Erwan (Chapitre 22)

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Erwan se tenait debout devant la grande glace murale de sa salle de bain. Sa servante, Elène, achevait de boutonner sa veste de costume pour le dîner mondain qui allait débuter dans quelques minutes.

Après tout, même lors d'un transfert décennal, il était normal de ne pas cesser les activités quotidiennes de la cour. Tous les soirs, le vaisseau de Tancrède et Myriam Astra accueillait des centaines d'invités arrivant à bord de petites navettes personnelles.

Ce soir, il y aurait a priori la comtesse Olinde, ses deux filles, entre autres personnes de marque, ou encore le marquis de Dezur, un homme reconnu pour ses exploits militaires récents sur la barrière ouest extérieure de l'empire. On disait de lui qu'il était celui qui avait réussi à pacifier la région dite des Dardanelles, ensembles de petites planètes récalcitrantes à l'autorité de l'empire depuis quelques années.

Elène prit alors la parole avec un petit sourire joueur, laissant sa main errer sur son épaule un peu plus que nécessaire pour lisser un pli imaginaire du costume.

— J'espère que votre Altesse passera un bon moment...

Il se retourna pour la saisir par la taille, souriant lui aussi et se penchant pour lui souffler à l'oreille :

— Je pense bien. Tâche de m'attendre ce soir, d'accord ?

Elle acquiesça avec un sourire. Exactement ce qu'il aimait chez ses servantes, qu'il choisissait toujours jeunes et jolies. Et humaines. Les robots étaient peut être plus efficace, mais par bien des aspects Erwan les trouvait beaucoup moins... amusants.

Le jeune homme se dirigea ensuite sans plus se retourner vers sa servante un tunique bleu, foulard rouge et pantalon blanc, les couleurs de l'uniforme de la maison, mais celle ci le retint en reprenant la parole, cette fois ci visiblement avec plus d'hésitation.

— Je ne sais pas si vous êtes déjà au courant et... Je me mêle peut être de ce qui ne me regarde pas mais... vous avez écouté les informations sur radio galaxy ?

Erwan lâcha un soupir exaspéré. Il ne supportait pas les personnes y allant par quatre chemins.

— Non, je ne sais même pas de quoi tu parles.

Elle s'enhardit, après avoir surmonté ses hésitations.

— Il paraît que l'empereur a été furieux d'apprendre que son neveu, l'héritier, n'en avait fait qu'à sa tête et voyageait seul via un autre chemin que celui programmé pour lui. Il a crié devant des journalistes dans son vaisseau que ce gosse n'apportait que des ennuis... Je me suis dit que ça pouvait être bien pour vous. Après tout vous êtes le second héritier, si l'on excepte votre père.

— Là, tu vas trop loin Elène. Tu n'as pas à te mêler de politique. Cela dit, l'info est intéressante. Tâche de m'en rapporter d'autres, mais sans analyses de ce que je dois en faire ou non, merci.

Il sortit ensuite de la pièce sans se retourner, amusé de la tournure des événements. Il avait beau être de notoriété publique que l'empereur n'adorait pas son héritier, Aldéric avait quand même un don indéniable pour le faire sortir de ses gonds. Quoi que là en l'occurrence il avait très bien joué...

S'il avait suivi l'itinéraire prévu et pas tout changé au dernier moment en les désorganisant avec Koryan à bord, il serait déjà mort à l'heure qu'il est. C'était un coup de maître d'agir ainsi, il fallait bien le reconnaître.

Cette interruption avait cependant mis en retard Erwan qui hâta le pas dans les couloirs garnis de luxueux tapis des quartiers qu'il occupait. Les gardes postés tous les trois mètres se mettaient au garde à vous à son passage, mais il n'y faisait même plus attention depuis les années qu'il s'était habituée à être traité ainsi.

Oméga T1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant