Huit ans plus tard
Le jeune homme leva sa main gauche pour remettre d'un geste sec son gant en place, vérifiant au passage que son uniforme était impeccable. Il l'était, et devait bien le mettre en valeur, vu le regard enamouré que lui lancèrent deux jeunes femmes de loin, près d'un autre appareil spatial présent sur la piste immense de décollage. Dommage qu'elles ne partagent pas ses quartiers...
Koryan se contenta de leur lancer une œillade appuyée, plus amusé qu'autre chose. Ses vêtements entièrement noirs lui donnaient chaud sous le brûlant soleil de l'après-midi et il passa une main sur sa nuque, content d'avoir ramené ses longs cheveux en chignon serré.
— Prince Koryan !
Le jeune homme se retourna prestement, pinçant les lèvres et saluant son supérieur hiérarchique d'un geste rapide.
Celui-ci devait avoir dans les cinquante ans mais portait avec prestance son uniforme militaire, et ses rares cheveux blancs lui allaient plutôt bien.
Lorsqu'il arriva juste devant Koryan, celui-ci fronça pourtant les sourcils, inquiet. Il paraissait avoir une mauvaise nouvelle à lui annoncer...
— Oui ? demanda-t-il en tâchant de ne rien montrer de ses émotions.
Autour d'eux l'immense piste couverte de vaisseaux spatiaux était envahie d'une foule indénombrable et des personnes se pressaient partout, évitant pourtant de bousculer les soldats qu'ils étaient, sachant qu'il valait mieux les craindre.
La fièvre était à son comble partout, et les hauts parleurs crachaient sans cesse de nouvelles indications que Koryan écoutait d'une oreille distraite, plus préoccupé par la présence de son supérieur. « Le vaisseau numéro 4678 est prête à décoller, il partira d'ici trois minutes, je répète, veuillez dégager l'espace de la zone A pour le décollage imminent de... »
Après tout, l'empereur et les habitants influents de la capitale d'Astra ne déménageaient dans sa résidence à l'autre bout de la galaxie sur Positum qu'une fois tous les dix ans pour être à même de mieux surveiller chacune des planètes du système. Cela pouvait justifier une telle fébrilité.
— Ryan, ton frère est ici.
Henri n'utilisait presque jamais son diminutif et cela aurait dû inquiéter davantage le jeune homme. Pourtant, il ne vit pas de raison de s'en faire. Un large sourire étira ses lèvres et il rétorqua :
— Erwan ! Je croyais qu'il partait avec la seconde vague de départ... Eh bien, c'est une super nouvelle !
Le visage que son supérieur lui renvoya était toujours aussi sombre. Il s'apprêtait à répondre lorsqu'il avisa quelqu'un du regard derrière Koryan. Il recula aussitôt légèrement sans pouvoir s'en empêcher et commença à s'incliner, tandis que le prince sentait une main se poser fermement sur son épaule gauche.
Son frère. Il n'y avait que lui pour déstabiliser aussi rapidement ceux qui l'entouraient.
Il se retourna pour lui faire face et dévisagea son aîné. On leur avait souvent dit qu'ils se ressemblaient, mais Koryan ne voyait pas bien en quoi. Le crâne de son frère était entièrement rasé, alors que lui-même avait laissé pousser ses cheveux noirs jusqu'à la ceinture. En revanche, ils avaient en commun une haute taille et un regard perçant, sombre lui aussi.
Erwan était vêtu d'un costume parfaitement adaptée à sa silhouette, moins musclée que celle de Koryan puisque lui n'avait jamais prétendu entrer dans l'armée, et le plus jeune des deux hommes se demanda une fois de plus s'il aurait eu son assurance froide si était né l'aîné de sa famille.
VOUS LISEZ
Oméga T1
Ciencia FicciónT1 Alyana Année 3678. Aldéric, l'héritier de pratiquement toute la galaxie, souffre de la disparition de sa mère. Koryan tente d'oublier sa sœur. A deux, ils pourraient peut-être revenir en arrière, pour retrouver Alyana et comprendre ce qui est arr...