Chapitre 18

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Les vacances passent bien trop vite. Nous sommes début août, et pour une semaine, Papa et Cyrielle ont décidé qu'ils nous laisseraient la maison pour partir seuls en voyage. Ah, d'accord, pas de soucis. Ils partent vers Barcelone je crois, et nous avons donc les deux maisons entières pour nous tous seuls. Nous avons l'autorisation implicite de faire une soirée avec nos amis pendant leur absence, alors dès qu'ils ont franchi la porte, mes frères et moi nous sommes réunis afin de procéder a la liste des invités : la bande en premier lieu, obligatoire. Marco invite des amis à lui de sa fac, une bonne dizaine s'il ne modifie plus rien ; Isaac invite des amis à lui que j'ai déjà croisé quelques fois je crois, quant à moi, je me contente de la bande.
« - Je viens de penser à quelque chose, commence Isaac.
- Quoi ? répond notre aîné.
- Si Camélia décide de venir, elle va certainement vouloir son mec, non ? enchaîne mon double.
- Après elle n'est pas obligé de le trainer partout, je grogne.
- No', il est où le problème ? me questionne Marco.
- Le problème est qu'il me paraît mauvais pour elle, comme pour nous.
Ma réponse n'a pas l'air de les convaincre, car l'un comme l'autre, ils éclatent de rire.
- C'est stupide, No'. Au pire elle souffrira, et alors ? Ça arrive à tout le monde.
- Justement. Si elle doit souffrir, je ne veux pas que ce soit avec le mec le plus populaire du lycée. Ce mec peut jouer avec son influence, et peut la mettre plus bas que terre en très peu de temps. 
Le silence qui suit ma prise de parole est très pesant. Aurais-je tapé dans le mille ? Sont-ils en train d'imaginer la scène ?
Un mec comme lui détruirait une fille comme Camélia. Comme je l'ai dit à mes frères, il jouerait de son statut de populaire pour la rabaisser aux yeux de tous. Elle en serait anéantie.
- Et au pire le mec-là tu ne lui parles pas, et c'est réglé, reprend Marco. Et si Cam' ne veut pas prendre en compte ton avertissement, même un tout petit peu, alors arrête de lui parler et on verra si elle tient plus à lui qu'à toi. C'est la meilleure chose à faire. En attendant, c'est notre amie, donc elle vient, et si elle demande pour lui, on agira en adultes. Capich', Nolhan ?
Je ne réponds pas tout de suite, pour prendre en note et bien retourner tout ça dans ma petite tête d'ado stupide de 17 ans. Comment Marco, encore plus stupide que moi, peut penser comme cela ? Quand a-t-il enfin mûri ?
- Ho hé, du bateau ! Tu comptes répondre un jour, qu'on puisse clore cette liste et inviter nos amis ? demande Isaac en le passant la main devant les yeux.
- Ouais, désolé. Faites ce que vous voulez».
Mes frères ne sont pas convaincus par ma réponse mais ne disent rien et passent des coups de téléphone à tout le monde, surtout leurs amis respectifs. Alors que je compose le numéro de Mila, on toque à la porte. Je me dépêche et vais ouvrir, tant pis je l'appellerai tout à l'heure. Et lorsque j'ouvre la porte d'entrée, je tombe nez à nez avec... Elle ! Je la prends dans mes bras et elle me donne un baiser passionné, me laissant avec une marque de gloss rouge framboise que les lèvres lorsqu'elle met fin à son geste. Elle glousse en me voyant arborer non sans fierté son gloss, qui n'a pas seulement la couleur mais aussi le goût du fruit rouge. J'adore ses gloss. L'autre jour, elle en avait un à la myrtille, et encore avant à la pomme. Si elle savait à quel point ils me rendent fou ! Je pense lui en offrir des nouveaux, pour son anniversaire. Je crois que c'est bientôt, en plus, car elle ne m'en a jamais parlé auparavant.
« - Bébé ? je demande, au creux de son cou.
- Oui ?
- C'est quand ton anniversaire ? Tu ne m'en as jamais parlé.
- Euh... C'est que...
Elle marque une pose et pique un fard, et fuis mon regard. Je la taquine un peu, lui prends le menton avec mon index pour l'obliger à me regarder. Elle tourne bien la tête vers moi, mais ferme les yeux.
- Mila ?
- C'est... Aujourd'hui...
Il me faut du temps pour être sûr de comprendre. Aujourd'hui ?? Mais comment ai-je pu rater ça ?
- Aujourd'hui ? Pourquoi ne me l'as-tu pas dit ? je demande, incrédule.
- Parce que c'est un jour comme les autres, et que je ne veux pas fêter mon anniversaire.
- Pourquoi ? Tout le monde aime fêter son anniversaire.
- C'est le jour où mes parents ont divorcé. Et même si j'adore ma vie depuis, que j'adore ton père, ça reste un mauvais souvenir pour moi.
- Je comprends, Bébé, mais laisse-moi te donner un meilleur souvenir de cette journée. Tu verras, après ça, tu voudras toujours le faire.
- Et comment tu comptes t'y prendre ? me questionne-t-elle, avec un petit regarde plein de sous-entendus.
- Je peux te montrer ça maintenant, si tu veux, je lui réponds en me collant contre elle.
- Tes frères sont là, non ?
- Ouais, et alors ?
- Allons avec eux ! dit-elle, en se mordant la lèvre supérieure pour ne pas éclater de rire.
- Je te déteste, Bébé. Tu es cruelle, tu le sais, ça ? je lui lance, avec une érection qui commence à prendre de l'ampleur.
- Ah oui, cow-boy ? me charrie-t-elle. 
- Arrête ça tout de suite avant que je te porte jusqu'à ma chambre pour te déshabiller et te souhaiter ton anniversaire comme il se doit, je rétorque, alors qu'elle continue de me chercher.
- Tu ne ferais pas ça.
- Alors ça c'est ce que tu crois !»
Et je joins le geste à la parole : je me baisse, passe mon bras gauche derrière ses cuisses et la soulève en sac à patates sur mon épaule, et marche en direction de ma chambre. Elle rit à ne plus pouvoir s'arrêter, en me suppliant de la reposer par terre.

J'arrive dans ma chambre, je verrouille la porte, la pose sur le bord du lit. Je me retourne quelques secondes vers mon bureau, en pensant au véritable cadeau que je souhaite lui faire : ses fameux gloss. Où vais-je pouvoir trouver ça, et si rapidement ? Je me tourne à nouveau  vers ma blonde adorée, et c'est là que je remarque sa lingerie qui dépasse légèrement de son débardeur suite au porté improvisé : de la dentelle rouge. Il ne m'en faut pas plus.

L'illusion de l'espoirOù les histoires vivent. Découvrez maintenant