L'illusion de l'espoir

Chapitre 3

Le mariage est passé depuis une semaine, nous avons repris les cours dès le lundi. Patrick est passé à la maison et a rencontré papa. C'est bizarre de dire ça, mais les deux s'entendent très bien. Spencer continue de me fusiller du regard dès que je jette un coup d'œil à sa sœur. Autant d'habitude je sais garder mon calme, autant là j'ai énormément de mal et la colère ne cesse de monter.

«- C'est quoi ton problème avec moi, Spencer ? Qu'est-ce que je t'ai fait pour que tu me regarde aussi mal dès que j'ose approcher ou même regarder Mila ? je brûle de colère, et là, ça risque d'être difficile de me faire redescendre.

- Tu vois, Mila, il n'est pas fait pour toi, tu as vu comme il s'énerve vite ?

- Vite ? Mais putain Spencer, ça fait une semaine que tu le cherches ! lui répond-elle, au bord de l'énervement elle aussi.

- Tu vas me répondre oui ?!

- La réponse est pourtant simple : aucun autre mec que moi n'approche ma sœur. Et quand je vous vois, je sais que tu as fait bien plus que l'approcher.

- Je ne vois pas le problème putain ! Car ça n'explique en rien ton putain de comportement ! Tout ce que j'ai compris de toi, c'est que tu t'es barré et que Mila n'as pas eu de nouvelles pendant un temps beaucoup trop long, et ça me suffit pour croire que ton rôle de grand frère exemplaire et protecteur n'est qu'un masque ! Quel connard ferait ça à sa sœur ?!

- Nolhan... Tu... Tu vas trop loin... Il n'en reste pas moins mon frère...

J'ai dû mal entendre. Mila qui me dit ça ?

- Mais merde Mila, tu l'as vu au mariage tu as pleuré, et ce n'était pas de la joie, ça je peux te l'assurer ! On peut parler que toi et moi s'il te plait ? Je pense avoir besoin de quelques explications là.
Je ne lui laisse pas le temps de répondre et l'entraîne dans ma -notre- chambre.

- Explique-moi, Mila, s'il te plait... Sinon je ne pourrais pas continuer...

Les larmes commencent à couler, mais ce sont des larmes de colère et d'épuisement. Je me bats depuis une semaine contre moi-même pour ne pas craquer. Bravo, Nolhan, mission réussie !

- Je ne peux pas, No', je ne suis pas prête à en parler...

- Alors je ne suis pas prêt à continuer, car tu souffres, je souffre, et tant que ton frère sera là, alors toi et moi on ferait mieux de rester loin l'un de l'autre...

Avec cette fille, j'ai perdu toute ma virilité, car elle m'a déjà vu pleurer pour de trop nombreuses choses, et là, c'est encore pire, car j'ai l'impression qu'elle va se foutre de ma gueule.

- Tu n'as pas le droit de me faire ça ! On a été plus fort que le mariage des parents, et tu pars à cause d'un petit détail de rien du tout ! Je te pensais plus fort que tout ça, cowboy...

- UN DÉTAIL ?! Ce n'est pas toi qui subit la tension envoyée par ton frère, il surveille chacun de mes faits et gestes, comme s'il cherchait le meilleur moment pour me mettre plus bas que terre. Je t'ai dit tout ce que je ressentais par rapport au départ de ma mère, et toi tu ne veux même pas me dire pourquoi ton frère est comme ça et qu'en plus tu le défends! Non, Mila, je suis désolé, mais je pense à ma santé mentale et morale avant tout. J'aime pas poser d'ultimatum, mais c'est soit tu parles à ton frère pour qu'il arrête son "petit jeu", soit toi et moi ça n'ira pas plus loin tant qu'il sera dans le coin. Et ne m'appelle plus cowboy.»

A peine ai-je fini ma phrase qu'elle se jette sur moi pour m'embrasser. Plusieurs émotions me traversent, mais aucune ne ressemble à du désir. J'ai beaucoup trop gardé mes sentiments cette semaine, qu'aujourd'hui aucun d'eux ne laissent la place à l'amour et au désir. La haine, la colère, la tristesse et le dégoût ont pris mon esprit pour une durée indéterminée. 

Mais je la laisse faire, puis dis sur ses lèvres : « Tu sais ce qu'il te reste à faire si tu veux refaire ça».