Alyana (Chapitre 18)

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Des exclamations fusèrent dans toute la pièce et des poings se levèrent. Certains avaient reculés, d'autres s'étaient levés, et d'autres encore s'étaient laissé tomber sur un siège disponible, les jambes coupées par l'émotion.

Quelques personnes gardèrent leur calme cependant, et celui ci revint de lui même dans la salle quelques minutes plus tard. Celle qui semblait être la chef de la petite foule rassemblée acheva de faire taire tout le monde d'un nouveau regard assassin, avant de faire face de nouveau à Alyana.

— Une noble... Que faites vous ici alors ?

Le ton était plus dans l'expectative que dubitative. Alyana prit conscience qu'elle avait convaincu son interlocutrice au moment même où son regard s'était embrasé de haine lorsqu'elle avait asséné la vérité.

Elle ne répondit pas tout de suite, mais fit quelques pas dans la pièce, autant qu'il lui était possible malgré le nombre élevé de personnes réunies. Elle s'arrêta au milieu du petit cercle formé devant la porte.

— Eh bien... Les miens m'ont chassée. Votre Alexandre l'a dit tout à l'heure... Je suis tout ce qu'il y a de plus ordinaire. Mais pour ma famille, je suis pire que cela. Je suis une malade, possédant une tare qui vaut à elle seule de m'écarter...

Un homme d'une quarantaine d'année lâcha une question dans le silence devenu tendu.

— Qu'est-ce ?

Alyana releva la tête pour le fixer, puis fit un sourire provocant et ironique, presque malgré elle, en écartant les bras pour tous les désigner.

— Mais d'être comme vous bien sûr ! Je ne me transforme pas, je ne suis pas mutante, je n'ai aucun don héréditaire. Pour ma famille, je ne vaux pas mieux que la boue que vous êtes.

Des grognements furieux s'élevèrent dans toute la pièce et Alyana haussa les épaules. Elle ne pensait pas qu'ils valaient moins qu'elle, mais doutait depuis quelques années déjà de son instinct de conservation. Elle avait trop tendance à ignorer voire provoquer comme à présent les situation de danger.

— Stop, s'interposa de nouveau la chef. Et vous, arrêtez de nous insulter. Je vais vous poser une nouvelle question peut être plus importante que toutes les autres auxquelles vous avez déjà répondu... Qui sont vos parents ?

Quelqu'un murmura :

— Même là-haut, je ne pensais pas qu'ils étaient assez monstrueux pour jeter leurs gosses...

Alyana s'efforça d'ignorer la douleur qui la rongea pour relever la tête, plaçant derrière son oreille droite d'un geste mécanique une mèche rebelle de ses longs cheveux blonds.

— Devinez donc... proposa t-elle avec son insolent sourire, comme si elle se jouait de la situation alors qu'ils pouvaient à tout instant la descendre.

Une femme lança, de derrière un vieux piano désaccordé :

— Des seigneurs fermiers d'Egrabe ?

Alyana secoua la tête négativement. Elle ne savait ce qu'elle ressentait exactement, mais ce qui dominait ses émotions avait indéniablement un goût amer.

Un homme grogna :

— Un soldat anobli des combats de la barrière extérieure ?

Les propositions continuèrent ainsi de fuser des quatre coins de la pièce. À chaque fois, Alyana secouait la tête, songeant que personne n'imaginait qu'elle puisse appartenir à une si grande famille. Et encore moins à celle des Astra !

— Nous ne sommes pas ici pour jouer aux devinettes, lâcha alors d'une voix froide Alexandre en s'avançant à son tour tout près d'elle dans la pièce pour la toiser, avant de fixer son regard sombre droit dans le sien. Qui es tu, on t'a demandé, mademoiselle...

Oméga T1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant