Chapitre 22

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Lucy

Après plusieurs dizaines de minutes de réflexion, je trouva enfin la solution: il me suffisait de trouver la couleur sur laquelle marcher!
Encore une fois la réponse était évidente: quelle couleur la reine appréciait par dessus tout?
Pas besoin d'être un génie pour le savoir!
Je fis un premier pas sur la case noire et attendis. Rien ne se passa, j'avais réussi!
Je posa mon pieds sur la deuxième, puis la troisième case, et je finis par courir jusqu'à pénétrer dans le brouillard.
Je m'arrêta subitement quand le sol éclairé disparu. Je regarda autour de moi, et reconnus un village. Je me trouvais en son centre. Je tenta d'interpeller une villageoise, mais celle ci fins de ne pas me voir. Je saisis son poignet, mais ma main traversa la sienne: elle ne pouvais pas me voir.

-Saphira, ma belle Saphira... Je ne désire qu'une chose, c'est d'être avec toi! Ne refuse pas mes avances, je vois tes joues rougir: je sais que tu ressens la même chose pour moi!

La voix forte et puissante du jeune homme raisonnait dans une ruelle sombre. Je m'approcha pour mieux détailler les deux amants, et ne pus m'empêcher d'étouffer un cri de stupéfaction.
La femme qui était adossé au mur avait des cheveux noirs corbeaux que je ne connaissais que trop bien, un regard perçant qui n'appartenait qu'à une personne: la reine.
« Je me trouve dans un souvenir... » pensais-je.

Mais il y avait quelque chose sur le visage de la reine, d'invisible aujourd'hui: de l'émotion. Elle soupira longuement, avant de répondre au jeune homme.

-Oui Marcus, je le confesse, je ne suis pas indifférente à ta présence. Je pourrais même t'avouer que mon cœur s'emballe à chaque mot que tu prononce, que tes doigts sur ma peau sont comme un choc qui se propage dans tout mon corps et que je rêve de sentir tes lèvres sur les miennes. Mais ça ne changerais rien. Tu n'es pas autorisé à vivre ici, au près de moi. Nous venons de deux mondes trop différents ça ne marchera jamais, à cause de ça!

La reine avança sa main et saisi la capuche qui recouvrait la tête du jeune homme. Elle tira d'un coup sec, dévoilant ce qui se cachait dessous: deux cornes pointus.

-Je sais, je suis un démon. Mais rien de doit être un barrage pour nous. Je te propose de nous enfuir, juste toi et moi, loin des planètes mères! Nous pourrions être libre de nous aimer! Retrouve-moi quand la lune sera haute dans le champs de fleurs. Nous réussirons, crois moi...

Il déposa délicatement une caresse sur la joue de la jeune fille, pour essuyer une larme qui y perlait. Il remit sa capuche, et disparut dans l'ombre de la ruelle.
Le brouillard se rependit dans le village jusqu'à ce que ma vue soit totalement brouillée.
Je repensa à l'épisode que je venais de voir: je jubilais intérieurement en pensant que j'avais raison depuis tout ce temps!
La reine avait bien été capable de ressentir de l'amour! Il me suffisait de découvrir ce qu'était devenu ce certain « Marcus » et le tour était joué! Je tenta de chasser la brume qui m'empêchait de voir, mais en quelques seconde elle disparut toute seule. Je me trouvais à présent dans un champ de fleurs, ou Marcus attendait patiemment.
Une jeune fille capuchonnée apparut enfin à l'extrémité du champs: c'était la reine.
Sa grâce et sa démarche impériale étaient exactement les mêmes que aujourd'hui. Elle s'approcha du démon, et déposa sur ses lèvres un chaste baiser. Lui, sourit en comprenant que la jeune fille s'enfuirait avec lui. Il claqua des doigts et un nuage de fumée les enveloppa. La fumé me bloqua la vue pendant un instant, mais quand elle disparut je vis le couple se tenir devant une chaumière au milieu d'un bois.

Ils riaient aux éclats, mangeant sur une petite table juste devant la porte d'entrée. Mais un détail dépassa mes espérances plus que tout ce que j'avais vu jusqu'ici: la reine avait posé une main sur son ventre, visiblement très rond. Jamais je n'aurais imaginée que une personne telle que la reine puisse un jour avoir un enfant. Mais sa grossesse ne me réjouis pas autant que le couple: quelque chose de vraiment grave et terrible a dû se produire pour que la jeune femme aimante devienne à ce point cruelle.
Son visage se figea, et elle regarda Marcus d'un air suppliant.
-Emmène moi chez le médecin du village... Tu avais promis...

Sa voix se cassait sous l'effet de la douleur, et Marcus hocha la tête. Il claqua des doigts et le même nuage de fumée nous transporta dans le même village que au début.
La douleur de sa femme était telle qu'il oublia de couvrir ses cornes, et il se précipita dans la maison la plus au centre.
-J'ai besoin d'un médecin! Aidez-moi, ma femme va accoucher!

Alertés par ses cris, les villageoises se rassemblèrent peu à peu autour de la maison. Durant plusieurs heures, les rumeurs quant à ce couple étrange fusaient de toutes parts.
Les hommes étaient tolérés dans le village, mais il restait tout de même étrange d'en croiser sur une planète mère telle que celle-ci.
Les démons, c'étaient une autre affaire: dès l'école, on apprenait aux enfants qu'ils étaient des créatures du diable, qu'il fallait à tout prix éviter.
Donc en voyant cet être à cornes débarquer en hurlant dans le village, il faut imaginer que ces murmures étaient fondés.
Au bout de quelques heures, un cri de nouveau né s'éleva de la maison. Les deux parents étaient fous de joie, mais elle ne put durer longtemps. Les habitants effrayés par le démon qui avait fait irruption dans la ville, avaient appelé les soldats de Sophia.
Ils défoncèrent la porte, et saisirent Marcus par les bras. Il se débattait corps et âme pour repartir vers sa femme et son enfant, mais des renforts arrivèrent au pas de course.
Des larmes noires coulaient le long de ses joues alors qu'il tentait désespérément de faire demi-tour.
Sa femme, sur le perron, tenait un nourrisson dans ses bras et était bloquée par des gardes qui l'empêchaient de rejoindre son mari.
Cette effusion de larmes et de tristesse était en trop. Je savais que la reine avait un lourd passé, mais là s'en était trop. Je cru un instant que tout était fini, mais non. Les soldats traînaient Marcus, non pas vers le portail qui le mènerait à la prison, mais vers le centre du village, où se tenait une place surélevée. En quelques fractions de secondes, je compris ce qu'il se passait. Naïvement, je tenta d'interpeller les gardes, mais je n'étais que spectatrice du souvenir. Marcus fut allongé au milieu de la place, et une femme capuchonné munie d'une hache s'approcha de lui.
Il hurlait le prénom de sa femme, et elle le sien.
Dans les cris et les larmes, le bourreau leva sa hache, et dans un dernier hurlement de la reine, elle s'abattit sur la nuque du démon.

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Bonjour bonjour!
J'étais tellement pressée de poster ce chapitre, c'est dingue!
Pour tout vous dire, quand j'ai écris le dernier paragraphe, j'entendais les tambours qui faisaient monter le suspens, comme dans les cérémonies d'exécution, c'était juste ouffissime!

Que pensez vous du passé de la reine?
Est ce que ce souvenir suffira à Lucy pour la faire changer?

Donnez votre avis, c'est gratuit (et oui, je fais des rimes)

Allez bonne semaine!

Destinées croiséesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant