Au lendemain de cette fameuse soirée, Dramé (il ne méritait plus le titre de Monsieur à mes yeux, il n'avait plus mon respect) avait continué le même comportement qu'auparavant. Ce qui me laissait perplexe, car je me demandais comment pouvait-on crier sur une personne au point de la faire pleurer pour ensuite venir faire comme si de rien n'était. Mes collègues disaient qu'il était ainsi. Il avait la capacité de changer d'humeur en une fraction de seconde. Non pas, parce qu'on lui avait fait quelque chose ou parce que le travail était mal fait, mais parce qu'il était ainsi. Moi, je n'arrivais pas à me faire à cette idée, je n'arrivais pas à comprendre son attitude. En plus de tout cela, j'avais du mal à oublier. Je suis trop rancunière de ce fait nos relations étaient devenues très froides car je n'avais pas peur de lui mais je me méfiais.
Je trimais au sein de l'entreprise pour gravir les échelons, pour au moins avoir un petit contrat à durée déterminée. De reportages en reportages, d'articles en articles j'avais enfin pu quitter mon statut de stagiaire simple. Après 3 mois, mon salaire passa de 100000 à 250000 francs CFA mais je n'avais pas encore de contrat de travail.
Avec ce que je gagnais par mois, je contribuais à la dépense quotidienne comme il se devait dans la maison de papa.
J'essayais de rendre la maison un peu plus vivable et je projetais même de la repeindre et pourquoi pas la reconstruire un jour? La rendre propre était cependant peine perdue, la saleté sur les carreaux plus le poids de l'âge rendait la tâche difficile.
Je me sentais de plus en plus à l'étroit, mon horloge alimentaire était déréglée et je maigrissais à vue d'œil. J'étais habituée à la bonne cuisine de ma mère, qui lorsqu'elle préparait même de la bouillie de mil était délicieux.
Plus le temps passait, plus j'étais persuadée qu'il fallait que je trouve un moyen de la faire revenir...
Pendant ce temps-là, je devenais de plus en plus amoureuse de Georges. Il n'y avait pas un seul homme qui m'intéressait, je ne voulais que lui. Je passais mes journées à rêvasser par rapport à nous, je m'imaginais déjà son épouse, dans notre maison avec notre petite famille.
Même si il manquait de romantisme, même si il ne me montrait pas ses sentiments comme je le souhaitais, j'étais heureuse de l'avoir dans ma vie. C'était ainsi jusqu'à ce que je me mette subitement à grandir, à réfléchir et à voir les relations hommes-femmes d'une autre manière.
J'avais commencé à lui trouver des défauts qui peut-être il n'avait pas en réalité, il ne réussissait plus à me faire sourire, cet amour d'adolescents commençait à se muer en quelque chose que je ne comprenais pas à l'époque. Aujourd'hui j'ai compris ce que c'était.
En effet, au fur et à mesure que j'étais à ses côtés, j'avais accumulé une série de frustration qui étaient dues non pas à cause de ses gestes ou manquements; mais plutôt à ses paroles. En plus de tout cela, sa personnalité difficile à cerner me donnait l'impression d'être souvent sur un terrain glissant lorsque je lui parlais. Paroles blessantes, remarques désobligeantes et j'avais l'impression qu'il ne se rendait pas compte de cela.
De nature, je retiens plus les mots que les actes; de ce fait certaines phrases pouvaient retentir de nombreuses fois à mes oreilles qu'elles aient été dites de vive voix ou écrites.
Comme on le dit en wolof "dama gawa guiss sama bopp"... Un défaut? Peut-être... Acela s'ajoutait sa jalousie me pompait l'air, son manque de confiance en moi, ses questions à la fois loufoques et insultantes; je le supportais de moins en moins. Pourtant je n'étais pas amoureuse d'une autre personne mais j'étais de moins en moins amoureuse de lui. Pour combler tout cela notre relation était devenue très routinière et j'avais envie d'en sortir de manière définitive.
Le seul hic? J'avais l'impression qu'il y avait une sorte d'aimant qui me ramenait toujours à lui, c'était comme si ma vie, ma stabilité tournaient autour de lui. Il était mon centre de gravité, ne pas l'avoir à mes côtés me donnait l'impression d'être perdue, seule. Tant que j'avais ce ressenti en moi, il m'était impossible de vivre sans lui. Je rencontrais des hommes, mais aucun ne se présentait comme étant mon âme sœur ou ma complémentarité.
Je le supportais cependant de moins en moins, non pas parce que je ne l'aimais plus mais parce qu'il avait l'art de me dire des paroles blessantes allant même jusqu'à me dire :"je n'ai pas trop confiance en toi, je ne pense pas que tu ferais une bonne femme, une bonne maîtresse de maison"... Il avait peut-être raison, mais lorsqu'il m'a dit cela alors que j'étais couchée sur son lit et que lui étais assis sur le rebord, j'ai eu l'impression que je me réveillais brusquement d'un rêve.
