Chapitre 12

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VENUS

Nerveuse à l'idée que quelqu'un se décide à m'attendre derrière, je pousse la porte de la maison des Foster d'une main tremblante. Je ne veux pas me faire repérer, je ne suis pas d'humeur à discuter avec Adalson. Holden – que je commence à apprécier de plus en plus – se tient derrière moi avec Isaac. Je jette un coup d'œil à l'intérieur : personne en vue. Je respire un coup.

A présent rassurée, j'indique à Holden et Isaac de me suivre le plus discrètement possible, leur intimant le silence d'un doigt sur la bouche. Quand je passe devant le salon, seul Jalen, Eden et Adalson sont encore là et semblent parler de moi. Je me fais le plus discrète possible. Un mauvais pas et je finis les deux fesses sur le canapé à me faire zieuter par trois paires d'yeux indiscrètes. Je décide ne pas m'attarder et mes nouveaux amis et moi montons dans ma chambre.

Quelques secondes plus tard, nous voilà tous les trois dans ma chambre. J'ai une seconde de culpabilité en me disant que laisser entrer des inconnus dans une maison qui n'est pas la mienne sans avoir l'autorisation peut être dérangeant, puis je me dis qu'actuellement cela doit être le cadet des soucis du père Foster.

— Je peux savoir pourquoi tu les évite ? questionne Isaac en s'asseyant sur mon lit.

Je soupire en fermant la porte de ma chambre et me laisse tomber à côté de lui. Holden choisi de s'installer sur ma chaise de bureau. Je contemple ma chambre un instant et m'allonge finalement sur mon lit. Quand mon dos entre en contact avec ce lit incroyablement moelleux, je me sens tout de suite mieux. Je bénis l'auteur de ce matelas si confortable !

Isaac ne me quitte pas des yeux une seule fois, semblant attendre ma réponse bien trop longue à arriver. Je me retrouve donc obligée de lui raconter quelque chose pour qu'il me laisse tranquille. Autrement, la soirée va être beaucoup trop longue, et bizarre.

— Je ne sais pas trop, je n'ai juste pas envie qu'ils sachent que je suis ici.

— Hum... Ok, concède Isaac. Mais pourquoi ? Je veux dire : tu habites quand même chez eux, je te signale, et ils te cherchent.

— Ouais, peut-être, mais ils n'ont pas besoin de savoir où je suis en ce moment, bougonné-je.

Un silence se fait ressentir dans la pièce. Holden regarde autour de lui comme s'il n'était jamais entré dans la chambre d'une fille – ce qui est peut-être le cas, qui sait ? A vrai dire, je le connais à peine. Pourtant, je l'aime bien. Je ne sais pas, on pourrait devenir de bons amis.

Brusquement, je me redresse et lui jette un regard.

Holden me jette un coup d'œil curieux et Isaac semble se moquer de moi en remarquant ma grimace. Je crois bien que je me suis levée trop rapidement.

— Dis-moi, Holden, je n'ai pas très bien compris ce que tu faisais ici, en fait ? le questionné-je en regardant ses yeux bleus.

Installé les deux pieds fermement posés sur le sol, Holden croise ses bras sur son torse et évite soigneusement de croiser mon regard. Aie, ne fallait-il pas en parler ? D'un autre côté, je pense avoir le droit de lui poser la question, après tout il a choisi de venir ici avec Holden et moi.

Holden est plutôt discret ; de ce que j'ai pu voir, en tout cas. Il m'a dit tout à l'heure qu'il venait ici parce qu'il avait une nouvelle famille d'accueil. Mais qu'est-ce que cela veut dire, concrètement ? D'accord, j'ai bien saisi qu'il était orphelin, mais pourquoi a-t-il quitté l'endroit dans lequel il était avant ? Eh merde, et si c'était chez ses parents qui sont morts ?

Bien joué Venus ! J'espère vraiment pour toi que ce n'est pas le cas !

— Je te l'ai dit : je suis obligé de venir m'installer ici. J'ai eu de la chance qu'une famille veuille bien de moi. A quinze ans, rares sont ceux qui veulent de quelqu'un de mon âge.

S'aimer, et rien d'autre |Terminé|Où les histoires vivent. Découvrez maintenant