[Bonjour ! Je tente une nouvelle approche d'immersion dans l'écrit. Je rajoute une musique instrumentale à enclencher en même temps que le début d'un paragraphe ou de la lecture. C'est encore en phase de test, et bien sûr vous n'êtes pas obligés de mettre la musique pour lire le contenu, tout le monde n'aime pas, même si je pense que c'est au moins à tester une fois. Il y aura de l'instrumental dans les grosses parties du manuscrit, les moments de solitude, d'action, de tristesse (je n'ai pas encore défini mais ces trois-là oui). Dites moi ce que vous en pensez en commentaire :). Enfin, si jamais vous écoutez, il est conseillé de mettre un casque ou des écouteurs]
Mon réveil sonna, comme tous les jours à six heures et quart.
J'avais pris une bonne dizaine de minutes pour émerger de mon lit. Les cernes creusés, j'accordai un regard désobligeant et las à l'objet. L'ouverture des volets s'enclencha. Les quelques rayons filtrés laissaient juste assez de luminosité pour visualiser le salon, faisant aussi office de salle à manger. Tout à coup j'entendis un grincement particulier. Un des volets s'était bloqué dans son mouvement mécanique.
- Rah ! Je lui avais dit que le volet de droite ne marchait pas convenablement...
Mes yeux parcoururent la pièce. Personne. J'étais seul. Et seuls la solitude et le renfermé m'accompagnaient dans ma routine du matin.
- Je parie qu'il a laissé un mot sur le frigo.
Bingo. Un message écrit dans la dalle intégrée au réfrigérateur :" Désolé fiston, le boulot m'attend. Je t'ai laissé des toasts, du jus et de l'argent, ils sont posés sur la table basse. Je t'aime.". J'appuyai sur l'écran. "Effacer".
On dit souvent que l'amour et l'amitié comblent la solitude, de nos jours. Que faire s'il nous manque "l'amour" à l'équation ? Enfin... cela fait maintenant sept ans que je suis habitué à cela. Même hier, alors que nous étions face à la pierre tombale de ma mère, mon père avait dû me laisser, seul, face à elle, prétextant un appel important. Il a juste les chocottes oui... il n'a toujours pas passé le deuil, il se réfugie dans son putain de travail de routier. Même pas fichu de s'occuper convenablement de son unique lien entre lui et ma mère...
Tremper un toast beurré dans un café au lait. Tromper sa solitude dans un décor feutré. Quelle différence ? Le goût reste le même, amer et corsé. Et encore, mon décor n'est même pas feutré. Il est empli de tableaux, tableaux censés égayer notre appartement.
Tout ce qu'ils égayent, tout ce qu'ils étanchent, c'est la soif compulsive et incessante de mon père pour l'art. L'art... quelle belle merde. Une structure serpentine surplombait la Dame de fer. Elle avait été instaurée il y a quatre ans, vingt-trois millions d'euros pour sa construction. De l'art. Alors que nous aurions pu investir ces millions dans des projets plus importants, comme défricher la jungle urbaine des quartiers est. Mais non, il a fallut investir dans "l'art". Ce même art qui pompe l'argent de mon père ou de l'État.
Je sortis de l'immeuble, la pluie fouettait fort contre mon imperméable, et malgré le nom qu'il portait, le vent glacial mordait ma peau. Je courus vers le métro situé à une dizaine de minutes à pied afin de me réchauffer. Ah septembre, vingt-huit jours sur trente de pluie, on aime !
Sorti de la bouche de métro, le temps ne s'était pas calmé, bien au contraire, les évacuations peinaient à combattre le flot s'abattant sur le goudron. Franchissant le passage piéton, je remarquai un enfant, il avait à peu près huit ou neuf ans, avec son père, main dans la main. Ce dernier tenait un parapluie au dessus de son fils. Un dôme le protégeant de l'averse. Un dôme protecteur... un dôme venant du paternel. Je serrai le col de mon imper, comme pour me rassurer, ou peut-être voulais-je créer mon propre dôme. En vain, au vu de ma chair claquée par le crachin.
