Expulsion (suite et fin)

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Et zut ! Mon reportage. Je n'ai même plus l'âme en fête comme tout à l'heure. La vie est vraiment injuste dès fois mais quoi qu'il arrive nous n'avons qu'un seul choix, affronter, se battre et aller de l'avant.

Je n'avais aucune envie de retourner chez mon père. Une longue et complexe histoire dont je parlerais peut-être un jour...

Maman pleurait donc hier et ce matin parce qu'elle savait qu'elle devait quitter notre appartement.
Je n'aime pas le fait qu'elle puisse retourner dans sa maison familiale mais c'est quand même mieux que de continuer a payer la location alors qu'elle n'en a pas réellement les moyens.
Chez elle à Rufisque, elle n'y avait certes plus de chambre, mais il y avait son père et ses soeurs. Quoi qu'il puisse arriver c'était sa maison.
-Tu amènes toutes nos affaires à Rufisque avec toi? Lui ai-je demandé?
-Non ma fille juste mes habits et effets personnels. Le reste ira chez ton père.
-Hum... Il est d'accord ?
-Oui, tu sais que ton père a un coeur en or et si cela ne tenait qu'à lui nous ne traverserions jamais de telles épreuves.
-Oui c'est vrai. Tu comptes rester à Rufisque combien de temps? Éternellement ?
-Non je reviendrais vivre à Dakar avec vous mes enfants. Je ne peux pas vous laisser chez votre père pour toujours et je ne peux pas aussi vivre très longtemps loin de vous. Prends soin de ta petite soeur et de ton petit frère; sois leur père et leur mère.

Elle versa quelques larmes. Je n'ai pas pleuré car je refusais de le faire. J'étais fatiguée de pleurer...

Papa arriva. Nous nous sommes salués.

-Encore une fois... Dit -il.
-Oui encore une fois papa.
-Vous auriez du venir vivre chez moi depuis longtemps. C'est beaucoup mieux que de courir de quartiers en quartiers, d'appartements en appartements.
-Cela est impossible Papa et tu le sais. Maman est digne et elle restera digne. Vous êtes divorcés, elle n'avait pas le choix.
-Elle a divorcé. Je n'ai pas divorcé d'elle.
-Ohlala... Paa tu es trop amoureux de maman. Fallait y penser avant.
-Avant quoi?
-Avant quand elle disait que la maison de ton père n'est pas ta maison. Quand elle disait qu'elle est maraboutée, que vous êtes maraboutés pour tomber dans la pauvreté et divorcer. Si tu l'avais écouté nous n'aurions certainement pas eu autant de problèmes...

Cette manie que les hommes ont de croire qu'ils ont toujours raison ou que leurs familles sont composées de saints et saintes, a conduit à beaucoup de divorces et familles dispersées aujourd'hui...

Mon père comme beaucoup d'hommes, avait tendance à qualifier les plaintes de ma mère comme des détails. Des choses insignifiantes qui ne valaient pas la peine d'être dites ou réglées.

Pourtant dans ce ménage, ma mère en avait vu des vertes et des pas mûres. Je me rappelle de tant et tant d'événements... Des événements et actes tellement douloureux qui ont eu lieu dans cette maison qu'ils méritent un livre entier qui pourrait s'intituler "Et ma mère pleura"...

-Tu as un reportage non? Dit subitement maman.
-Oui, mais là je ne sais même pas si je dois y aller ou non.
-Pars chez ton père pour te changer. De là tu te prépares pour aller travailler. Nous allons nous occuper des bagages à transporter .
-D'accord. ..

Je partis le coeur lourd. Le simple fait de me rappeler de ces événements font perler quelques gouttes de larmes sur mon visage. Je ne voulais pas pleurer mais je ne pouvais plus retenir mes larmes. Je savais a quel point c'était dur pour ma mère de devoir partir et laisser sa famille derrière elle.
Pourtant ma mère était tellement bien partie. Elle était promue à un destin de rêve, envier par toutes les personnes qui la fréquentaient ou non, qui la connaissaient ou non.

En effet, elle s'est mariée relativement jeune à l'âge de 22 ans. À l'époque, mon père était chef de services dans une grande société de la place. Nous ne manquions de rien. Étant l'aînée j'ai eu à profit de nos années disons d "oppulence". Première fille de son père et de sa mère après de longues années de mariage, gâtée à souhait, ayant fréquenté les  grandes écoles privées de Dakar, voiture et chauffeur à notre disposition.
J'étais la petite princesse de toute une famille entière. La prunelle de mon père qui ne lésinait sur aucun moyen pour satisfaire ses enfants, sa petite famille, sa femme et évidemment les autres, les vautours et les rapaces...

Ce fût la belle époque. Je me rappelle d'ailleurs de mes balades avec mon père dans sa voiture, qui m'amenait et me ramenait de l'école. Je me rappelle des jeunes du quartier qui venaient chez nous pour regarder la télévision, suivre des films avec notre lecteur de vidéo, de notre grande chambre qui était tellement bien ornée, remplie de jouets, de nos deux bibliothèques remplies de livres, de bandes dessinées...
Ahlala qu'est ce que le destin peut être cruel dès fois!

Oser L'Amour Au Bureau (TOME 1)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant