Oser L'Amour Au Bureau (TOME 1)

Doutes...

Quand je quittai son bureau, mes larmes perlèrent sur mes joues, je ne tremblais pas certes mais je me sentais très faible. En tant que stagiaire, qui commençait à prendre ses marques, à avoir confiance en moi malgré le fait que j'étais une débutante, je venais de perdre tout ce que j'avais acquis en ces quelques jours grâce à mon travail.

Je rejoignis Cheikhna dans la salle de montage, il me donna de l'eau à boire.

-Calmes-toi, arrêtes de pleurer. Tu sais si tu dois pleurer à chaque fois qu'il devra te crier dessus, tu n'auras plus de larmes. Il est comme ça, il a l'habitude de crier sur ses employés. Dit Cheikhna, qui semblait réellement affecté par mes larmes.

-Il m'a dit que je lui ai mal parlé et que des employés lui ont dit que je suis insolente. Tu étais présent, est-ce que je lui ai mal parlé. Je parlais en hoquetant et en essayant de sortir les mots de ma bouche entre larmes et morves qui coulaient du nez.
-Non, tu ne lui as rien dit de grave, mais lorsqu'il a envie de crier sur toi, il le fait sans état d'âme et toutes les raisons sont bonnes pour se justifier. Ne pense pas qu'un seul employé est allé à son bureau pour lui dire que tu es une mauvaise personne, non, personne ne ferait cela. Quand il veut faire des reproches à quelqu'un au lieu d'assumer que c'est lui qui est à l'origine, il met cela sur le dos des employés, les mettant ainsi en mal avec toi. C'est sa nature... Tu fais bien ton travail, continues, n'acceptes plus qu'il voit tes larmes c'est comme si il avait une victoire sur toi.

J'écoutais Cheikhna en me demandant si j'étais prête à être au service d'un homme qui était comme il l'avait décrit.

-Cheikhna, je vais démissionner.
-Tu vas démissionner après ta première chute, tu vas démissionner parce que ton patron a haussé le ton avec toi?

-Oui, personne n'a jamais autant haussé le ton avec moi comme lui il vient de le faire.

-La majorité des chefs d'entreprise sont comme cela, hautains, peu respectueux envers leurs employés, stressants, impolis... Mais ce n'est pas à cause de cela que tous les employés démissionnent. Il faut avoir un mental d'acier pour pouvoir évoluer dans une entreprise que cela soit ici ou ailleurs. Ce que tu évites ici ou ce que tu aimerais fuir, tu le trouveras ailleurs. Tu partiras, il trouvera un autre employé mais est-ce que toi tu trouveras un autre emploi?

-Cheikh, Dieu existe... Si je quitte Dieu m'aidera à trouver un autre emploi, j'ai confiance en Lui.

-Dieu existe, Dieu t'a déjà tendue la perche en te trouvant un bon boulot et Dieu ne t'avait jamais dit que cela serait facile. Bats-toi et imposes toi...

J'écoutais Cheikhna, j'avais mal, mais il avait raison. La vie en entreprise n'est pas toujours facile, c'est une lutte quotidienne et il faut une force, une volonté, une abnégation immenses pour arriver à ses fins. Arriver là où on voudrait arriver...

Peut-être qu'un jour c'est moi qui aurais mes propres employés. La roue tourne, ce n'est pas parce que l'on dirige aujourd'hui que l'on doit penser que toutes les personnes qui sont à notre service ou derrière nous sont des esclaves, des serpillières sur lesquelles on peut s'essuyer les chaussures à chaque fois qu'on le désire. 

Malheureusement ceux qui payent les salaire, pour la plupart en tout cas, croient que leurs employés, qui travaillent à la sueur de leur front; ne méritent ni respect ni considération. Pourtant sans employés compétents une entreprise est vouée à l'échec. Nombreuses sont les entreprises auxquelles les employés ne s'identifient pas, sont tout le temps à la quête d'un autre emploi, sont frustrés non pas parce qu'ils sont mal payés, mais plutôt parce qu'ils sont mal traités. 

Le volet humain est important dans les relations humaines surtout dans le cadre professionnel. Il ne s'agit pas d'être amis ou trop familiaux, il s'agit juste de se respecter, de se considérer et de savoir que peu importe son statut dans la société, chaque employé a un cœur et des sentiments.

Ne pas être payé crée la frustration, mais ne pas être respecté, en crée encore plus. Dommage pour moi car Monsieur Dramé faisait partie de ses patrons qui mettaient ses employés dans de bonnes conditions mais n'avait aucun respect à leur égard à moins que cela ne soit dans ses intérêts. 

Aujourd'hui il ne me respecte pas, mais je quitterai cette entreprise si Dieu le veut la tête haute...

N'empêche que j'avais d'énormes doutes par rapport à moi et mon comportement dans l'entreprise. Devrais-je changer? Mais quoi changer? Je ne le savais pas.

Lorsque Cheikhouna eut finit avec le montage, il me demanda de rentrer chez moi, Dramé était déjà parti. Juste après la tempête qu'il avait faite sur moi.

J'avais un ticket de restaurant car lorsque nous descendions un peu tardivement, il nous était remis des bons d'achats soit aux Ambassades soit au Glacier Moderne. J'en avais deux, car cela faisait deux jours que j'étais au bureau au-delà des heures normales de descente.

Faire passer de l'eau sur mon visage, ré-arranger ma coiffure, me mettre un peu de gloss sur mes lèvres et je me sentais enfin prête à rentrer. Mes yeux étaient restés rouges et mon nez enflé. J'ai descendu les escaliers en me demandant qu'est ce que j'allais manger: un hamburger? Une glace? Des frites? Une quiche lorraine? Je saurai dès que je serai en face de la nourriture. Bien manger réduit et même parfois dissipe les peines.

Finalement j'avais pris un cheese-burger aux Ambassades et une glace au Glacier Moderne. Avec mon sachet et la glace qui fondait, j'avais décidé d'aller chez Georges, je lui passai vite un appel pour savoir si il était chez lui et heureusement il y était.

J'étais heureuse de le voir, il me manquait beaucoup. Je souhaitais secrètement que cette capacité qu'il avait de me redonner le sourire puisse durer éternellement et qu'il soit toujours à mes côtés quand j'avais besoin de dissiper les nuages sur ma tête.