L'Immortelle Ensanglantée

Vingt-sixième morsure : Logement éphémère

Ou
Confier sa maison à une personne forte et vraiment de confiance pour pouvoir aller faire un tour peu commun

-Gravii, fais taire cet enfant !

Aludra logeait temporairement Graviila, son mari et Zwirco pour que la Dépendante ne manque jamais de son sang. Elle était encore faible et Aludra ne tenait pas à ce que son petit-fils se retrouve orphelin de mère à peine né. Mais ce qui l'embêtait un peu plus, c'était ses incessants cris. Cela rendait la surpuissante vampire folle de devoir supporter à longueur de journée ces odieuses braillées qui perçaient ses tympans en traversant les murs et toutes les surfaces, quelles qu'elles soient...
La Dépendante finit par calmer son fils sous le regard amusé de son père.

Le mari de Graviila, Kasim Prist Yevada était un vampire noble et qui avait eu presque le coup de foudre pour la fille de la surpuissante Aludra. Il lui avait fallu un moment avant de pouvoir l'approcher sans craindre de froisser l'ancienne reine et se faire écarteler puis égorger au moindre faux pas, mais finalement, il avait pu lui parler un soir et le courant était tout de suite très bien passé entre eux.
Vraiment très bien.
Au point qu'ils se marièrent quelques temps plus tard, et à présent, sa femme lui avait offert un héritier, mais avant tout un enfant. Il l'aimait tant...
Malgré sa nature de Dépendante, et donc d'ancienne humaine, elle avait accepté de mettre sa vie en jeu en portant leur enfant. Et ça, c'était pour lui une des plus belles preuves de l'amour qu'elle lui portait. Il avait vraiment une femme extraordinaire dans tous les sens du terme !

Aludra se promenait dans son château avec sa robe rouge sang un peu plus courte qu'à la normale bordée de fines dentelles noires quand elle reçut la visite par la fenêtre d'un être de flux vital, blanc avec des ailes qui avait une forme plutôt abstraite. Elle reconnut là un congénère de ses Noctambules. Il n'y avait qu'elle qui leur donnait un tel nom, aucun autre vampire ne s'amusait à cela, mais quand elle en voyait, elle disait toujours Noctambule tant ce mot était à présent imprimé dans son crâne.
Elle reconnut alors ce Noctambule caractérstique d'une de ses connaissances. Elle soupira et prit la lettre blanche aux coins jaunis, signe de leur usure, qu'il lui tendait de ses pattes miniatures, qui étaient un étrange mélange de pattes d'oie et de nageoires de dauphin.
Quand elle lut la lettre qu'elle avait ouvert d'un seul coup d'ongle, elle sourit, satisfaite et repartit alors en direction de son jardin en congédiant le Noctambule blanc qui s'évapora dans un nuage de fumée aussi immaculé que son corps.
Elle alla alors prévenir Aimé et Enula, toujours dans leur entraînement quotidien, qu'elle allait s'absenter quelques jours puis elle remonta vers son salon.

Quand elle entra dans la grande pièce, elle vit alors ceux qu'elle avait quittés quelques minites plus tôt. Sa fille Graviila, son gendre Kasim, leur fils Zwirco et son humain, pour autant qu'il lui appartenait, Mikhail. Comme elle savait qu'Enula et Aimé s'entraînaient au-dehors, elle ne se retint pas d'annoncer d'une voix assez forte :
-Je vais m'absenter quelques temps. J'ignore encore quand je serai de retour mais sachez que je vous autorise à rester ici jusqu'à mon retour.
-Merci, Maman, lâcha Graviila avec un sourire.
-En fait, je vous le demande, mais vu que vous restez volontiers, fit-elle avec un air sournois mais amusé.
Puis, Aludra lui tendit une bouteille en verre avec son sang à l'intérieur et demanda à Kasim de la prendre.
-Veille à ce qu'elle ne manque jamais de mon sang mais qu'elle n'en abuse pas non plus. Il serait très regrettable, pour toi comme pour moi qu'elle fasse une crise de manque, surtout avec un enfant maintenant.
-Bien, s'inclina légèrement Kasim en souriant en empoignant la bouteille.
-Je vous demanderai aussi quelque chose, peut-être plus à toi Kasim que toi, Gravii, vu que tu t'occupes beaucoup de ton enfant.
-Oui ? fit le couple à l'unisson.
-Tâchez de protéger Mikhail. Je sais que Gildas est de retour et est potentiellement attiré par lui pour me faire chanter. Alors s'il vous plaît, le temps de mon absence, protégez-le. Je ne peux pas l'emmener là où je vais.
Graviila eut un déclic mais ne dit rien, alors que sa mère avait bien vu que son regard avant changé en une demi-seconde.
-Bien, acquiescèrent-ils tous les deux.