Chapitre 3

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-Mademoiselle, vous m'entendez?

Allongée sur l'herbe, la jeune fille était plongée dans le coma depuis maintenant 5 heures. Un jeune homme était penché sur elle, essayant désespérément de la réveiller.

-Que va t'on faire? Nous ne pouvons pas nous cacher éternellement.
Questionna le jeune homme au plus vieux.

-Il faut la ramener chez ses parents. Là-bas, elle sera en sécurité.

-Et qu'est ce que tu veux que je leurs dise? Votre fille, elle a été kidnappée par des folles persuadées qu'elle est la princesse disparue d'un royaume lointain et qui ont pour but de l'éliminer afin d'être sûr qu'elle ne reprenne pas le trône? De plus, elles vont sûrement venir jusque chez vous pour vous tuer aussi?

-Reprends ton sang froid, Seb. Tu sais comme moi que la princesse est dans un lieu sûr éloigné de tout: il vaut mieux que les marginales s'attaquent à une simple humaine plutôt qu'à la vraie princesse. Une vie humaine ne coûte pas chère comparée à celle de notre....

-Victor? Ta «simple humaine» que tu souhaites sacrifier...

-Et bien? 

-Elle n'est plus là.

En effet non loin de là, la jeune fille aux cheveux roses courait aussi vite que possible, redevenue libre de ses mouvements et tentant de retrouver sa vie normale. Elle se trouvait à l'orée d'une forêt, mais quelle forêt... Rose était persuadée que c'était sa forêt et qu'elle débarquerai bientôt dans la banlieue de sa ville mais il en était autrement: elle se trouvait dans l'un des lieux les plus éloignés de toute civilisation sur la terre, et ce qu'elle pensait être l'orée de la forêt était en fait un camps d'entraînement pour les marginales.

Seb et Victor qui connaissaient la forêt savait que l'humaine serait attirée par l'orée du bois, soit le début des ennuis. Ils se précipitèrent et alors que Rose était sur le point de franchir la barrière de protection du camp, ils crièrent ensemble:
-NON!!!

La jeune fille sursauta et se tourna brusquement vers les deux hommes. Persuadée qu'ils étaient avec les femmes qui l'avaient enlevée, elle fit un pas en arrière et tendit une main vers la barrière. Seb prit la parole d'une voix rassurante:
-Non! Ce que tu vois là n'est pas la ville. C'est une barrière de protection. Et derrière cette barrière, se trouve le camp d'entraînement des marginales, les femmes qui t'ont enlevé.

Rose fronça les sourcils mais le jeune homme continua:

-Voici Victor et moi c'est Sébastien, mais appelle moi Seb. Nous sommes venus te libérer des marginales. Comment t'appelles-tu?

-Rose... murmura la jeune fille dans un souffle.

-Je te promets que nous n'allons pas te faire de mal, nous allons juste te ramener chez toi. dit Victor.

Rose demanda d'une voix hésitante:

-Mais elles savent où me trouver maintenant elles vont revenir...

Seb sourit et lança à Victor un regard qui signifiait «Pas de bol, elle a un cerveau!».

-Ne t'inquiète pas, des personnes vont venir pour assurer ta protection et celle de tes proches. Tu devras juste être plus vigilante. On va attendre la nuit pour aller au portail. Suis-nous.

La jeune fille acquiesça et suivi les deux hommes à travers la forêt jusqu'à un arbre courbé de manière curieuse devant lequel ils s'arrêtèrent. Elle ne savait pas si elle pouvait leur faire confiance, mais c'était les seuls à pourvoir la ramener chez elle saine et sauve. Enfin, elle l'espérait.

-Voila où l'on vit!
Dit Seb d'un ton faussement enthousiaste.

-Il fallait le dire plus tôt que vous étiez Robin des bois!  S'esclaffa Rose.

Seb et Rose de mirent à rire sous le regard médusé de Victor.

-C'est lui qui a tout construit, ne juge pas avant d'être entrée...

La jeune fille lui lança un regard interrogateur quand il lui dit:

-Attention à la marche.

-Quelle march.....

