Chapitre 16 : Un délice

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— Adam bordel de cul de merde ! T'as pas eu ta dose d'humour ?! m'engueula Émilie.

— Je suis on ne peut plus sérieux. S'il a envie de se suicider, qu'il se suicide. Qui sommes-nous pour l'en empêcher ? Des types qui naissent et meurent, tout comme lui. Marius, si tu as envie de te jeter, fais-le. Je peux même t'aider à aller jusqu'au bord.

— Ça suffit Adam ! rugit Alexandre, tu sers à rien là ! Casse-toi !

Je m'approchai de Marius, les gros yeux. J'avais capté toute son attention.

— Tu as cinq étages Marius, te loupe pas, hein. Ou la mort risque d'être douloureuse.

Alexandre s'approcha de moi, me dépassant d'une tête, il empoigna le col de ma chemise,

— Arrête Alexandre !

La voix d'Émilie avait surgi de nulle part, tantôt essayant d'être autoritaire, tantôt étant suppliante.

— Laisse-le faire... laisse faire Adam...

— Quoi ?! Mais...

— S'il te plaît !

Les yeux troubles, Alexandre lâcha prise, reculant de quelques pas, je lui donnai un regard entendu, mais que je crus ne pas être perçu par mon camarade, il était sur la défensive, à l'affût de toute maladresse de ma part.

Comme je le pensais...

— Bien Marius. Viens avec moi.

— Qu...

— Suis-moi. Si t'as envie de te jeter, je te conduis au bord du précipice.

Dans un état second, il me suivit sans chercher d'histoires. Nous nous approchions, peu à peu. Il enjamba le petit muret, suivi de ma personne.

— On est plus qu'à un pas du vide. Ça fait haut, hein ?

— O... oui...

— T'as toujours envie de te jeter ?

— Je... je... ne sers à rien... ma vie... je... tu l'as dit toi-même, je suis un nuisance. Tout est...

— Ok.

Ma paume sur le creux de ses omoplates, je le poussai, son corps se penchant peu à peu, prêt à devenir parallèle avec le sol.

Puis d'un seul coup, prenant conscience de sa situation, il tonitrua jusqu'à s'écorcher ses propres tympans, les miennes comprises.

— Nan ! Arrête ! Je veux pas ! Je veux pas mourir !

— T'es en sûr ? Où est passée ta détermination d'il y a quelques secondes ? Il suffit que je lâche le col de ton pull pour que tu tombes, tu sais ? Te suicider c'est repeindre en rouge le sol, l'ami.

— Arrête ! Putain arrête ! Je vais tomber ! Je veux pas mourir !

— Alexandre, viens m'aider, ce type pèse une tonne... quelle plaie.

Aussitôt demandé, Alexandre accourut, attrapant de ses deux mains le col, le hissant hors du vide et de tout danger. A genoux, les yeux rivés au sol, il commença à pleurer de nouveau comme une madeleine.

— Je veux pas mourir... je... veux... pas mourir, annonça t-il entre deux grosses bouffées d'air.

La tête au creux de son ventre, il lâcha toutes les larmes de son corps.

— Bon maintenant que tu as repris véritablement tes esprits, je vais t'expliquer en quoi le suicide c'est de la merde en boîte. Et nan, oublie l'excuse de la famille, c'est du bullshit c'est pas comme ça qu'on convainc quelqu'un. Mourir à seize ans, c'est complètement con. Mourir alors que t'as même pas eu ta première fois, c'est complètement con. Mourir pour simplement mourir, c'est encore plus con. Si tu mets ta vie en jeu, essaie de la mettre pour des choses qui en valent la peine.

Androhumain : L'homme électrique peut-il rêver ? [PAUSE]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant