Androhumain : L'homme électrique peut-il rêver ? [PAUSE]

Chapitre 12 : Le parfum de l'amertume

Mes mains pleines de savon, passèrent sous l'eau du robinet, puis au sèche-main.

— Tu aurais pu choisir un meilleur endroit pour discuter. Tu es dans les toilettes des hommes, je te signale.

— Mais c'est aussi le seul endroit où nous pouvons discuter tranquillement.

— Ah... c'est pas comme s'il y avait un parc de plusieurs hectares juste en sortant du bâtiment, avec d'autres bâtiments à côté, tu sais un endroit nommé "campus". Mais bon t'es pas là pour ça, qu'est-ce qui t'amène ici ?

— Comment tu as su... ?

— De ?

Les mains séchées, je voulus passer la porte, mais Aelyne m'en empêcha. Roulant des yeux, je fis un pas de recul,

— Ne fais pas le con. Comment tu as su que j'étais derrière votre altercation ?

— Ah... flemme. Bon je vais faire court. Trois choses. Primo, tu devrais choisir un autre parfum, bien que celui-ci sent fort bon, il est assez évasif, par exemple, quand tu te colles un peu trop près d'une personne, ton parfum déteint sur cette personne. C'est ce qui est arrivé à Maxence, en sortant de la salle de classe et quand je me suis battu, Maxence portait encore cette odeur sur lui, j'imagine que tu as dû le voir juste avant qu'il vienne me chercher des emmerdes. Deuzio, ton très cher ami Maxence a fait une erreur, anodine, certes, mais présente. Juste avant qu'on en vienne aux mains, il m'a appelé "boîte de conserve", plutôt originale comme insulte n'est-ce pas ? Pas de "connard", pas de "enculé", non, "boîte de conserve".

— Et alors... ? Il aurait pu très bien te dire "boîte à cornichon"...

— Justement non. Boîte de conserve, cela fait allusion à mes prothèses, notamment ma tête, greffée par une fibre artificielle, mes yeux. Sauf que de l'extérieur, tout cela ne peut pas se savoir, puisque rien ne change physiquement, je suis exactement le même qu'avant l'accident, mon apparence est à l'identique. Ce qui veut dire que quelqu'un était au courant et l'a mis au courant. Mes amis tout naturellement, mais je ne les vois pas parler tout haut tout fort à mon propos. Toi par contre... Après tout, ton père, PDG d'un groupe concurrent de Resonance, mais collaborateur sur certains domaines, doit être au courant des projets de RLife, et donc toi sa fille, l'être aussi. Il t'a raconté ça autour d'un dîner ? Ou alors au petit-déjeuner ? Nan attend... c'était une berceuse pour que tu dors ? Enfin bref, tu as été mis au courant d'une manière ou d'une autre, puis tu l'as raconté à Maxence, pour je-ne-sais quelle raison. Hors toi et mon entourage, personne ne sait encore que je suis aux côtés de RLife ni de mes... greffes, vu que cela va être annoncé publiquement dans un peu plus de deux semaines, dix sept jours pour être précis. Enfin, tertio Maxence qui harcèle un mec en balançant une bouteille de NovaCola goût "Fleur de rose".  Alors je ne suis absolument pas sûr que tu sois derrière la connerie de Maxence en ce qui concerne la victime, mais j'ai pu remarquer que tu avais cette même boisson au déjeuner. Simple coïncidence j'imagine.

— Tu as tout dit, avoua t-elle, dans un soupir. Enfin pas la partie sur la bouteille de NovaCola, ça j'y suis pour rien.

— Oh et bien... tu m'en vois ravi... sinon pourquoi tout ce scénario entre moi et Maxence ?

— Je voulais initialement qu'il y ait une tension entre vous deux afin de... te rallier. Je comptais intervenir, être de ton côté... et ainsi de suite, tu aurais apprécié, donc être plus ouvert à ma proposition... et...

— Mais rien ne s'est passé comme prévu, c'est ça ? Tu pensais que j'allais foncer sur l'occasion de rentrer dans ton club en me disant "Wow, une fille populaire du lycée veut me voir dans son prestigieux club !" pff, sérieux. Plus risible, tu meurs. Si tu veux rallier quelqu'un à ta cause, il te faut des objectifs. Celui qui n'a pas d'objectifs ne risque pas de les atteindre. Bref, c'est pas que je t'aime pas, mais je vais filer, en plus de devoir surpasser ma flemme de tout t'expliquer, ça a dû faire chier les observateurs. A plus.