S'aimer, et rien d'autre |Terminé|

Chapitre 6

ANGEL

Le lundi matin, lorsque Venus descend à la cuisine, elle ne m'adresse toujours pas un seul regard. Génial. Je peux donc en conclure qu'elle me fait encore la gueule, comme elle a fait durant toute la journée d'hier. Je lève les yeux au ciel en le voyant qu'elle m'évite soigneusement.

Je devrais probablement me sentir coupable, mais ce n'est pas du tout le cas. Draven est un connard, il vaut mieux pour elle qu'elle ne s'approche pas de lui. Peut-être qu'elle n'aime pas ma façon de résoudre les conflits, mais c'est la mienne, et je ne suis pas près de changer. Alors, tant pis si elle m'évite, de toute façon je sais bien que ça ne durera pas. Aucune fille n'est capable de me faire la gueule, et je sais que Venus ne déroge pas à la règle.

— Tu as bien dormi ? la questionne mon père en la voyant.

— Euh, oui, très bien, merci. Le lit est plutôt confortable.

Tout le monde remarque qu'elle ne souhaite pas en dire plus. Cette fille n'a pas l'air très bavarde, ni du matin. Peut-être même les deux. Je ne peux pas lui en vouloir, je suis un peu pareil.

Je soupire et me lève pour aller chercher une brique de jus de fruits juste à côté d'elle. Elle frisonne quand ma main frôle son bras, mais me lance ensuite en regard noir et part s'assoir à côté de Jalen. Mon frère me fait un grand sourire et passe son bras autour du dossier de la chaise de Venus. Profiteur ! Je sais bien qu'elle le fait juste pour m'énerver, et le pire, c'est que ça fonctionne.

Alors que je lève les yeux au ciel, honteux de m'être fait avoir, les jumeaux font leur apparition. Les bras chargés de valises, ils entrent dans la cuisine. Mon père leur jette un curieux regard en les voyant entrer ainsi. Pour ne pas mentir, il faut dire qu'ils sont loin de passer inaperçus. On dirait qu'ils ont prit l'intégralité de leur chambre dans deux valises prêtes à craquer. Je soupçonne Lark d'avoir rajouté des choses dans la valise de Tanner, comme elle fait toujours.

— Hum, pourquoi avez-vous autant de valises ? Vous ne partez que quatre jours ! s'étonne mon père.

Lark rigole et donne un coup sur l'épaule de son jumeau.

— C'est parce que Tan a rempli la sienne de capotes ! Ça pèse !

Alors que Venus s'étouffe avec son jus d'orange et que Jalen et moi soupirons de concert, Tanner manque de s'écrouler de rire. Mon père lève les yeux au ciel alors que les deux imbéciles qui me servent de frère et sœur n'arrêtent pas de rigoler. Mon père prend la sage décision de nous laisser entre nous. Dès le matin, autant d'énergie et de langage cru ne l'a jamais passionné.

Lark a toujours eu un langage à la Foster, c'est-à-dire ponctué d'insultes et de blagues plutôt bizarres ou vulgaires. Mais bon, c'est aussi parce qu'elle est tout le temps fourré avec Tan. Ensembles, ils sont terribles.

— Allez les gars, arrêtez ça ! Vous allez choquer Venus ! s'exclame Jalen.

Il commence sérieusement à m'énerver, lui. Jalen est aux petits soins avec elle, mais je sais que c'est juste pour son idée de pari à la con que je regrette déjà d'avoir accepté. Je n'aime pas le sourire que lui renvoie Venus, ni celui sur le visage de ce crétin qui ne se tarit pas. Mon grand frère est vraiment prêt à tout pour gagner ce pari. Tanner avait raison finalement : nous ne devrions pas le faire. Mais si je dis ça à mon frère, il va penser que ce n'est uniquement que parce que j'ai peur de perdre. Alors je ne vais rien dire.

Fierté, quand tu nous tiens ! J'ai un peu honte de penser ainsi, mais ça ne me suffit pas pour que je me confronte à mon frère.

Tanner capte mon regard sur Venus et Jalen, puis se contente de me lancer un petit sourire compatissant. Lui aussi sait qu'une fois obtenu ce qu'il veut, Jalen va laisser tomber Venus. Parce qu'il a toujours été comme ça, et il m'arrive de penser que je suis parfois ses pas.