Koryan (Chapitre 25)

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Les villes d'Egrabe étaient à l'opposé de la campagne : ces dernières décennies le progrès et la modernité étaient passé par là, malgré la réputation que conservait la planète.

Ils avaient laissé leurs tricornes essoufflés par leur longue course dans une grande écurie à l'entrée de la ville, et emprunté un train privé qui les avait aussitôt amené au coeur de Cerem, là où habitait une bonne partie de l'année Antoine. Le reste du temps il déménageait dans l'une de ses résidences secondaires, histoire de mieux gérer la planète... Le même mécanisme que pour le transfert décennal de l'empereur en somme.

Koryan ne s'était pas attendu au bâtiment où on l'avait fait entrer, et cela révélait encore une fois son inculture concernant les différents modes de vie de l'empire, ce qui l'exaspérait.

Antoine n'habitait pas un palais à proprement dit. Non, c'était en fait une gigantesque tour formant dans les airs un cercle parfait. Le cercle ressemblait de loin à un disque d'une épaisseur de plusieurs mètres, enroulé autour d'une énorme bille de verre.

Celle ci, faisant plusieurs centaines de mètres également, emprisonnait un immense parc en son sein, aménagé avec de multiples escaliers ou cascades artificielles, magnifique. Les quartiers d'habitation, les bureaux où les salons de réception de forme arquée donnaient tous sur ce splendide jardin débordant de fleur et de verdure qui rappelait au milieu de l'une des villes les plus industrialisée de la planète les luxuriantes campagnes qui se trouvaient de nombreux kilomètres plus loin.

Lorsque Antoine avait lui même guidé Koryan entre les nombreux étages – honneur que le jeune homme fut bien obligé de remarquer – pour l'emmener vers son appartement, celui ci eut du mal à quitter son air ébahi pour retrouver son visage sombre et méprisant.

La planète n'était peut être pas si archaïque que ça, malgré ses tricornes et ses campagnes...

L'appartement qui lui était réservé communiquait avec celui d'Aldéric, et comportait un salon, une cuisine – pièce qui n'existait que sur Egrabe où les machines de commande n'existaient pas – et salle à manger, un bureau, une bibliothèque aux rayonnages emplis de tablette-livres, et enfin une chambre, spacieuse et confortable.

Une immense baie vitrée coulissante donnait directement sur le jardin intérieur du bâtiment et trois petites marches permettaient d'accéder à un lieu enchanteur et personnel, une petite prairie couverte de fleurs où circulait un fin ruisseau qui semblait changer sur les pierres de son lit.

Un mur couvert de vigne-vierge fermait le jardin, le rendant personnel, mais un portillon permettait d'en sortir et de se balader librement dans le parc immense de la bulle.

Koryan était immobile et seul dans sa chambre, face à la baie vitrée et songeur, lorsqu'il entendit des rires lointain, provenant de l'appartement adjacent au sien.

Il eut du mal à s'arracher au paysage enchanteur et aux doutes qui revenaient le tourmenter. Son père avait toujours parlé avec mépris de cette planète... Mais avait-il ressenti cette impression de paix immense qui s'imposait à Koryan et achevait de le désorienter ? La beauté étrange de ce monde ? Cet oncle Antoine qui aurait dû le détester mais qui s'efforçait de se rendre le plus agréable possible, abandonnant toute fierté ?

Pressé de s'échapper du tourbillon de ses pensées, Koryan sortit de sa chambre comme un fuyard et traversa sa salle à manger et cuisine puis son bureau pour faire coulisser la porte de communication sans prévenir.

Il débarqua dans le salon d'Aldéric de son pas cadencé de militaire, et les personnes présentes se figèrent, surprise, sauf l'héritier qui lui lança un coup d'oeil exaspéré.

Oméga T1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant