L'amour efface les larmes (suite et fin)

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Georges m'embrassa, j'adorais sentir ses lèvres sur les miennes. Je ne sais si c'est parce qu'il embrassait bien ou parce que je l'aimais. Naturellement je n'aime pas cet échange de sécrétion durant le baiser. Ces langues qui s'entrelacent, je n'aime, ce n'est pas du tout mon dada.

Donc, c'est sûrement parce que je l'aimais, encore que je pouvais m'en passer. C'est bizarre quand même, je ne rechigne pas à être embrassée mais je ne suis pas une chercheuse effrénée de baisers.

D'ailleurs je me rappelle de la première où j'ai embrassé un homme, j'ai eu des nausées durant les 48 heures qui ont suivi.

-On fait l'amour?

-Pourquoi? J'ai envie de toi.

-Et moi, j'ai envie de ton lit.

-S'il te plaît bébé, juste un peu.

-Un peu woo, beaucoup wo, non je n'en ai pas envie.

-Je vais te violer alors.

Georges disait cela en essayant de remonter ma robe, caressant mes cuisses.

-Georges tu sais que j'ai soif?

-Oui comme moi j'ai soif de toi.

-Tu sais que tu ne peux rien avoir de moi si je ne le désire pas?

Il ne me répondit pas.

-Je sais que tu le sais. Wa ne me cherche plus de l'eau, je vais descendre et aller dire à ton grand-père de m'en donner.

-Lol, il va te chasser de la maison.

-Oui et il va te rabrouer.

-D'accord je vais te chercher de l'eau. Tu as besoin d'autre chose?

-Oui, des bonbons à la menthe.

-Tu veux que je sorte de la maison pour aller à la boutique juste pour te chercher des bonbons à la menthe?

-Oui. 

-Pff...

En fait j'adorais le fatiguer. Après une journée si terrible il fallait bien que je me défoule sur quelqu'un. Et lui était mon meilleur défouloir...

Les quelques moments que j'ai eus à passer chez lui m'avaient oublié les raisons pour lesquelles je m'étais mise à pleurer. Le temps qu'il ne parte me chercher ce que je lui avais demandé, je m'étais déjà endormie. C'était l'effet naturel de son lit. A son arrivée, il ne me réveilla pas, il s'allongea juste à mes côtés.

Quand je me suis réveillée, il était 20 heures!

-Oops! Maman va me tuer! Pourquoi tu ne m'as pas réveillée?

-Je voyais que tu dormais profondément.

-Je suis épuisée.

-J'ai remarqué. Tu as ronflé, pété...

-Menteur! Pff, même en dormant, je suis civilisée moi.

-Mouais c'est ça.

-Wa légui, donne moi de l'eau.

-Elle est là, je suis sûre que tu n'avais même pas soif. Tu voulais juste me fatiguer.

J'ai souri. Il avait raison en fait. Ce jour là, je suis rentrée le cœur plus léger qu'il ne l'était à mon arrivée. J'étais contente, satisfaite, heureuse. Il y en a de ces personnes qui ont cette capacité de toujours vous rendre le sourire peu importe la situation.

Arrivée chez moi, ma mère avait un visage triste. Je pensais que c'était à cause de mon retard mais il ne dit rien à ce sujet. J'avais beau lui poser des questions, elle me disait que tout allait bien et ceci malgré le fait qu'elle pleurait.

-Maman qu'est-ce qu'il y a?

-Rien.

-J'ai fait quelque chose qu'il ne fallait pas?

-Non.

-Tu as un décès?

-Non.

Je n'ai pas insisté, nous étions seules dans la maison, je savais qu'elle me dirait ce qui n'allait pas lorsqu'elle en sentirait le besoin. Depuis l'âge de onze ans ou dix ans, je consolais déjà maman qui pleurait. J'étais habituée à la voir pleurer pour une raison ou une autre. Quand j'étais à l'école primaire, je la voyais affalée sur le lit ayant sorti toutes les larmes de son corps. Je ne comprenais pas ce qui se passait mais je lui disais "ma nopil". J'avais passer la quasi totalité de ma vie à dire "ma nopil, maman arrête de pleurer, maman loy dioy". J'avais tellement dit cette phrase que c'était devenu une routine. 

Le lendemain avant de partir au bureau elle me dit de ne pas m'inquiéter et que c'était juste passager. Elle m'avait fait savoir que sa situation actuelle ne lui plaisait pas, c'est la raison pour laquelle dès fois elle pleurait mais ce n'était rien de grave, je pouvais aller travailler en paix.

Dans le car rapide, ma tête était ailleurs. Je repensais aux mots de notre Directeur, aux larmes de ma mère, aux habits que je portais, à notre pauvreté. La charge était tellement lourde sur mes épaules. Je ne demandais pas que Dieu l'enlève mais que Dieu me donne les moyens et la force pour les supporter. Je n'avais pas peur de la charge, j'avais juste peur de flancher.  Je me demandais aussi, qu'est ce qui m'attendrait aujourd'hui au bureau.

Heureusement, que ce jour-là le chef était absent, il était parti en voyage. Je priais pour que cela dure des mois. Je n'avais pas peur de lui, il m'avait déstabilisé. Raoul m'avait confié un reportage, un défilé de mode précisément qui devait commencer vers 19 heures dans un hôtel très classe situé  dans le centre ville.

Je devais descendre un peu plus tôt, rentrer chez moi et changé d'habits. Mais qu'est ce que j'allais bien pouvoir porter pour y aller? Ah je vais appeler mon amie Yacine, à défaut de me prêter de quoi porter elle pourra peut-être me prêter de l'argent.

Yacine était ma partenaire de grande, grande, grande galère. Une amie, une sœur, une complice. Nous avons beau rester des mois, voire des années sans nous voir, elle est toujours dans mon cœur. Je peux l'appeler, lui parler de tout, de rien. Entre elle et moi il n'y a pas de sujets tabous, parce que nous avons un passé qui nous appartient et qui nous lie à  jamais.

En effet, nous étions dans le même lycée. Au début nous n'étions ni amies ni proches. A l'époque je ne connaissais pas encore la misère, du coup j'étais un peu une petite chipie, hautaine, soff... Elle et moi n'avions pas les mêmes réalités... 

D'ailleurs je ne sais pas à quel moment précis, nous sommes devenues si proches et si liées. Je me rappelle juste qu'elle était venue loger chez moi quelques temps bien après l'obtention du baccalauréat. 

Je lui avais fait savoir que nous vivions ma mère et moi dans une petite chambre mais nous pouvions l'accueillir. L'espace dans une maison ne dépend pas du nombre de chambres mais plutôt de la grandeur du cœur. 

Oser L'Amour Au Bureau (TOME 1)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant