L'Immortelle Ensanglantée

Trentième morsure : Déclaration de guerre, mais pas que

Ou
Devoir partir se battre contre quelqu'un en ayant même du mal à dire "Advienne que pourra" tant on appréhende cette dure et probablement longue bataille

Aludra savait ce qu'elle risquait.
Mais elle avait quand même pris cette décision une semaine plus tôt...

-Ce corps est celui d'un des Dépendants de Gildas. Je le sais, en plus je l'ai déjà vu...
-Reine Aludra, s'était inquiété Lloyd immédiatement. Que comptes-tu faire ?
-Répondre à sa provocation ! avait-elle grommelé entre ses crocs. C'est clairement une provocation de laisser un cadavre signé de sa main dans ma propre maison et le fait que je n'aie rien senti m'exaspère...Cela a plus que duré, je ne veux pas qu'il y ait plus de victimes, surtout des innocents.
Lloyd avait dégluti si bruyamment que même Mikhail, humain à l'autre bout de la pièce, l'entendit.
Ils avaient ensuite déplacé le reste de corps et sa tête pour lui donner une sépulture décente et Aludra avait congédié Enula qui était retournée chez ses parents, ce qui arrangeait la surpuissante vampire pour ses futurs projets.
-Enfin ! soupira d'aise Aimé quand elle quitta le château en conpagnie de sa mère, Pisca, venue la chercher et rentrée de vacances exprès en ces temps plutôt dangereux...
-Tu es enfin soulagé de cette peine de l'entraîner, lui sourit Aludra qui fut approuvée par Lloyd dans son dos qui hochait la tête. Tu pourras enfin souffler. Et merci d'avoir assumé ça pendant tout ce temps.
-Qu'est-ce que je ne ferai pas pour toi ? fit Aimé avec un petit sourire timide.
-Arrête, ton chéri va me faire une crise de jalousie ! fit moqueusement la Reine Vampire en regardant Lloyd avec son sourire amusé.
Aimé rit. Finalement, ces deux-là restaient dans le château et Graviila et son mari Kasim repartaient dans le leur avec leur enfant, avec une bonne quantité de bouteilles de sang d'Aludra pour Graviila les prochaines semaines. Il ne fallait pas qu'elle soit faible pour nourrir Zwirco, en lait comme en sang.

Dans la voiture tirée par deux chevaux cette fois vivants et non pas des Noctambules en forme d'équidés, guidés par cette fois-ci un Noctambule miniature en guise de cocher de fortune pour économiser de son flux vital, Aludra maintenait sa tête avec sa main d'une manière relativement disgracieuse que Mikhail, assis face à elle, ne lui avait jamais vue auparavant. Elle soupirait. Mikhail se souvint de pourquoi elle l'avait emmené lui aussi alors qu'ils se rendaient à un endroit dangereux.

-Je ne veux pas qu'il t'arrive malheur et si je te laissais ici, je suis sûre que ce serait le cas malgré la meilleure protection du monde. J'aimerais que tu viennes avec moi, je serais plus rassurée.
-D'accord...

Ces paroles résonnaient en boucle dans l'esprit de Mikhail qui commençait à se poser de sérieuses questions sur lui-même et la vampire, mais...
Mais aussi sur eux deux ensemble...
Depuis les quelques mois durant lesquels Aludra l'avait recueilli, même si en tout premier lieu elle l'avait attaqué pour se nourrir et ne pas mourir, c'était la première personne au monde à lui témoigner quelque chose de plus que le considérer comme un bouc émissaire. Elle aurait pu le vider de son sang directement après son enlèvement mais non, elle avait décidé de le garder sous son aile, ou sa coupe on ne sait jamais, et il avait enfin su, et surtout pu, accorder sa confiance à quelqu'un !
Pour ça...Rien que pour ça, la vampire comptait plus que tout à ses yeux !
Elle ne l'avait jamais considéré comme un parasite, ni comme une maladie ou une pustule purulente, ni comme une victime, mais comme un être humain, un être vivant avec un esprit et une conscience propre capable de penser et de ressentir de la douleur.

En parlant de douleur...
-Aludra...
-Oui ?
-Est-ce que je peux te demander quelque chose ?
Le regard de la Reine Vampire s'illumima.
-Tiens donc ? Tu ne me vouvoies plus ? Dites donc, quel progrès, mes chers amis ! Bravo, Mikhail ! lui dit-elle avec un grand sourire découvrant ses crocs.
Mikhail rougit du bout de nez à la pointe de chacune de ses oreilles.
-Ça...Ça m'a échappé...se justifia-t-il, comme une sorte d'excuse. C'est sorti tout seul...
-Mais c'est très bien ! s'enthousiasma Aludra. Je t'écoute, tu avais quelque chose à me demander ?
-Oui...bredouilla le jeune humain, toujours rouge comme une tomate bien mûre ou comme les jus tièdes qu'il préparait à son hôte.
-Vas-y, l'encouragea la vampire.