Wouaw, donc pendant tout ce temps Georges a des doutes sur ma possibilité de le rendre heureux ou d'être une bonne maîtresse de maison? Qu'est ce qu'il faisait avec moi alors? A cet instant précis, j'avais rompu avec lui, je ne lui avais rien dit, j'avais juste souri. Notre relation continuait comme toujours et ma haine envers lui grandissait. Je restais parce qu'à côté de cette haine, il y avait un amour tellement intense que je ne pouvais pas partir comme ça, j'allais beaucoup trop souffrir. Mais qu'aurais-je pu espérer avec lui?
Ainsi, au fil du temps, j'ai fini par m'éloigner, je me suis forcée à le sortir de ma vie prétextant la religion. D'une part j'avais raison, je grandissais et je savais que ma religion ne tolère pas ce type d'union, d'autre part c'était la meilleure excuse que j'avais trouvée.
Cette rupture volontaire avec lui me déprimait encore plus que l'ambiance morose qu'il y avait au bureau. Au moins, avec Georges, j'avais la possibilité de fuir les tracas du quotidien, maintenant que je l'avais sorti de ma vie, je n'avais plus d'échappatoire.
J'adorais mon boulot mais je détestais le bureau, notre patron était invivable. Il avait des côtés positives mais je ne les voyais plus car lui aussi je le détestais. Oui, je suis rancunière et c'est un vilain défaut...
Quelques jours après avoir décidé de rompre réellement avec Georges, j'arrêtai le boulot. J'avais besoin d'une pause pour savoir si réellement il est possible que je puisse m'épanouir dans un lieu de travail ou le propriétaire m'insupportait. J'avais pris mon dernier salaire avant l'arrêt pour le donner à ma mère afin qu'elle puisse chercher un appartement et revenir à Dakar.
Elle ne supportait plus de vivre loin de ses enfants et moi je supportai de moins en moins le regard et les moqueries des autres. D'ailleurs un jour une amie à qui je prêtais des pantalons quand j'en avais les moyens est venue me dire "hum, seine poukhouss bi (minuscule chambre)" pointillant chaque mot de rires... Oubliant qu'il fût un temps où elle dépendait de moi pour s'habiller... Et oui la roue tourne.
Pour oublier Georges, je discutais souvent avec plusieurs garçons à la fois à travers les réseaux sociaux... Un jour l'un d'entre eux, Khalifa, m'invita à jouer au billard. J'avais déjà aménagé dans le nouvel appartement de maman, j'avais pris le soin d'acheter un nouveau salon, des meubles, un tapis... J'avais réussi avec mes propres moyens à nous trouver, ma mère, ma petite sœur et moi, notre chez nous.
Khalifa était venu me chercher dans une voiture dont je ne me rappelle plus la couleur, il était avec un ami qu'il me présenta comme son meilleur ami. Celui-ci s'appelait Maktar et était plus beau en tout cas à mes yeux que Khalifa.
Arrivée à la salle de billard, Maktar se proposa pour m'apprendre à jouer lorsqu'il eût attraper ma taille, j'ai senti des frissons wouaw. En plus de cela, j'adorai son parfum et je n'avais pas envie qu'il me relâche.
Khalifa ne m'intéressait pas dans le cadre d'une relation amoureuse, mais Maktar oui... Ce que j'ignorais c'était qu'à cet instant précis Satan était présent dans la salle et avait réussi à faire naître des sentiments en moi à l'égard de ce garçon qui m'apprenait à jouer au billard.
Le hasard qui avait mis Georges dans ma vie relève du miracle de Dieu, ma rencontre avec Maktar était une illusion créée par le diable.
Plus les jours passaient, plus je pensais à lui j'avais envie de le revoir. Trois jours après j'ai dit à Khalifa qu'il ne m'intéressait pas mais son ami si, il m'a dit ''comment quelqu'un que tu connais à peine peut t'intéresser, Sophie tu ne le connais pas et tu ne sais pas quel type d'homme il est". J'avais répondu "qui ne tente rien n'a rien", il n'avait pas insisté et me répondit "ça tombe bien, tous ces jours-ci il me demandait ton numéro, je vais le lui donner, il t'appellera sûrement". Il me donna également le sien, sans savoir pourquoi je l'ai enregistré en écrivant "King"...
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Oser L'Amour Au Bureau (TOME 1)
RomanceUn amour qui naît au bureau entre deux collègues. Une fille battante qui doit choisir entre sa vie professionnelle et amoureuse. Un choix osé et risqué... Une histoire d'audace ...