J'ai reçu ma carte SIM hier... le vingt-trois.
Je regardai l'heure affichée sur mon téléphone. Vingt-trois heures quarante-neuf.
T'es où... t'es où... t'es où ? Je t'ai appelé cinq fois. Cinq messages vocaux et trois SMS.
Le salon était plongé dans la pénombre de la nuit, j'étais sur le canapé, en train de lire un livre.
Vingt-trois heures cinquante-et-une. Je scrutai l'entrée de l'appartement. Toujours rien. Puis mon regard bifurqua sur la bûche posée au centre de la table basse.
S'il lui est arrivé quelque chose... non... il ne peut pas être sur les autoroutes, c'est férié... en plus chaque année il prend ses jours de congés à partir du vingt décembre au deux janvier... non, il va bien. Il ne vient juste pas.
Mon téléphone vibra. Troisième texto d'Émilie. Deux autres messages de Justine et un de Danzo. Mais rien de mon père. Rien. Pas même un « ta gueule » ou un « laisse-moi tranquille, je veux être seul. ». Juste rien. Silence radio.
Les tintement froids de l'horloge faisaient danser le temps, agrémenté du silence de plomb.
Vingt-trois heures cinquante-cinq.
Peut-être qu'il veut me faire la surprise ? À minuit moins une il sonnerait à la porte ? Peut-être... ouais, non, pas son genre.
Viens.. je t'en supplie au moins montre ta tête devant le palier... ton fils vient de sortir de l'hôpital... ne me déçois pas... au pire... ça sera comme chaque jour et soir depuis quelques temps. Je devrais pas vraiment avoir l'espoir de quoi que ce soit.
Vingt-trois heures cinquante-sept. Aucun signe de vie.
Putain... si jamais il lui est arrivé quelque chose... ? Je stresse... pas sur le fait qu'il vienne ou non. Sur le fait qu'il est dans la capacité de venir ou non...
- Ange, tu peux localiser le téléphone de mon père ?
« Je n'ai pas cette fonctionnalité. Cela irait à l'encontre de l'éthique et des règles concernant la vie privée des employés de Resonance Life. »
Inutile. Fais-toi à l'idée Adam... il ne viendra pas ce soir.
Je pris le pack de bières posé sur la table basse, déchira le carton et pris une bouteille.
Avant il pouvait ne pas venir à mes anniversaires. Maintenant c'est même au réveillon de Noël. Une première dans l'histoire de la famille Laude.
Minuit passé de deux minutes. J'avais déjà entamé une deuxième bouteille de bière, puis me levai, éteignant le feu du plat mijotant dans la grande casserole, je pris la bûche et la jetai à la poubelle.
Je pris une autre bouteille et encore une autre.
Arrête tes conneries, on dirait lui. Une fois de plus il m'a déçu.
M'extirpant du canapé, j'enfilai ma veste et claquai la porte avec mes béquilles.
Il était presque une heure du matin, j'étais en route vers les quais. Après m'être arrêté à une place centrale, j'observai les gens bouger autour de moi, me posant sur un banc maculé de blanc. Il fallait que je me vide l'esprit, que je fasse le vide dans ma tête. Mon téléphone vibra encore, Émilie. Mon bouton pressa le téléphone rouge. Je lui répondis par un texto :
« Je suis avec mon père, joyeux noël ! » qu'elle me répondit aussitôt par un « Toi aussi » avec un cœur. Je m'apprêtais à partir quand on m'appela, je crus d'abord à une hallucination avant d'apercevoir Alexandre accompagné de gens, sûrement sa famille.
VOUS LISEZ
Androhumain : L'homme électrique peut-il rêver ? [PAUSE]
Science FictionParis, 2045. En 1980, nous pensions qu'en 2010, les voitures léviteraient à ras du sol. En 2010, nous pensions qu'en 2040, les voitures voleraient dans le ciel. Eh bien sachez-le, nous en sommes encore loin. Certes, la technologie a avancé, nous av...