- Docteur Hoffman, comment il va ?
- Autant vous le dire tout de suite... il n'est pas vraiment en état de vous voir. Ses yeux sont bandés, mais il peut toujours vous entendre. Par contre évitez de l'enlacer ou d'avoir des contacts physiques trop forts avec lui.
- C'est... toujours ça j'imagine.
- Avez-vous décidé... ?
- De ?
- De payer. Pré-opération ou post opération ? Nous devions l'opérer hier mais avec sa nouvelle crise, nous avons dû attendre, vous l'imaginez ce n'est pas si simple, opérer quelqu'un, surtout si ce dernier est instable.
- Oui, oui bien sûr... pas de problème, répondit le père, presque effacé de la réalité.
Arrivé devant la porte, l'homme aux cheveux poivre et sel demanda de le laisser seul avec son fils. Le médecin acquiesça puis partit vers l'autre aile.
***
J'entendis le bruit de la poignée de porte.
- Fiston...
Papa ? Sa voix était fébrile. J'imagine que me voir dans un état aussi déplorable l'attristait au plus haut point tout en le mettant hors de lui.
- Papa ? C'est toi ? Désolé, je peux pas vraiment bouger la tête.
- Ne t'en fais pas... c'est bon. C'est bon. Je...
- Je... dis-je au même moment. Commence vas-y.
- Non vas-y, toi d'abord Adam.
- Je t'avoue que je ne vois rien... j'ai plus vraiment la perception du temps. On est quel jour ?
- Mardi, ça fait quatre jours depuis ton accident. Comment tu te sens ?
- Bizarre. Je..., enfin le docteur Hoffman a expliqué ma situation. Il m'a mis au courant pour mes membres... mais même en sachant cela j'ai une sensation étrange, je sais que mes membres sont coupés, mais j'ai l'impression qu'ils sont toujours là, du coup...
- Quoi ?! Attend, je vais appeler le médecin, c'est pas normal !
- Calme-toi papa. J'en ai déjà parlé avec lui, il m'a dit que c'était tout à fait normal. De l'hallucinose. La sensation de membres fantômes. Il m'a donné des antidouleurs contre ça d'ailleurs. Papa...
- Oui...? lança t-il dans un soupir sans fin.
- Je suis désolé. Je sais que ça a été difficile pour toi, me voir comme ça, les charges, enfin tout ça...
- Adam, tu n'as pas à t'excuser. Il prit ma main entre les siennes. Un fluide aqueux s'était déposé sur le dos de ma main. Des larmes. Ses larmes.
- Je vais bien, continuai-je.
- Comment ça tu vas bien, éclata t-il dans un sanglot.
- Sérieux papa, je vais bien je te dis. C'est encore un miracle que je sois vivant. C'était un camion. J'aurais dû mourir, il faut relativiser. Je suis encore capable de faire des choses.
- Un camion... comme ceux que je conduis... je conduis la machine qui t'a failli être fatale...
Oui. Il n'avait pas tort. Il avait bien conduit un type de véhicules m'ayant mis dans cet état. Cela le rendait-il pour autant coupable ? Non. Mais lui, il pense, il culpabilise à l'idée que "l'arme du crime" soit ce véhicule avec quoi il travaille chaque jour et chaque nuit. Devais-je le réconforter ? Sincèrement, aucune idée. Le mettre dans un état de culpabilité entraînerait une grande attention de sa part à mon égard pendant un temps. Peut être même qu'il arrêterait ce travail cancéreux pour la famille.
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Androhumain : L'homme électrique peut-il rêver ? [PAUSE]
Ciencia FicciónParis, 2045. En 1980, nous pensions qu'en 2010, les voitures léviteraient à ras du sol. En 2010, nous pensions qu'en 2040, les voitures voleraient dans le ciel. Eh bien sachez-le, nous en sommes encore loin. Certes, la technologie a avancé, nous av...