chapitre vingt et un

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Des infirmiers se précipitataient tout autour de moi. Ils me demandaient comment j'allais, je leur répondais que je ne savais pas trop.

Tout était tellement flou dans ma tête. Je ne savais pas ce qu'il se passait.

Un infirmier s'accroupit à côté de mon lit.

-Gerard, tu ne comprends pas trop ce qu'il se passe et c'est tout à fait normal. J'essaie de faire sortir les autres infirmiers de la chambre et après je t'explique tout, d'accord ?

Je lui répondis d'un faible hochement de tête, et il fit sortir les infirmiers comme prévu.

Il revint vers moi et se ré-accroupit.

-Donc, je suis le docteur Biersack, mais tu peux m'appeller Andy. Tu viens de te réveiller d'un coma de plus de deux mois. On te laisse le temps de te rétablir correctement et tes proches pourront venir te voir, puis on te fera passer quelques tests pour évaluer ton niveaux de séquelles, si tu en as.

Je hochai la tête.

-Est ce que tu te souviens de ce qui t'es arrivé ? me demanda-t'il.

-Oui.

-D'accord... J'ai quelque chose à t'annoncer. Ta mère a aussi été dans le coma, ça tu le sais. Sauf qu'elle ne s'est pas réveillée. Et elle ne se réveillera pas. Elle est décédée dans son sommeil, mes plus sincères condoléances.

Mon coeur rata un battement.

C'était impossible.

Ça aurait dû être moi.

C'était entièrement de ma faute.

Ça aurait dû être moi.

C'était moi qui conduisait.

Ça aurait dû être moi.

C'était moi qui avait causé l'accident.

Ça aurait dû être moi.

Je n'arrivais pas à réaliser.

Je ne pouvais pas empêcher mes larmes de couler.

Je venais à peine de me réveiller.

Je me détestais.

Genre, encore plus qu'avant.

Je ne savais même pas que c'était possible.

Je n'aurais jamais dû prendre le volant.

J'étais tellement con.

J'aurais dû mourir à sa place.

-Gerard je suis désolé. Tes proches sont dans le couloir, tu vas pouvoir les voir et ensuite on te fera passer les tests.

Je hochai la tête et il ouvrit la porte.

Mikey se précipita vers moi en pleurant.

Il se jeta dans mes bras et je me remis à pleurer de plus belle.

-Je... Je suis tellement heureux que tu sois là... pleura Mikey.

Pas moi.

Je n'aurais pas dû être là.

Frank arriva dans la pièce.

Ce fût presque un choc.

Ses yeux verts, ses cheveux noirs retombants délicatement sur son visage, et la façon dont il me regardait.

C'était comme si le temps s'était arrêté.

Il se jeta sur moi et je le serrai, comme je ne l'avais jamais fait.
Ses larmes coulaient abondamment contre ma joue, les miennes aussi coulaient abondamment contre la sienne.

-Gee... dit-il en un souffle.

Je le serrai encore plus fort. Je n'avais même pas besoin d'utiliser les mots pour lui faire comprendre qu'il m'avait manqué et pour lui faire comprendre à quel point je l'aimais.

Il se détacha de mes bras et posa sa main sur ma joue, essuyant mes larmes avec son pouce.

Il repoussa les cheveux qui s'étaient collés sur mon visage à cause de mes larmes.

Il prit mon visage entre ses deux mains, et m'embrassa doucement, calmement.

Je ne m'étais jamais senti comme ça.

-Tu te sens bien ? me demanda-t'il d'une voix chevrotante.

-Je sais pas. Je suis fatigué.

-D'accord... Je vais te laisser, je crois que Mikey voulait te parler. Tu vas pouvoir rentrer chez toi ?

-J'en sais rien. Ils doivent me faire passer des tests et ils ont dit qu'ils verraient en fonction des résultats.

Il hocha lentement la tête.

-Tu m'avais manqué.

Je lui souris faiblement.

Il retourna sur ses pas et sortit de la pièce.

Mikey entra et s'assit sur le fauteuil à côté de mon lit.

-Faut qu'on parle.

Je le regardai d'un air interrogateur.

-Tu sais... Maman est plus là. Et... C'est compliqué avec papa. Il s'en foutait un peu de tout ce qu'il s'est passé dernièrement. Du coup, j'ai dû me débrouiller par moi même. J'ai dû tout encaisser. Et j'ai pas tenu... J'ai recommencé à me couper...

Il releva les manches de sa veste et dévoila ses bras.

C'était encore pire qu'avant.

-Mikey...

-Je sais. J'étais vraiment pas bien.

-J'comprends... Arrête maintenant... S'il te plaît.

Il pencha sa tête en arrière et souffla.

-C'est dur. Surtout en ce moment. L'enterrement de maman est dans deux jours...

-Tu penses que j'aurais le droit d'y aller ?

Je sentais des larmes remonter à la surface de mes yeux.

-J'en sais rien.

I am not afraid to walk this world alone (frerard)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant