoup de personnes ne comprennent pas.
Je suis également allée en reportage au port autonome de Dakar. Un reportage assez difficile quand même j'avoue! J'accompagnais Raoul et je le regardais faire ses interviews, poser des questions et je prenais des notes dans ma petite tête de petite stagiaire. 1m55, 50 kilogrammes, Sophia Ndiaye est vraiment petite, j'avoue. C'est mon charme cependant, du moins je crois.
Le reportage consistait à faire le tour du Port Autonome de Dakar, une visite dirigée par le ministre sénégalais de la pêche, Oumar Gaye. Il y avait une ribambelle de journalistes présents, des vrais et des faux ou communément appelée "la racaille". Ces journalistes chasseurs de perdiem, qui courent de séminaires en séminaires, d'ateliers en ateliers, de panels en panels avec un seul but: avoir un 5000 ou 10000 francs Cfa qu'ils réclament avec hardiesse aux organisateurs. La plupart ce sont de pauvres chargés de communication qui se retrouvent à la fin des cérémonies, au milieu de vautours voraces qui réclament "le transport".
La plupart d'entre eux ne sont dans aucun média, ils vérifient juste quels sont ceux qui sont représentés par des journalistes, lorsqu'ils se rendent compte que telle ou telle organe de presse n'est pas représentée, ils se font passer pour des journalistes y travaillant. A défaut ils inventent des noms de site web qui n'existent pas. La racaille est une corporation dans notre corporation très solidaire, lorsque l'un d'entre eux, présent à une cérémonie se rend compte qu'il est possible d'y avoir de l'argent, il appelle le reste des membres. Au début ils étaient un ou deux, maintenant en 2018, ils sont près d'une dizaine, hommes et femmes confondus. Ils ne manquent pas aussi de rester aux cérémonies qu'ils prétendent couvrir jusqu'à la fin pour assister aux cocktails ou petits-déjeuners offerts. Si ils sont chanceux, ils peuvent en une journée non seulement prendre le petit-déjeuner, le déjeuner et un goûter en allant d'un endroit à un autre, mais ils ont aussi 10000 à 20000 francs Cfa.
C'est dommage comme situation pour notre cher métier. Les faux ont terni l'image des vrais.
Bref revenons, à notre reportage! Je disais donc que l'on devait voir les nouvelles installations du port. Une visite longue, sous un soleil de plomb! J'étais épuisée, j'avais soif, pour un premier jour de travail, ce n'était vraiment pas de la tarte hein.
-Mademoiselle, vous allez bien? Dit un homme de teint, disons marron foncé, un carnet et un stylo à la main plus un dictaphone.
-Bonjour.
-Vous travaillez à Africa Info?
-Oui.
-Ah j'ai une ancienne camarade de classe là-bas, Fatou. Vous la connaissez ?
-Oui. Heu pas trop, j'ai commencé à y travailler aujourd'hui.
-Ah d'accord, vous y êtes stagiaire?
-Oui.
Wa ki meunoul ladietei! Il pose vraiment beaucoup de questions dei!
-Bonne chance à vous. Pourrais-je avoir votre numéro de téléphone s'il vous plaît?
Aka eupeul! Tei fouye! Il vient de me voir et il me demande mon numéro de téléphone! Ah ces hommes, toujours derrière de nouvelles conquêtes.
Je ne lui ai même pas répondu, je me suis juste déplacée. Je ne comptais nullement lui répondre! Euppeul ba dei.
Je rejoignis Raoul et nous avions presque fini le travail. Sur le chemin du retour il me posa quelques questions sur le reportage, qu'est ce que j'avais retenu et il me demanda d'écrire un papier une fois au bureau.
Wouaw! J'allais écrire mon premier vrai article! J'étais excitée à l'idée de le faire. J'avais appris à écrire à l'école, mais l'apprentissage et la pratique ne sont pas toujours pareils.
J'avais tout fait pour écrire le meilleur de moi, mais lorsque j'ai présenté le papier à Fatou pour qu'elle le corrige, elle a souri. Je ne sais pas pourquoi, mais c'était la seule en qui j'avais eu confiance pour lui poser des questions, lui donnait des papiers à corriger... Une question de feeling peut-être.
Après avoir lu mes écrits, elle corrigea et m'appela! Wouaw, il y avait beaucoup de rouge. Pas de fautes d'orthographe ou de grammaire, elle m'a fait savoir que chaque rédaction a une manière particulière d'écrire. A Africa Info, la description était celle qui était préférée, dans la mesure où il s'agissait de la télévision, il fallait faire parler les images. Elle m'a aussi fait savoir que le papier n'était pas structurée, l'information devait se trouver au plus loin dans le premier paragraphe. Mois je l'avais mis presque à la fin.
Et c'est ainsi que se passait toutes mes journées de travail, réunion de rédaction, propositions de sujets, reportage sur le terrain, rédaction, montage et diffusion! J'adorais mon job, j'aime ce métier, j'aime le journalisme car c'est ma passion.
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Oser L'Amour Au Bureau (TOME 1)
RomanceUn amour qui naît au bureau entre deux collègues. Une fille battante qui doit choisir entre sa vie professionnelle et amoureuse. Un choix osé et risqué... Une histoire d'audace ...