« Arrivée sur la planète Egrabe, ville de Cerem, dans moins de deux minutes et trente-quatre secondes... »
Koryan avait les commandes en main, mais se sentait parfaitement inutile à côté d'Aldéric maîtrisant à lui tout seul leur appareil et prenant visiblement autant de plaisir à amorcer l'atterrissage qu'il en avait pris à décoller deux jours plus tôt.
Le jeune homme n'avait pas eu de mal à se remettre de leur affrontement avec l'autre vaisseau : à la guerre, le militaire avait déjà eu tout loisir de vivre des situations au moins tout aussi éprouvante.
— Aldéric... commença-t-il cependant, prenant conscience d'une question qui le tourmentait depuis quelques minutes.
Son cousin ne tourna même pas la tête vers lui, paramétrant les derniers réglages et commençant à incliner leur vaisseau qui venait de passer en dessous du seuil des nuages.
Un réseau de pistes grisâtres se dessinait en contrebas, au milieu d'une luxuriante végétation, ce qui ne ressemblait pas aux plateforme de décollage situées au coeur des villes sur Astra.
— Quoi Ryan ? Inquiet ?
La joie de la manœuvre venait de faire oublier pour un instant à l'héritier leur animosité et cela fit une désagréable impression à Koryan d'être ainsi appelé par son surnom même s'il ne releva pas.
— Vous venez de prévenir votre – pardon, notre – oncle de ton arrivée. Très bien... Nous savons tous les deux que vous vous entendez merveilleusement bien avec Antoine. Mais moi, y avez vous pensé ? Nos familles se haïssent, et ici il est tout puissant... Je pourrais très bien avoir un regrettable accident sur cette foutue planète.
Aldéric ralentit leur vaisseau à l'approche de la piste quatorze sur laquelle ils devaient atterrir après leur rapide message radio qu'ils venaient d'avoir avec les autorités du spatioport, mais Koryan avait toujours la désagréable impression que leur appareil allait se désagréger sous la vitesse qui se ressentait de plus en plus au fur et à mesure qu'ils se rapprochaient du sol.
Le jeune homme préférait largement les gros vaisseaux de guerre auxquels il était habitué plutôt que des modèles réduits comme celui ci où les sensations de vol étaient décuplés... Aldéric se décida à lui répondre au moment même où il déclenchait le coussin magnétique en dessous de leur appareil pour amorcer la fin de l'atterrissage, encore une cinquantaine de mètres au dessus de la piste qu'ils visaient.
— Je vois. M'assassiner moi ne pose pas de problème, mais dès qu'il s'agit de vous, vous devenez prudent. Puis je savoir cousin, qu'est ce qui devrait m'obliger à assurer votre protection ?
L'héritier braqua sur lui quelques secondes son regard rouge avant de se concentrer de nouveau sur l'atterrissage, choisissant de replier en partie les ailes pour descendre en adoptant le mode « vertical » par rapport à la piste, même si celui ci nécessitait une plus grande consommation de carburant et qu'ils n'en avaient presque plus. Enfin ils étaient arrivés donc ce n'était plus le problème...
Koryan n'arrivait pas à se détendre de l'angoisse qui l'étreignait depuis quelques minutes. Aucune réponse ne lui venait à la question d'Aldéric, et il avait l'impression que son esprit tournait à vide.
— Vous... Vous détestez les assassinats, se décida t-il à lâcher. Et vous n'avez que des soupçons contre moi, je ne vous ai jamais rien fait...
Il se sentait pitoyable et cela le mettait en colère mais ils n'étaient maintenant plus qu'à cinq mètres du sol et toutes ses capacités de réflexion lui paraissaient définitivement bloquées. Un millième de seconde plus tard, Aldéric achevait dans un nuage de poussière de stabiliser le vaisseau sur la piste.
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Oméga T1
FantascienzaT1 Alyana Année 3678. Aldéric, l'héritier de pratiquement toute la galaxie, souffre de la disparition de sa mère. Koryan tente d'oublier sa sœur. A deux, ils pourraient peut-être revenir en arrière, pour retrouver Alyana et comprendre ce qui est arr...