Je sentis tout à coup quelque chose émerger dans mon for intérieur. La crue et dure réalité qui s'écrasa à mes yeux. Je ne bénéficiai pas de ce dôme protecteur, ni de ce père prêtant attention à son fils.
Non, je ne parle pas d'argent ou de confort. Je parle de présence. D'une présence paternelle, d'une figure, d'un parent. Non, je n'avais guère tout cela.
Un klaxon m'extirpa de ma contemplation. Un rapide coup d'œil me fit comprendre que je m'étais arrêté au bon milieu du passage, le feu clignotant orange. Depuis combien de temps étais-je plongé dans mes pensées ?
A l'entrée du lycée, la porte était encore fermée, quelques petits groupes de lycéens s'étaient formés, discutant entre eux. Dix minutes avant l'ouverture après consultation de ma montre. Je me mis sous le porche du bâtiment, une mince extension, suffisamment large pour abriter quelques personnes. Je sortis mon casque audio du sac en espérant qu'il n'ait pas pris la flotte, et fort heureusement, il était à l'abri de l'humidité. C'était un vieux modèle Bose sorti dans les années 2020, mon père l'avait acheté dans sa jeunesse et me l'avait donné comme cadeau d'anniversaire pour mes quatorze ans, malgré le fait qu'il ne fut pas là, avec moi, le jour de mon anniversaire. Un casque sans-fil, une éventuelle signature du fil manquant entre mon père et moi. Et pourtant je ne pouvais m'en séparer, en tant que moyen de plonger dans ma musique, ou du cadeau que représentait cet objet.
En rentrant du collège, un drone avait livré en son nom un colis, contenant un gâteau pour deux personnes, un fraisier, je m'en rappelle encore, un petit coffret contenant le casque et une lettre. Ironique d'avoir un gâteau d'anniversaire à partager lorsque nous sommes seul à le fêter. Ma morose soirée s'était quelque peu enjolivé quand Émilie avait sonné à ma porte. Nous nous connaissions à peine, nous avions joué à la PlayStation 8 toute la nuit et séché les cours du lendemain. Là aussi la console était un cadeau de mon père, pour mes douze ans cette fois-ci. C'était une soirée mémorable. Émilie et moi nous étions énormément rapprochés, passant de connaissances de collège à véritable amis du quotidien, tout cela en vingt-quatre heures.
En parlant d'ami, Alexandre et Justine me rejoignirent, une poignée de minutes avant qu'un droïde, le "vigile" de la porte d'entrée, ouvre le passage.
***
L'amour et l'amitié comblent la solitude, de nos jours.
Que faire si "l'amour" est absent à l'équation ?
La réponse est la suivante : vous ne pouvez rien faire. Vous laissez la solitude faire son travail avec le temps, et voici l'équation revisitée : la solitude et l'amitié comblent l'amour, de nos jours.
Et pourtant elle était là, sous mes yeux. Et je l'avais écarté des suggestions en tant que famille. Sans le savoir, peu à peu, je me tournais vers elle et me détachais de lui. Était-ce bien ? Était-ce mal ? Était-ce même acceptable ?
Pour l'instant, je ne sais pas. J'espère trouver la réponse au fil de ma vie.
Ma vie en tant qu'humanoïde.
Le 23 septembre 2045, peu après les cours, aux alentours seize heures je crois. Si je de l'avais pas fait, j'aurais sûrement évité cette vie-là.
[Édit : Les opinions et avis tenus par mes personnages sur divers sujets ne sont pas miens. Évitez donc de vous enflammer dans les commentaires pour des propos qui ne sont pas à proprement parlé de moi. Si vous avez apprécié le concept d'immersion, ou non, faites en moi part dans les commentaires. Ah et aussi, je vous réserve une petite surprise qui concernera le livre dans sa globalité ;)
Source photos/musiques : Deus Ex Mankind Divided]
VOUS LISEZ
Androhumain : L'homme électrique peut-il rêver ? [PAUSE]
Science FictionParis, 2045. En 1980, nous pensions qu'en 2010, les voitures léviteraient à ras du sol. En 2010, nous pensions qu'en 2040, les voitures voleraient dans le ciel. Eh bien sachez-le, nous en sommes encore loin. Certes, la technologie a avancé, nous av...