L'Immortelle Ensanglantée

Quatrième morsure : Aux petits soins

Ou
Prendre soin de son invité tout en lui rappelant avec malice qu'il doit se remplumer

Mikhail se leva.
Tôt, comme toujours.
En général, le matin, il s'occupait du ménage avant qu'Aludra ne se lève.
Cela faisait à peine deux nuits que Mikhail était ici. Il avait de la peine à s'habituer à sa vie nouvelle qui était maintenant la sienne à part entière mais à présent, mais il commençait tout juste à l'apprécier. Après ses années ininterrompues de harcèlement, un peu de confort dans sa vie ne pouvait guère lui faire de mal. Au contraire, cela lui faisait le plus grand bien. Aussi bien physiquement que psychiquement.
Avant, il était rarement heureux le matin, se disant qu'il allait encore devoir supporter une journée à être harcelé, frappé, et autres horreurs humaines...
Faire autre chose de ses mains que se protéger contre pierres et coups avait quelque chose de relaxant et de gratifiant. Et il se sentait utile pour la première fois de sa vie de dix-sept ans. Il s'attarda ce matin sur sa chambre qu'il nettoya presque de fond en comble avant de se rendre compte qu'il était presque dix heures.

Il sortit de la pièce et croisa Aludra qui venait probablement le chercher. Vêtue aujourd'hui d'une belle robe d'un bleu nuit profond, on voyait ses chaussures à talons quand elle marchait et que le tissu se soulevait au rythme de ses pas posés et presque majestueux.
-Tu es toujours debout très tôt, Mikhail. Tu as bien dormi ?
-Oui, bien, merci...répondit-il avec un sourire gêné tout en se frottant les cheveux.
-Allons déjeuner si tu le veux bien. Hier, nous n'avons pratiquenent que bu du thé.
-Vous m'avez offert un repas du soir, quand même...
-Très frugal, tout de même...dit Aludra, désapprouvant son propre comportement.
Mikhail eut un petit rire qui faisait forcé mais qui était en réalité juste gêné. Il avoua à son hôte :
-Vous savez...Avant d'arriver ici, je ne mangeais pas plus que ce que vous m'avez donné hier soir...Mais par jour...
Aludra, qui marchait devant lui, tourna la tête et il voyait son profil. Ses yeux rouges luisaient à la lumière du Soleil qui filtrait à travers les immenses vitres du couloir et ses cheveux volaient dans son dos, aujourd'hui couvert par sa robe. Elle lui tapota une fois gentiment le milieu du torse au milieu du sternum avec sa main presque blanche et lui dit avec un sourire qui laissait voir ses canines :
-Et bien, sache qu'ici, tu vas manger. J'ai appris à cuisiner, ici dans ma solitude, et tu dois te muscler un peu, petit maigrichon que tu es !
Mikhail dit, avec un semblant de défense dans la voix :
-Je n'avais pas souvent l'occasion de manger à ma faim, avant...Je devais aussi voler pour me sustinter. Et survivre...
-Je le sais, Mikhail. Je le sais.
Il se tut et ils arrivèrent à la salle à manger où ils mangeaient d'habitude le matin.

Ils étaient en train d'avaler une ou deux tartines quand Aludra prit la parole, les coudes sur la table dans une pose mettant en valeur son buste blanc comme neige, passablement recouvert par le tissu de sa robe magnifique :
-Mikhail. Auhourd'hui, nous allons nous occuper de toi. Tu es tout maigrichon et tu es vêtu de hâillons. Je vais m'occuper de te fournir tout ce qu'il faur de correct.
Le jeune garçon ne savait plus où se mettre...C'est les joues rouges qu'il dit avec une bégayement parfaitement audible :
-Madame Aludra...Mer...Merci beaucoup !
Elle plissa les yeux.
-Pardon...J'ai l'habitude d'être trop poli...Aludra, merci !
-C'est mieux, dit-elle avec un air satisfait flottantsur le visage. Encore étonnant que tu sois si poli en ayant été harcelé autant de temps.
-Je ne sais pas...répondit-il avec un petit sourire embarassé. Peut-être est-ce simplement dans mon caractère ? Ou bien je ne veux pas faire aux autres ce que je ne veux pas subir.
-Je comprends bien ton raisonnement, Mikhail.
Ils continuèrent de manger en silence. Mikhail commençait à trouver ce dernier gênant et chercha alors un sujet de conversation. Quand il le trouva, il n'hésita pas à le dire à Aludra :
-Ma...Aludra. Puis-je vous demander ce que vous voulez faire pour moi ? Je veux dire, pour vous occuper de moi, comme vous avez dit.