Seb la poussa sous l'arbre et baissa une branche. La mousse sur laquelle était Rose était en fait une trappe qui s'ouvrit brusquement, laissant la jeune fille tomber en poussant un hurlement à réveiller les morts.

PDV Rose:

Je vais les tuer. Non, les découper en morceaux avant de les donner à manger à une chèvre. La chute m'a complètement sonnée, heureusement qu'il y avait un filet en bas. Pour me venger, je remarque un creux dans le mur et me cache à l'intérieur. J'attends avec impatience le moment où je les verrai tomber dans ce filet....
De longues minutes passent et je commence à me demander si ils ne m'ont pas abandonnée. Je m'apprête à sortir de ma cachette quand je sens une main sur mon épaule. Je pousse un cri strident et me retourne en frappant l'inconnu de toutes mes forces, aussi médiocres soient elles.
Victor arrive par une porte que je n'avais pas encore remarquée et reste bouche bée en voyant l'homme derrière moi la lèvre ensanglantée. Je me recule le plus vite possible et une fois dans la lumière regarde l'inconnu, ou plutôt, un Sébastien riant aux éclats et tenant un mouchoir pressé sur sa lèvre.

-Je vous hais.

Crachai-je avant de repartir vers la porte.
Ma main avait à peine effleurée la poignée en bois que j'entend Victor toussoter, se contenant de rire.

-Tu t'es trompé de porte...

En effet derrière la porte en bois se trouve un petit cagibis remplit de produits ménagers.

-Et bien si au lieu de rigoler comme des dindes vous veniez me montrer les toilettes ça irai sûrement plus vite! Dis-je avec colère. Non mais c'est vrai, pour qui se prennent-ils?
Sur les talons de Victor je sortis de la pièce, laissant le peu de fierté qu'il me reste envoyer un regard noir à Seb qui se tordait encore de rire par terre.

Nous débarquâmes dans une grande pièce dans laquelle étaient installés des canapés, des coussins, des jeux de sociétés et des livres. Dans un coin de la salle, se tenait une table avec trois couverts et une cuisine longeait le mur.

-Je meurs de faim. Dit Seb.
-Moi aussi. Rose, tu veux manger?

En vérité je mourais de faim. Mais je n'avais toujours pas digéré la petite farce de tout à l'heure. Ou bien c'était mon estomac qui était tétanisé par la peur d'être seule dans un endroit inconnu loin de chez moi.

-Non merci, la chute m'a coupé l'appétit.
Dis-je d'un ton catégorique.

-Comme tu voudra. Dit Victor en haussant les épaules.

Le reste de la soirée se déroula sans trop d'accrochages et nous partîmes enfin pour me ramener chez moi.
« Enfin » pensais-je. Même si je paraissais détendue, j'avais hâte de rentrer. La compagnie de ces hommes était peut être sympathique, ils n'en restaient pas moins des inconnus.

Après plusieurs dizaines de minutes de marche, les hommes s'arrêtèrent au bord d'une clairière au milieu de laquelle était plantée une porte.

-Cette porte te servira à rentrer chez toi. Il te suffit juste de penser au lieu où tu veux arriver. Tu ne pourras traverser la porte qu'une seule fois, après ton départ nous... nous la détruirons par précaution.

L'heure des adieux enfin arrivée, je me pose devant Victor et l'enlace dans mes bras.
-Alors, tu ne fais plus de boudin?

-Vous m'avez aidé à rentrer chez moi et vous m'avez libéré de ces femmes. Je vous serais éternellement reconnaissante... Mais pourquoi m'ont-elles enlevé?

Je vois Victor lancer un regard de détresse à Seb. Je me résigne, comprenant que toutes les vérités ne sont pas forcement bonnes à entendre.
Je fais mes adieux à Seb et ouvre la porte. Je commence à douter de son mécanisme mais je me concentre de toutes mes forces sur l'endroit où je veux aller: ma maison. J'avance d'un pas et je sens un tourbillon m'emporter. J'essaie de ne pas lutter mais la violence de la tornade me fait perdre connaissance.

Destinées croiséesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant